Gaza.
Un an après l’offensive israélienne, les initiatives de
solidarité se multiplient. Deux convois internationaux
d’aide humanitaire tentent d’accéder par les frontières
égyptiennes à ce territoire sous blocus total depuis deux
années.
Viva
Palestina contre l’oubli
Les
activistes venus de tous bords et voulant manifester leur
solidarité avec les Palestiniens de Gaza tentaient d’obtenir
le feu vert pour traverser la frontière et pénétrer dans ce
bout de territoire coupé du monde. Ils se heurtent aux
autorités égyptiennes qui mettant en avant les engagements
politiques de l’Egypte et ses considérations sécuritaires.
Il s’agit de deux convois d’aide humanitaire. Le premier,
organisé par le célèbre député britannique George Galloway,
est bloqué au port jordanien d’Aqaba.
Opérant
sous le slogan Viva Palestina, ce convoi compte près de 500
activistes de diverses nationalités. Galloway essaye sans
grand succès de transiter par le port égyptien de Noueiba.
Son convoi compte environ 250 camions chargés d’aides
européennes, turques et arabes — de la nourriture et du
matériel médical. Le ministère des Affaires étrangères est
toutefois catégorique : « Pas d’entrée par Noueiba. L’entrée
peut seulement se faire par Al-Arich », sur la côte
méditerranéenne, a affirmé son porte-parole Hossam Zaki.
Pour entrer par Al-Arich, le convoi devra contourner la
péninsule du Sinaï et passer par le Canal de Suez avant
d’atteindre la côte méditerranéenne, un détour que les
organisateurs estiment onéreux.
L’autre
convoi d’aide humanitaire compte lui aussi plusieurs
centaines d’activistes. Il tente d’accéder à Gaza de
l’intérieur même de l’Egypte. Tout au long de la semaine
dernière, des centaines d’activistes ont commencé à
converger au Caire où ils attendent l’autorisation de
prendre l’autobus pour Gaza, via le poste frontalier de
Rafah. Il s’agit de 1 360 délégués originaires de 43 pays,
dont des diplomates, des artistes, des religieux et des
professionnels de tous bords. Ils souhaitent être à Gaza le
31 décembre pour y organiser une « marche pour la liberté »
commémorant le premier anniversaire de l’offensive militaire
israélienne contre ce territoire.
Le
convoi est formé de plusieurs autobus et d’un seul camion
chargé d’assistances d’une valeur de 100 000 dollars
collectés par les efforts personnels des activistes. Il
s’agit notamment de nourriture, de médicaments, de vêtements
et d’ordinateurs pour les écoles, destinés à ce territoire
soumis à un blocus israélien quasi-total depuis deux ans.
L’interdiction n’en fut pas moins catégorique : « Compte
tenu de la situation sensible dans ce territoire, l’Egypte
ne peut coopérer » à un tel projet, avait indiqué dans un
communiqué le ministère égyptien des Affaires étrangères. Le
ministère avait averti que « toute tentative de violation de
la loi et de l’ordre public par des organisations locales ou
internationales sera sanctionnée conformément à la loi ».
L’ancienne vice-présidente du Parlement européen, Louisa
Morgantini, a fait le déplacement au Caire pour participer à
cette manifestation. « C’est extrêmement important de
montrer au monde entier et aux Israéliens que le blocus
imposé à Gaza représente une punition collective et cause
beaucoup de souffrance aux habitants de ce territoire »,
affirme Mme Morgantini. Elle insiste qu’il ne s’agit pas de
soutenir le gouvernement en place à Gaza ni une partie
contre une autre. « La question humanitaire est primordiale,
la communauté internationale doit faire pression sur Israël
», ajoute la diplomate qui souhaite que les autorités
égyptiennes reconsidèrent leur position et « réalisent que
cette manifestation est en faveur de la paix et de la
réconciliation ».
« Nous
ne sommes pas venus en Egypte pour créer des problèmes ni
provoquer des conflits », écrivent les organisateurs de
cette marche dans une lettre ouverte au président Hosni
Moubarak et à son épouse en sa qualité de présidente du
Croissant-Rouge égyptien. Ils affirment être en contact
permanent avec le ministère égyptien des Affaires étrangères,
dans l’espoir d’obtenir une autorisation de traverser la
frontière vers Gaza.
« Nous
sommes traités avec respect par les officiels du ministère
avec lesquels nous discutons longuement. Ils ont été
honnêtes en reconnaissant les conditions difficiles qui
sévissent à Gaza », affirme pour sa part Ann Wright,
coordinatrice de cette manifestation de solidarité, connue
notamment pour être l’une de trois officiels du Département
d’Etat américain à avoir démissionné suite à l’invasion de
l’Iraq.
Ces
activistes qui ont essuyé un refus à la dernière minute
après six mois de préparation ne cachent pas leur déception.
« Ce que disent les officiels c’est que la décision
égyptienne fait partie d’un arrangement international et ce
que nous disons c’est que tous les pays qui font partie de
cet arrangement doivent le changer », souligne Mme Wright
qui insiste à son tour sur le caractère purement humanitaire
de l’initiative « de citoyens à des citoyens ». « Il faut
qu’on se rende là-bas pour voir de nos yeux la destruction
qu’a causée l’horrible offensive israélienne et témoigner
qu’un an après, la reconstruction n’a pas eu lieu »,
assure-t-elle.
Déterminés à rappeler au monde entier un drame oublié et ce,
indépendamment de la décision finale des autorités, les
membres de Gaza Freedom March se sont réunis dimanche au
bord du Nil où ils ont allumé des bougies en mémoire des 1
400 victimes palestiniennes tombées il y a un an, jour pour
jour, sous les bombes israéliennes.
Chérif Albert