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Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 11 au 17 novembre 2009, numéro 792

 

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Assistant du ministre égyptien des Affaires étrangères pour les affaires arabes, Abdel-Rahman Salah évoque l’action du Caire envers la question palestinienne, les rapports avec l’Iraq ainsi qu’avec l’Iran.

« Israël doit cesser ses politiques de changement de la réalité sur le terrain »

Al-Ahram Hebdo : Les colons israéliens tentent régulièrement de pénétrer sur l’Esplanade des mosquées, donnant lieu à des affrontements entre Palestiniens et Israéliens. Que cherche Israël par ces provocations à Jérusalem ?

Abdel-Rahman Salah : Le problème principal dans toutes les politiques israéliennes dans les territoires occupés est qu’elles essayent de modifier la situation sur le terrain pour prédéterminer le résultat des négociations. Ce qui rend plus difficile l’aboutissement de la solution sur laquelle toutes les parties sont d’accord, à savoir la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale. Sur le terrain, la construction des colonies se poursuit. Il y a aussi la construction du mur à l’intérieur des terres palestiniennes de 1967. La politique de judaïsation de Jérusalem consiste non seulement à construire des colonies à l’intérieur de Jérusalem-Est, mais aussi à exproprier des terres palestiniennes, à empêcher des Palestiniens d’obtenir des permis de construction ou des permis pour réparer les maisons détériorées, à fermer des institutions palestiniennes à Jérusalem-Est comme la maison d’Orient. Toutes ces mesures ont pour objectif de judaïser Jérusalem-Est et de rendre plus difficile la solution de deux Etats avec Jérusalem-Est comme capitale d’un Etat palestinien.

– Les Palestiniens se plaignent de l’absence d’un rôle arabe face à la judaïsation de Jérusalem. Que fait l’Egypte pour faire face à cette politique israélienne ?

– L’Egypte agit sur plusieurs niveaux. Au niveau bilatéral avec Israël via notre traité de paix, nous disons à Israël que ce sont des mesures graves qui ont des répercussions négatives sur toute opportunité de paix et sur les chances d’Israël d’être accepté dans la région dans le futur. L’Egypte poursuit également ses contacts bilatéraux avec les Etats-Unis à ce sujet. Notre position est qu’une des conditions de la reprise des négociations (israélo-palestiniennes) est l’arrêt de toutes les mesures qui cherchent à modifier la réalité sur le terrain : la construction des colonies et toutes les mesures qui portent sur la judaïsation de Jérusalem. L’Egypte pense que, sans l’arrêt de ces mesures, les négociations n’auront ni sens ni but. Si nous sommes tous d’accord que le but est l’établissement de deux Etats indépendants, l’un palestinien et l’autre israélien, alors ce qui se passe rend ce but impossible. Cette position est mise en avant avec les Etats-Unis, avec l’Union européenne et avec la Russie. Il y a enfin le niveau multilatéral, où l’Egypte agit avec le groupe arabe dans le cadre de l’Organisation de la conférence islamique et du groupe des non-alignés que l’Egypte préside. Là, le langage est le même : l’opposition à la politique israélienne grave et catastrophique dans les territoires occupés, Jérusalem inclus.

Nous sentons que la période qui vient est très importante et nécessite une unité arabe. Il y a une opportunité pour poursuivre le processus de paix si les efforts américains parviennent à mettre fin aux politiques israéliennes. Mais les efforts américains ne réussiront pas tous seuls, mais seulement avec une position arabe unie qui suivra la position égyptienne que j’ai mentionnée.

– Justement, comment faire évoluer la coopération interarabe ?

– Il existe de nombreux domaines pour développer la coopération interarabe. Dans le domaine politique, pour résoudre les questions d’intérêt commun, comme le retour des territoires arabes occupés par Israël, la paix au Proche-Orient, éviter une course nucléaire dans la région … Il y a également la coopération économique, le libre-échange et les investissements entre les pays arabes. Le sommet économique au Koweït, qui a eu lieu en janvier dernier, était une initiative commune koweïto-égyptienne. D’ailleurs, c’est l’Egypte qui accueillera le prochain sommet. Ce dernier sera une opportunité pour examiner toutes ces chances de coopération. Il y a également une nécessité de développer la coopération culturelle et le domaine de l’éducation. Surtout qu’il y a 60 millions d’Arabes illettrés dont les deux-tiers sont des femmes. Les universités dans le monde arabe ont besoin de centres de recherche sur la technologie moderne. Notre rêve est qu’il y ait un centre arabe spécialisé dans le développement et la formation dans les domaines scientifiques et qui ferait appel aux cerveaux immigrés à l’étranger, dont nombreux sont des Egyptiens. L’Egypte sera heureuse d’accueillir un tel centre.

– Qu’en est-il des relations bilatérales entre l’Egypte et l’Iraq ?

- Un comité mixte s’est réuni les 2 et 3 novembre sous la présidence des ministres des Affaires étrangères des deux pays et en présence de 7 ministres iraqiens. Ils ont signé plusieurs mémorandums d’entente et accords de coopération portant notamment sur la sécurité, l’énergie, le pétrole, l’agriculture, l’éducation supérieure, la santé, l’environnement, l’investissement et l’industrie. L’ambassadeur égyptien a commencé samedi dernier son travail à Bagdad, et cela représente une nouvelle page dans les relations égypto-iraqiennes. Deux délégations iraqiennes, l’une du ministère des Affaires étrangères et l’autre de celui des Finances viendront prochainement en Egypte pour examiner la question de l’argent dû aux travailleurs égyptiens en Iraq.

D’autre part, nous avons formé des forces de la police iraqienne. Ceci s’est fait au niveau bilatéral, mais aussi en coopération avec l’UE et les Etats-Unis. Nous formons des cadres iraqiens dans tous les secteurs, diplomatie, justice, agriculture, culture, santé, irrigation, statistique et technologie informatique …, etc. La coopération sécuritaire entre les deux pays existe dans le domaine de l’antiterrorisme.

– Pourquoi n’ y a-t-il pas de médiation égyptienne ou arabe entre le gouvernement et les parties iraqiennes ?

– L’Egypte mène une politique de principe : elle aide les pays arabes à maintenir leur stabilité et leur développement, mais sans intervention dans leurs affaires intérieures. Toute mesure ou démarche qui est entreprise dans les pays arabes est toujours faite à la demande du gouvernement du pays concerné. Partant de ce principe, l’Egypte aide le gouvernement iraqien par tous les moyens possibles, entre autres, l’encourageant un dialogue politique et pacifique à l’intérieur de l’Iraq et l’élargissement du processus politique iraqien pour inclure toutes les factions. Autrement dit, il importe à l’Egypte que le gouvernement iraqien soit stable et représente la volonté politique de la société iraqienne, mais l’Egypte ne va intervenir ni dans les affaires internes, ni dans le processus politique en Iraq.

– Pourquoi n’y a-t-il pas d’amélioration dans les relations avec l’Iran ?

– Nous avons des demandes spécifiques que connaissent bien les Iraniens pour aboutir à un développement positif dans les relations entre les deux pays. Le plus important étant que la politique iranienne cesse d’exploiter des problèmes arabes pour gagner des points dans ses négociations avec l’Occident sur le dossier nucléaire. Ils doivent arrêter d’utiliser nos problèmes comme la Palestine, le Liban et autres. Deuxièmement, ils doivent mettre fin à leur ingérence dans les affaires internes arabes. Troisièmement, ils doivent prendre des positions positives pour aider à aboutir à la paix. S’ils font ces trois choses, il n’y a pas de doute que l’Iran est un pays important dans la région, nous n’ignorons pas cela.

– Qu’en est-il du dossier nucléaire iranien ?

– Nous avons déclaré à maintes reprises que la non-prolifération nucléaire doit se produire sur une base régionale sans discrimination. C’est pour cela que nous avons demandé l’établissement d’une zone non nucléaire au Moyen-Orient. Et mettre fin à toutes les activités nucléaires qui ne sont pas sujets à des inspections directes de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Cela ne s’applique pas seulement à l’Iran, mais également à Israël. Nous pensons que n’importe quelle politique qui interdit la prolifération, mais qui fait des exceptions, est une politique qui ne réussira pas à arrêter la prolifération. Au contraire, elle mènera à davantage de prolifération dont nous ne pourrons pas contrôler les résultats. Car cela fera apparaître de nouveaux Etats nucléaires, et encouragera d’autres également à poursuivre sur cette voie, non seulement des Etats, mais également des groupes et des organisations qui pourraient bien être des organisations terroristes. Nous remarquons une certaine acceptation de cette position.

– De la part de qui ?

– Nous sommes bien sûr soutenus par de nombreux pays en voie de développement, des pays non-alignés, mais nous commençons maintenant à voir une certaine acceptation de la part des puissances nucléaires. Les Etats-Unis ont déclaré qu’ils soutiennent les efforts de non-prolifération, qui devraient concerner tous les pays. Il y a également des propositions égyptiennes qui vont être présentées à la conférence de la révision de la non-prolifération nucléaire qui se réunira l’année prochaine. Ces propositions concernent l’application des recommandations issues de la précédente conférence de la révision et qui appellent à la création d’une zone non nucléaire au Moyen-Orient. Ce sera un moyen d’évaluer le niveau d’acceptation de cette proposition des puissances nucléaires. Enfin, nous confirmons le droit de tous les pays non nucléaires, dont l’Egypte, qui ont choisi d’abandonner le droit au développement des armes nucléaires et qui ont rejoint le traité de non-prolifération nucléaire, d’utiliser et de développer la technologie nucléaire à des fins civiles, ce qui est d’ailleurs stipulé par le traité. Ce droit ne doit pas être sujet à des restrictions supplémentaires, qui viennent s’ajouter à celles déjà citées par le traité, alors qu’il soit permis en même temps à d’autres pays de posséder des armes nucléaires.

Propos recueillis par Héba Zaghloul

 




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