Madagascar.
Les quatre chefs de file des mouvances politiques malgaches
ont signé un accord sur la constitution d’un gouvernement
d’union nationale pour la période de transition qui
doit aboutir à des élections générales fin 2010.
Le
partage des mouvances
Après
dix mois de crise politique qui paralyse le pays, les
principaux dirigeants politiques malgaches ont signé, samedi,
à Addis Abeba, un accord sur le partage du pouvoir pendant
la transition qui doit conduire le pays à des élections
générales fin 2010.
L’actuel
homme fort de Madagascar, Andry Rajoelina, le président
déchu Marc Ravalomanana et les anciens présidents Didier
Ratsiraka et Albert Zafy ont signé l’accord considéré comme
« l’acte additionnel » aux accords de Maputo signés le 9
août sous l’égide de la médiation de l’Union Africaine (UA).
« Les chefs de file des mouvances sont parvenus à un accord
pour la mise en œuvre de la charte de la transition malgache
définie à Maputo le 9 août », a annoncé Tiébilé Dramé,
représentant de l’Onu. Selon ce dernier, ils se sont
entendus sur la direction des institutions de transition, y
compris la présidence, et sur une clé de répartition au sein
du gouvernement et des autres institutions.
Selon
les termes de cet accord, Andry Rajoelina, qui a pris le
pouvoir en mars, restera président, mais il aura deux co-présidents.
« Cela a été décidé et accepté par les dirigeants des quatre
mouvances, et aussi par le président de transition », a
annoncé Rajoelina. Aussi, l’accord permettra à Ravalomanana,
qui vit en exil en Afrique du Sud, d’installer un proche
allié comme co-président et prévoit la levée des poursuites
dont il fait l’objet pour abus de pouvoir, ce qui pourrait
permettre son retour d’exil. Selon l’accord, il s’agit d’un
président consensuel, deux co-présidents consensuels, un
premier ministre de consensus et un gouvernement d’union
nationale. Et, d’après une source proche des négociateurs,
toutes les décisions futures devront être signées par les
trois dirigeants.
Dans un
premier temps, Ravalomanana avait accepté, au terme d’un
premier accord de partage du pouvoir conclu à Maputo en août,
de ne pas jouer un rôle direct dans le gouvernement
transitoire, mais il refusait que Rajoelina monopolise le
sommet de l’Etat.
Cependant, les négociations ont été acharnées sur
l’attribution des ministères, avant que, finalement, les
quatre rivaux ne signent l’accord. Sur les 31 postes
ministériels, un désaccord subsiste sur celui de la Justice,
réclamé par la mouvance Ravalomanana et par M. Rajoelina,
ont indiqué des participants. « L’attribution du ministère
de la Justice à une mouvance sera décidé au niveau du
Conseil présidentiel », a expliqué un membre de la médiation.
Andry
Rajoelina est confirmé comme président de la Transition et
les deux co-présidences reviennent aux mouvances de MM.
Ravalomanana et Zafy. La mouvance de M. Ratsiraka conserve
le poste de premier ministre.
Le
président et les deux co-présidents « doivent se réunir en
conseil une fois par semaine pour examiner l’état de la
nation et faire prendre par le Conseil des ministres les
décisions nécessaires pour gérer la transition. Les co-présidents
doivent contresigner les actes pris par le président », a
précisé M. Dramé. « Il y a un accord sur l’exercice
solidaire du pouvoir exécutif », a confirmé le commissaire
de paix et de sécurité de l’Union africaine Ramtane Lamamra,
jugeant que « l’accord symbolise l’esprit de consensus, la
volonté des parties malgaches de travailler ensemble pendant
la transition ». En notant que cette acceptation a marqué le
tournant dans les négociations pour dépasser le blocage,
ajoutant que « même une monstruosité juridique peut
représenter une solution, une sortie de crise ».
Satisfait de cet accord qui correspond à ses attentes, M.
Ravalomanana a souligné que M. Rajoelina « n’est pas le
chef, il y a les co-présidents, donc, il n’a pas le pouvoir
total par exemple de signer des actes ou des contrats ». M.
Rajoelina, plus tôt, avait cependant estimé qu’il ne
s’agissait que d’une question de terminologie. « Il y avait
normalement (selon les accords de Maputo) un vice-président.
Maintenant, au lieu d’un vice-président, il y en aura deux.
C’est juste l’appellation qui change », a-t-il estimé. Les
différends sont donc loin d’être finis.
Maha
Salem