Côte d’Ivoire.
Les problèmes techniques
d’enregistrement des
électeurs
ralentissent le processus
et menacent
la tenue de
l’élection présidentielle
en mars 2010.
Une
décennie de chaos
Le coup
d’Etat du
24 décembre 1999
a ouvert
la plus grave crise politico-militaire
depuis
l’indépendance du pays,
une crise
aux conséquences
économiques et
sociales
incalculables. Coup d’Etat
militaire
du général Robert
Gueï le 24
décembre 1999, rébellion
armée
dirigée par Guillaume Soro,
lancée le 19
septembre 2002 et qui a conduit
à une
guerre civile
jusqu’en 2003, fin
du mandat
constitutionnel
du
président Laurent Gbagbo
en octobre 2005.
Et depuis,
après 6 reports, les Ivoiriens
sont
toujours dans
l’attente
d’élections présidentielle,
législatives et
municipales
censées ramener la
paix.
Une
longue
attente qui risque de se
prolonger encore.
Il semble
en effet
que le scrutin
soit menacé
d’un nouveau report. Des grèves
du personnel
judiciaire
ivoirien, des problèmes
techniques concernant les
listes
électorales et les fêtes
de fin d’année
risquent de
compromettre le respect de la nouvelle
échéance, à
soir début mars. Or,
ce scrutin
est crucial pour
tourner la page de la guerre
civile de 2002-2003,
à l’issue
de laquelle la
moitié du
pays est
resté aux mains d’insurgés
cherchant à
renverser le
président Laurent
Gbagbo. Une
grève de
deux semaines
du personnel
judiciaire a
entraîné des retards
dans les
tribunaux qui devaient se
prononcer
avant le 26 décembre
sur les contestations des
listes
électorales. Jusqu’à
présent, six millions
d’électeurs
ont été
enregistrés,
mais un
million d’inscriptions font
l’objet de contestations.
L’Onu a
indiqué
cette semaine
qu’un tiers des
cas
contestés avaient
été traités.
Les contestations portent
sur la
nationalité, une question
très
controversée qui a contribué
à alimenter
le différend au centre de la
guerre civile.
A
cela
s’ajoutent des problèmes
financiers.
Des responsables
chargés de dresser les
listes
électorales se sont
plaints de ne pas
avoir reçu
les fonds
nécessaires pour mener
leur tâche
dans les temps.
Certains
accusent le président
Laurent Gbagbo de faire
traîner les
choses pour prolonger son
mandat,
ce
dont il se
défend,
affirmant que les retards
sont techniques et
que l’on
est
maintenant dans les
temps.
Depuis
2005, les Ivoiriens
ne cessent
d’attendre
ce
rendez-vous historique,
mettant
tous les espoirs
sur cette
élection
censée mettre fin au
chaos. Il
reste donc
à savoir si
le scrutin aura lieu et
si, le cas
échéant, la Côte d’Ivoire
retrouvera la
paix.
Là,
les doutes
sont grands.
Le 24 décembre
1999, lorsque le
général à
la retraite, Robert
Gueï,
faisait son pronunciamiento
sur les
ondes d’une radio
privée
d’Abidjan, toute la Côte
d’Ivoire saluait « le coup
d’Etat du
père Noël ». Pour
l’opposant
historique de l’époque,
Laurent Gbagbo,
ce putsch
consacrait l’échec des
héritiers de
l’ancien
dirigeant Houphouët-Boigny
que sont
Henri Konan Bédié
et l’ancien
premier ministre
Alassane
Ouattara. Mais
très vite,
des convulsions politiques se
font jour. Le général
Gueï change de cap,
renonce à
son engagement de balayer la
maison et
de remettre la clef
du pouvoir,
comme il
l’avait
promis. Il
affiche
ouvertement son ambition de
confisquer le fauteuil
présidentiel. La suite relève
d’un feuilleton à
rebondissements. La
junte,
appuyée par son nouvel
allié, Laurent
Gbagbo,
organise au forceps un
référendum, le 23 juillet
2000, pour valider la
Constitution de la 2e République.
Celle-ci
reprend à son
compte et
durcit la
thèse politique de
l’ivoirité en
stipulant
que « tout candidat
à
l’élection présidentielle
doit être
né de père
et de mère
eux-mêmes ivoiriens et
qu’il ne
doit pas
s’être prévalu
d’une autre
nationalité ».
L’élection
présidentielle se déroulera
sans deux des
trois poids
lourds de la
politique
ivoirienne, Alassane
Ouattara et
Henri Konan Bédié.
Elle se
termine
dans le sang, avec la proclamation de la
victoire de Laurent
Gbagbo et
la fuite du
général
Gueï. Le nouveau président
avouera plus
tard en
décembre 2001, lors d’un
forum sur la
réconciliation
nationale,
que son élection
s’était
déroulée dans des «
conditions calamiteuses » et
que
l’article 35 de la Constitution
sur l’éligibilité
à la
présidentielle avait
été
introduit pour éliminer
Alassane
Ouattara. Ainsi
donc,
malgré le forum de
réconciliation et
l’ouverture
du gouvernement
à
l’opposition le 5 août
2002, le pays continue de s’enfoncer
dans la
crise. Le 19
septembre 2002, sous la
houlette de Guillaume
Soro, des
insurgés tentent de
prendre le
pouvoir. Après leur
échec,
ils
occupent le nord
du pays,
soit près de 60 %
du
territoire.
Aujourd’hui
premier ministre, après la
signature, le 4 mars 2007, de l’accord
politique
d’Ouagadougou, sous la
médiation
du président
du Burkina Faso,
Blaise
Compaoré, Soro
peine à
organiser
une élection
présidentielle
attendue par
tous comme
le sésame qui
mettra fin
à une
décennie de
chocs et de chaos en Côte d’Ivoire.
Abir
Taleb