Al-Ahram Hebdo, Visages | Tammam Salam, Rassembler est sa mission
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 11 au 17 novembre 2009, numéro 792

 

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Visages

Fils de Saeb Beik Salam, figure de proue politique du siècle dernier, le député et ministre libanais de la Culture, Tammam Salam, s’attelle à la consolidation de l’harmonie des esprits et des cœurs.

Rassembler est sa mission

Le ministre libanais de la Culture, Tammam Salam, n’a pas eu le temps de chômer cette année. Il a même brillamment relevé les défis qui se présentaient à lui. Autour du beau, du divertissement et de l’art au sens pur du mot, ses activités se succèdent et ne se ressemblent pas. Au plus grand bonheur des Libanais, en dépit des différends politiques qui les divisent. L’année 2009 a connu un foisonnement d’idées et d’événements culturels et artistiques, à faire oublier au peuple libanais tous ces tiraillements politiques presqu’enfantins autour d’un portefeuille ou d’une personne. Il suffit que Beyrouth soit nommée par l’Unesco capitale mondiale du livre en 2009, que les VIes Jeux de la Francophonie se soient déroulés en grande pompe sur le territoire libanais, en septembre dernier, et que le 16e Salon du livre francophone s’y soit tenu du 23 octobre jusqu’au 1er novembre derniers, sur un grand espace réservé à ce genre d’événements grandioses, le Biel. Sans oublier les festivals de musique et de théâtre de cet été à Byblos, Baalbeck et Beiteddine.

Dans son luxueux bureau de Hamra (Beyrouth), il accueille ses visiteurs avec courtoisie et un sourire affable, faisant oublier tout le vacarme et les embouteillages de la ville à la mi-journée. Au premier abord, l’on est frappé par la simplicité et la spontanéité du ministre, illustre descendant d’une famille noble sunnite qui a joué un rôle prépondérant sous le règne des Ottomans et sous le mandat français. Saeb Beik Salam, son père, a marqué de son empreinte l’histoire politique libanaise au XXe siècle, siégeant quatre fois à la tête de l’exécutif entre 1952 et 1973. Son mandat était loin d’être pacifique. A la tête d’une rébellion en 1958 qui finit par l’adoption du fameux slogan « Ni vainqueur, ni vaincu » retenu jusqu’à nos jours. Il mena, en 1982, la médiation entre l’envoyé des Etats-Unis, Philippe Habib, et le chef de l’OLP à l’époque, Yasser Arafat. On lui doit la fondation, en 1945, de la compagnie aérienne civile libanaise, la MEA, et la présidence de la fondation caritative et éducative des Maqassed de 1952 à 1980. Aujourd’hui, c’est son fils Tammam qui assure la relève à la tête de cette institution. Mais il est aussi député de Beyrouth et ministre de la Culture depuis juillet 2008, date de la formation du gouvernement de l’Union nationale. Ce poste lui va d’ailleurs à merveille n’hésitant pas à réclamer « la performance du gouvernement, et non la composition, les chiffres ».

Personnalité modérée, il a réussi à rester à égale distance des différents partis impliqués dans la vie politique libanaise. Le pays du Cèdre, par exemple, s’est métamorphosé, transposant, l’espace de dix jours, le carnaval de Rio dans les rues de Beyrouth et des principales autres localités. A la grande joie du public de pouvoir goûter sur son sol à tout le plaisir qu’un carnaval de cette envergure peut procurer. Et puis, le Guinness Book n’a pas échappé aux Libanais. Les 24 et 25 octobre dernier, deux records y ont été enregistrés au centre-ville de Beyrouth, où les plats libanais de hommos et taboulé ont connu des dimensions plus qu’universelles méritant bien leur point d’honneur dans ce livre. En outre, un programme spécial a été conçu pour célébrer la participation libanaise à la proclamation d’Al-Qods, capitale de la culture arabe en 2009. « Organiser ces journées culturelles palestiniennes au Liban vise à mettre la lumière sur le rôle important de Jérusalem sur les plans religieux, historique et celui de la civilisation », a dit le ministre lors de l’inauguration de la semaine, le 8 octobre dernier. Et d’ajouter : « Il faut inciter la communauté internationale et les organisations arabes, internationales et civiles à promouvoir ce riche patrimoine culturel ».

Loin de la politique, le ministre évoque son enfance heureuse et chaleureuse, au sein d’une famille unie et très soudée. Il a vécu pleinement la vie familiale où les membres se réunissent autour de la table et discutent de tout. Et si jamais un terme ou un sujet compliqué était évoqué, « il fallait obligatoirement recourir au dictionnaire pour connaître son sens et signification, se remémore Tammam Salam. Depuis, j’ai pris cette habitude de me référer au dictionnaire », poursuit-il. Ses parents ? La mère, Mme Tamima, a choisi de transformer son domicile en « une véritable forteresse, face à la vie tumultueuse et mouvementée » de son mari. Le papa, Saeb, est « mon idole », lance Tammam, « un grand symbole de réalisations grandioses sur la voie de la construction et de la liberté, un symbole de courage, de sincérité, de compréhension et de culture ». Cette soif de la culture, il l’a acquise de son père.

A l’âge de 14 ans, Tammam ne lisait pas. Remarquant cela, le père choisit d’enfermer son fils dans sa chambre pendant les vacances d’été, l’obligeant à lire et à résumer trois livres de valeur : Pour qui sonne le glas de Hemingway, Le Bossu de Notre-Dame et Les Misérables de Victor Hugo. « Il a fait le bon choix. Depuis ce jour-là, la lecture est devenue non seulement un hobby, mais aussi un véritable plaisir, une passion », remarque le ministre. Du Lycée français à Beyrouth jusqu’aux études économiques en Angleterre, en passant par le Victoria College, à Maadi, en Egypte, c’est un brassage de langues et de cultures qu’il a su assimiler à la perfection. « Mais la principale école dans la vie reste la maison, surtout si les parents sont bien éduqués et si l’ambiance familiale chaleureuse y est reine », estime le ministre. « Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui où nous ne vivons pas dans une situation confortable. Mes enfants sont à l’étranger, c’est un déchirement social qui s’impose malgré nous », poursuit-il avec résignation. La solution, à son avis, est, avant tout et par-dessus tout, la paix et la stabilité du pays, « pour que nos enfants puissent retourner au bercail ». La consolation réside dans la femme, son épouse Lama Badreddine. « La femme occupe une grande place dans ma vie personnelle. Elle joue un rôle très important dans la vie privée et sociale », dit le ministre. Avec ses trois enfants, Saeb, Tamima et Soraya, il s’estime un père et un mari heureux et en paix avec lui-même.

Elève au sein d’une famille plus que sportive, Tammam pratique depuis son jeune âge l’équitation, la natation et bien d’autres disciplines encore dans un climat d’union et de respect d’autrui. Tous les problèmes de la région constituent pour lui une priorité. « Entre la dictature de Saddam et l’impérialisme américain, c’est le peuple iraqien qui paie le prix, et cela se reflète sur tous les pays de la région », remarque Tammam Salam. Il ajoute : « La cause palestinienne représente une lutte qui date de près d’un siècle. Le sionisme prône un Etat religieux au détriment des Palestiniens. Malheureusement, la solution tarde à venir malgré les démarches de paix appuyées par les pays arabes ». Tammam Salam a une affection particulière pour l’Egypte, « ce pays d’Histoire, de grandeur, le rôle influent qu’il joue dans la région. Je m’attends à ce que l’Egypte exerce pleinement son rôle de leader au sein des pays arabes. Elle en a le poids et les moyens », dit-il.

Quant à ses activités culturelles, « nous les suivons de près. L’antiquité, l’histoire, les traditionnels et immortels Taha Hussein, Naguib Mahfouz ainsi que les contemporains Aswani et beaucoup d’autres » qui reflètent la belle image de ce grand pays. Le rêve arabe ainsi évoqué, il fallait en fin de compte retourner au pays et penser à ses problèmes. Le ministre a bien le droit de rêver de son Liban, un « Liban géré et mené par la jeunesse. Celle-ci doit relever tous les défis et prendre le pays en main. Sinon, nous n’aurons qu’un pays de retraités », pense-t-il tout haut. « Oui, les jeunes doivent être plus courageux, plus audacieux dans leur mouvement. La vigueur des Libanais, leur rage de vivre, leur dynamisme à toute épreuve et cet enthousiasme qui leur est propre doivent les guider dans cette mission. Car la liberté s’acquiert, elle n’est pas gratuite ». Ainsi parle Tammam Salam, lançant un appel à l’acquisition de la liberté comme l’avait précédé son père, Saeb Beik. Mais chacun à sa manière.

Mireille Bouabjian

 

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Jalons

13 mai 1945 : Naissance à Beyrouth.

1963 : Etudes d’économie en Angleterre.

1978 : Elu président de la Fondation Saeb Salam pour la culture et l’enseignement supérieur.

1982 : Elu à la tête de l’association caritative Al-Maqassed.

1996 : Député de Beyrouth.

Depuis juillet 2008 : Nommé ministre de la Culture.

Mai 2009 : Député de Beyrouth.

 




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