Al-Ahram Hebdo,Invité | Jawad Kazem Al-Boulani, « Les frontières avec nos voisins menacent la sécurité de l’Iraq »
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 21 au 26 octobre 2009, numéro 789

 

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Invité

Le ministre iraqien de l’Intérieur, Jawad Kazem Al-Boulani, a assisté du 10 au 14 octobre à Charm Al-Cheikh à la 6e Réunion des pays voisins de l’Iraq (voir la page 8). Il s’exprime sur les problèmes de sécurité avec la Syrie, l’Iran et la Turquie ainsi que sur la coopération avec l’Egypte.

« Les frontières avec nos voisins
 menacent la sécurité de l’Iraq »

Al-Ahram Hebdo : C’est la 6e Réunion des ministres de l’Intérieur des pays voisins de l’Iraq à laquelle assiste le gouvernement de Bagdad. Quel bilan faites-vous de ces réunions concernant la sécurité de l’Iraq ?

Jawad Al-Boulani : Ce genre de réunion nous aide à créer un canal de discussion avec tous les pays voisins. A travers les rencontres avec les ministres de l’Intérieur, on arrive à activer les mécanismes sécuritaires dont le niveau d’application n’est pas suffisamment actif ou efficace. Elles nous aident aussi à régler les divergences entre les différents pays, surtout en ce qui concerne la sécurité. Mais il faut dire que les efforts sécuritaires ont toujours besoin de décisions politiques au niveau des régimes de chaque pays, c’est-à-dire que le pays qui veut aider l’Iraq dans le domaine de la sécurité doit avoir au début la même volonté au niveau de son régime. Et si on arrive à réunir la décision sécuritaire et la décision politique, on pourra lutter efficacement contre n’importe quel danger et on pourra développer les mécanismes exécutifs de notre action.

— Le gouvernement iraqien accuse la Syrie de laisser passer des terroristes et des armes à travers les frontières communes. Avez-vous des preuves pour étayer cette accusation ?

— Ce genre de problème nous l’affrontons depuis 2003. Après l’effondrement de l’ancien régime, les terroristes s’infiltraient à travers les frontières des 6 pays voisins. Mais la majorité venait de la Syrie, où des groupes et des personnes offrent des facilités et du soutien à ces terroristes. Nous avons toujours demandé l’extradition de ces personnes. Actuellement, la situation s’est beaucoup améliorée, surtout après les grands efforts effectués par les forces iraqiennes afin de sécuriser les frontières et les efforts de la Syrie qui a établi des points de contrôle et a fermé plusieurs tunnels de contrebande. Nous continuons la coordination avec Damas. Mais il faut dire que le dossier des frontières avec tous les pays voisins reste ouvert. Il touche non seulement la sécurité de l’Iraq, mais aussi celle de tous les pays voisins.

— Mais l’Iraq a accusé la Syrie clairement d’avoir accueilli, sur son territoire, les auteurs de l’attentat meurtrier qui a eu lieu récemment devant les ministères des Affaires étrangères et des Finances dans la zone verte ultra-sécurisée, provoquant des dizaines de morts et de blessés ...

— L’Iraq n’a pas adressé d’accusation directe au régime syrien, mais il y avait des preuves et des témoins qui indiquaient que les auteurs de cette explosion résidaient en Syrie. Nous n’avons pas accusé l’Etat syrien, mais les personnes qui utilisent le territoire syrien et nous avons des preuves qui affirment ce que nous avançons.

— Pourquoi les autorités iraqiennes ne redoublent-elles pas d’efforts pour sécuriser les frontières au lieu d’imputer la responsabilité aux pays voisins ?

— C’est ce qu’on a déjà fait, mais une question comme le terrorisme ne se résume pas en une question de frontières. Pour y faire face, il faut conjuguer les efforts politiques et sécuritaires.

— L’Iraq fait également l’objet de problèmes sécuritaires provenant de l’Iran voisin. Cependant, Bagdad utilise un langage plus conciliant vis-à-vis de Téhéran. Pourquoi ?

— Ce n’est pas vrai. Notre comportement est le même avec les deux pays. Par exemple, lors des explosions de Bassorah, nous avons accusé et dénoncé l’Iran, car il avait joué un rôle dans le financement et le soutien des milices et dans l’infiltration des armes. Mais les circonstances de 2005 et 2006 sont différentes de la situation actuelle. Celle-ci s’est améliorée et nos organismes sont plus performants qu’avant, car nous sommes capables de faire face aux infiltrations à travers les frontières. Mais je répète que nous avons toujours besoin de l’aide des pays voisins.

— Les problèmes de l’Iraq avec son voisin iranien ne concernent pas seulement les frontières, mais également le fait que la République islamique s’immisce dans les affaires intérieures de l’Iraq. Qu’en pensez-vous ?

— Moi je ne parle que du niveau sécuritaire. Il faut toutefois admettre que les pays qui veulent vraiment aider l’Iraq ne doivent pas s’ingérer dans ses affaires intérieures. Il existe une ingérence politique et sécuritaire iranienne dans les affaires de l’Iraq, mais on souhaite que personne ne se mêle de nos affaires ni soutienne une partie contre une autre.

— L’Iraq souffre d’empiétements réguliers de la Turquie sur sa souveraineté à travers ses incursions militaires dans le nord du pays contre les militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Que faites-vous pour mettre un terme à ces violations ?

— C’est vrai que la Turquie intervient militairement dans le Kurdistan iraqien. Nous œuvrons à remédier à cette situation et travaillons pour prévenir ses agissements après la conclusion d’un accord stratégique avec la Turquie. Je pense que l’amélioration des relations entre l’Iraq et ses voisins doit être basée sur le respect de l’Etat et des frontières de l’Iraq.

— Vous parlez des problèmes sécuritaires de l’Iraq avec ses voisins d’une façon très diplomatique ...

— Peut-être, mais je dis la vérité et je ne l’embellis pas, même si je parle seulement des relations sécuritaires et pas politiques avec nos voisins. Aussi, j’ai appris après une longue expérience que les déclarations incendiaires ne mènent qu’à nuire aux relations de l’Iraq avec ses voisins.

— Comment expliquez-vous la participation de l’Egypte aux conférences de l’Iraq avec ses voisins alors qu’elle ne fait pas partie géographiquement des pays limitrophes ?

— L’Egypte est toujours présente dans les réunions qui concernent l’Iraq pour lui apporter le soutien nécessaire, non pas dans le domaine de la sécurité seulement, mais aussi dans les différents domaines de la vie. Cette participation reflète la volonté des services de sécurité, voire du gouvernement égyptien à développer la coopération bilatérale. En outre, l’Egypte a un poids aux niveaux arabe et régional que tous les participants respectent.

— Quel type de coopération sécuritaire entretient l’Iraq avec l’Egypte ?

— Il existe un mémorandum d’entente et un protocole entre les deux pays, et l’Egypte continue à former des forces de sécurité iraqiennes.

— Les auteurs des actes de violence en Iraq soutiennent que leurs actions se justifient par la présence des troupes américaines dans le pays. Qu’en dites-vous ?

— C’est un mensonge utilisé par les terroristes qui essaient d’empêcher les efforts de reconstruction de l’Etat et de retarder le développement de ses institutions. Ce mensonge n’a plus de raison d’être. L’Iraq a réussi à signer un accord équilibré avec les forces américaines et à transférer le dossier de la sécurité aux mains des forces iraqiennes. Malgré cela, ces terroristes ne cessent de répandre des mensonges. Et c’est toujours l’Iraqien innocent qui paye le prix.

— L’Iraq prépare actuellement les élections législatives qui auront lieu en janvier prochain. Etes-vous confiant dans la bonne organisation de cette consultation cruciale pour l’avenir politique du pays ?

— On a déjà prouvé notre réussite durant les élections municipales. L’Iraq est aussi prêt pour les élections législatives, car la situation dans le pays va de mieux en mieux.

Propos recueillis par Chérine Abdel-Azim

 




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