Toutankhamon.
Pour exécuter un projet de conservation et de gestion de son
tombeau, l’Institut de conservation Getty (GCI) vient de
conclure un partenariat de cinq ans avec le Conseil Suprême
des Antiquités (CSA).
Le
jeune pharaon retrouvera son éclat
Les
visiteurs de la Vallée des rois, à Louqsor dans le sud de
l’Egypte, ne pourront pas désormais visiter le tombeau de
Toutankhamon, connu sous le nom de KV62. En fait, le Conseil
Suprême des Antiquités (CSA) et l’Institut de conservation
américain Getty (Getty Conservation Institute, GCI) ont
annoncé la semaine dernière le début de cinq ans de travaux
de restauration du tombeau du jeune pharaon dont la
sépulture est la plus connue de l’histoire égyptienne.
Depuis
sa découverte en 1922 par l’archéologue britannique Howard
Carter, l’étroit tombeau souterrain, avec ses quatre petites
pièces, son célèbre masque funéraire en or et ses
somptueuses peintures murales semble avoir souffert de son
ouverture au public. Ainsi, les observateurs ont constaté
l’apparition d’étranges taches brunes sur les peintures
murales. « Bien que KV62 soit le plus petit des tombeaux
royaux de la Vallée des rois, son contenu funéraire intact
est spectaculaire, il est d’une grande valeur historique et
culturelle. Ceci dit, on accorde une grande attention à sa
maintenance et à sa préservation afin qu’il reprenne sa
beauté d’antan », explique Sabri Abdel-Aziz, directeur du
département des antiquités égyptiennes au CSA.
« A
chaque fois que je vois le tombeau de Toutankhamon, je
m’interroge sur ces taches, qu’aucun scientifique n’est
capable d’expliquer », a déclaré Zahi Hawas, secrétaire
général du CSA. Et d’ajouter : « Aujourd’hui, je suis
heureux que l’Institut Getty puisse examiner le tombeau et
préserver sa magnifique décoration ».
Chaque
mois, des milliers de touristes visitent le tombeau
souterrain de Toutankhamon apportant chaleur et humidité,
probablement responsables de la dégradation de ce caveau
vieux de plus de 3 000 ans. Le pharaon est mort vers l’an
1323 av. J.-C., alors qu’il n’avait qu’une vingtaine
d’années.
Le
projet de restauration débutera par une période de recherche
de deux ans pour déterminer les causes des détériorations
observées. Puis suivront trois années de restauration
proprement dite. Le CSA n’a pas encore précisé pour quelle
durée le tombeau sera fermé au public.
« Le
projet suit une méthodologie fondée sur les valeurs de
conservation lorsque les valeurs historiques et artistiques
importantes exigent une décision de conservation et de
gestion immédiates », explique Tim Whalen, directeur de
l’institut américain GCI. Le projet est divisé en trois
phases. Au cours de la première phase, les travaux porteront
sur l’élaboration d’un registre précis de l’état du tombeau
et de ses peintures murales, l’analyse et le diagnostic des
causes de la détérioration du tombeau et la conception de
test et d’évaluation des interventions appropriées. Les
travaux qui seront menés durant cette phase requièrent un
minimum de deux ans pour les terminer, après quoi le CSA et
le GCI étudieront les résultats des recherches et
examineront les options pour les interventions relatives aux
plans d’avenir pour les visites à KV62, tel que déterminé
par le CSA. Un accord entre les deux organisations au sujet
d’un plan de conservation a proposé de conclure cette phase
et établir la base pour la phase suivante.
Les
deuxième et troisième phases seront menés simultanément sur
une période de trois ans. La deuxième phase se concentrera
sur la mise en œuvre du plan de conservation du tombeau et
ses peintures murales, et sur des documents de traitement
effectués. Le programme de surveillance à long terme de
l’état et de l’entretien de KV62, ainsi que les politiques
de la présentation et de l’interprétation, la fréquentation,
et d’autres utilisations du tombeau, seront mis en pratique
au cours de la troisième phase. Dans la phase finale, les
résultats du projet seront évalués et diffusés. Tout au long
du projet, les restaurateurs du CSA et le personnel suivront
une formation en matière de la conservation, de la science
et de la gestion du site. En fin de compte, le projet de
Toutankhamon fournira une étude de cas-modèle pour la
pratique de la conservation du côté ouest du Nil afin
d’améliorer les pratiques de conservation et de
connaissances au niveau régional.
Ce
projet de conservation du tombeau de Toutankhamon n’est pas
en fait la première collaboration entre le CSA et le GCI. Il
y a vingt ans, le GCI, basé à Los Angeles, a travaillé avec
ses collègues égyptiens et une équipe de conservation
internationale sur la conservation des peintures murales du
tombeau de la reine Néfertari, la reine du puissant
souverain Ramsès II. En outre, le GCI, travaillant en
collaboration avec les autorités égyptiennes, a conçu des
caissons pour exposer les momies au Musée égyptien du Caire.
Il a établi tout de même une étude de suivi environnemental
du grand Sphinx du plateau de Guiza. Actuellement, le GCI
collabore également avec le CSA pour le développement et la
mise en œuvre d’un plan de conservation et de gestion pour
la Vallée des reines.
« Notre
but final est de réaliser, avec nos collègues égyptiens, un
plan d’entretien et de conservation à long terme du plus
célèbre tombeau de la Vallée des rois pour servir de modèle
dans le domaine de la préservation des sites comparables »,
conclut le directeur de l’institut américain.
Dalia
Farouq