Al-Ahram Hebdo, Afrique | L’impasse comme mot d’ordre
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 30 décembre 2009 au 5 janvier 2010 2009, numéro 799

 

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Afrique

Guinée. Le premier anniversaire de la prise du pouvoir par la junte militaire s’inscrit dans un contexte politique extrêmement tendu. Les promesses du dirigeant par intérim, le général Sékouba Konaté, de tenir des élections libres n’apaisent en rien la situation.

L’impasse comme mot d’ordre

Il y a tout juste un an, la junte militaire prenait le pouvoir par la force en Guinée, suite à la mort du président Lansana Conté, le 22 décembre 2008, après 24 ans à la tête du pays. Un premier anniversaire qui prend des allures sinistres. En effet, il intervient alors que l’impasse politique est totale. Impasse dans les négociations entre la junte et l’opposition. Impasse également en raison de l’attentat perpétré il y a plus de trois semaines contre le chef de la junte, Dadis Camara. Le capitaine Dadis Camara, actuellement hospitalisé au Maroc, se sentirait mieux et aurait manifesté le désir de revenir à Conakry. Pour de nombreux observateurs, dont le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, un éventuel retour risquerait de provoquer une guerre civile en Guinée. A cela s’ajoute une autre donne importante : un rapport de l’Onu, rendu public la semaine dernière, a établi l’implication formelle de Camara dans le massacre de civils perpétré le 28 septembre dernier dans le stade de Conakry. Le rapport accuse les plus hautes autorités guinéennes de crimes contre l’humanité. Il détaille les atrocités commises et donne un bilan d’au moins « 156 morts ou disparus » et d’au moins 109 femmes ou jeunes filles victimes de viols, de mutilations sexuelles et d’esclavage sexuel. Qui plus est, la commission d’enquête réclame la saisine de la Cour Pénale Internationale (CPI) et nomme plusieurs personnes de l’entourage direct de Dadis Camara, notamment le lieutenant Aboubacar Diakité, dit « Toumba », chef de la garde présidentielle au moment du massacre, comme présumés responsables, avec lui, de ces « crimes contre l’humanité ».

Véritable impasse donc pour la junte au pouvoir. Depuis que le patron est loin de Conakry, on se demandait ce qu’allait faire son intérimaire, le général Sékouba Konaté, dit « Le Tigre », et le ministre de la Défense. Face au danger qu’affronte le pays, Konaté a voulu faire preuve de modération, peut-être est-ce pour confirmer sa réputation d’homme plus conciliable que Dadis. Il a ainsi appelé au « pardon » et à « l’indispensable réconciliation » nationale près de trois mois après le massacre de Conakry. Mais il a surtout promis, lors d’un discours dans le principal camp militaire de la capitale Conakry, de tenir « le plus tôt possible les élections libres et démocratiques » jamais organisées en Guinée depuis les indépendances. Pour lui, il s’agit là d’une préoccupation de la junte et il a demandé aux partis politiques, à la société civile et à la communauté internationale d’accompagner en conséquence la Guinée pour l’atteinte de cet objectif. Il a insisté et martelé qu’organiser les élections demeure « notre mission et que rien ni personne ne pourra nous distraire ni nous éloigner de cet idéal ». Et de proclamer : « Nos élus se sentiront légitimes autant que nos institutions quand ils seront l’émanation du peuple. La Guinée a besoin de dirigeants légitimes et d’institutions fortes, tel est le tracé de notre lutte que nous avons initiée ensemble le 23 décembre 2008 ».

Promesses de démocratisation

Reste à savoir quand et comment ce scrutin sera organisé et qui en seront les candidats. La junte présentera-t-elle un candidat ou pas ? Le général Konaté n’a rien mentionné à cet effet. Avec le peu de chance d’un retour aux affaires de Dadis, le nouveau chef va-t-il se découvrir un destin présidentiel ou va-t-il respecter les engagements initiaux du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) à savoir organiser les élections et partir ? Pour l’instant, tout cela est encore vague et imprécis.

Au cours de cette année, après des promesses habituelles de démocratisation et de pouvoir « bientôt » rendu aux civils, d’arrêt de la corruption ou du trafic de drogue, les militaires n’ont eu de cesse en réalité de se servir du régime à leur profit, plongeant la Guinée dans le chaos. Comme souvent en Afrique, le contrôle du pouvoir se traduit par la mainmise d’une ethnie sur les ressources du pays. Le premier président Sékou Touré était Malinké et s’est entouré des siens pour asseoir son pouvoir de terreur. Lansana Conté, son successeur dans la dictature, n’a eu de cesse « d’épurer » l’administration pour placer des Soussous, son ethnie. Dadis Camara vient lui de la Guinée forestière et, derrière les barbelés de son camp Alpha Yaya Diallo à la sortie de Conakry, avait constitué une annexe présidentielle autour de son ethnie et de ses bérets rouges. Jusqu’à ce que son ami et aide de camp, Aboubacar Sidiki Diakité, tente de l’assassiner le 3 décembre.

D’autre part, l’argent est sans doute, comme souvent, le nerf de la guerre : détenir le pouvoir en Guinée signifie mettre la main sur le magot des ressources naturelles. La Guinée est en effet le deuxième producteur et le premier exportateur de bauxite au monde, avec les réserves les plus importantes. Mais la Guinée est aussi les diamants, l’or, le fer, le trafic de drogue et bientôt, au large, le pétrole.

Abir Taleb

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