Qu’attendons-nous d’Obama ?

Salama A. Salama

Le dernier sprint vers la Maison Blanche face à McCaen ne sera pas une partie de plaisir pour Barack Obama qui a battu Hillary aux élections préliminaires.

D’autant plus si nous prenons en compte que les présidentielles américaines ne se déroulent pas selon le scrutin individuel indirect, mais selon un système propre au régime politique des Etats-Unis, celui de la convention électorale. Et d’ici novembre, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts. De nombreux changements seront survenus, que ce soit en ce qui concerne les conditions économiques américaines, les conjonctures en Iraq ou la position envers l’Iran.

La bataille électorale entre Obama et Hillary, qui a duré plus d’un an, a suscité l’intérêt du monde entier, surtout dans notre région arabe qui entend parler des élections, mais qui n’en connaît rien. Ces élections ont dévoilé de nombreux paradoxes reflétant un conflit entre l’ancien et le nouveau dans la société américaine. Un conflit entre le racisme contre les Noirs, reflété par ce qui s’est passé avec le premier candidat noir d’origine africaine musulmane et entre l’intégration d’éléments arrivants. Ces tendances se sont révélées il y a huit ans par la coalition, entre la droite religieuse et les nouveaux conservateurs, qui a soutenu Bush.

Obama a adopté le slogan du changement qui a attiré de nombreux Américains exaspérés par la stupidité des politiques adoptées par Bush. Cependant, ceci ne l’a pas empêché de recourir aux mêmes procédés utilisés par les politiciens américains pour s’attirer la sympathie des groupes de pression avec en tête le lobby sioniste. En effet, il s’est empressé de promettre au lobby américain le plus fort, le plus organisé et le plus influent qu’il n’abandonnerait pas la sécurité d’Israël dont la capitale demeurera Jérusalem. Obama s’est ainsi écarté de toute appartenance qui le placerait à proximité de ses origines africo-musulmanes ou même de toute éventualité de négocier avec le Hamas ou l’Iran. Ce sont là des tendances qui flattent le lobby sioniste.

Les Arabes seraient naïfs de porter des espoirs sur la nouvelle Administration d’Obama. Car malgré leurs comptes en banque et leur pétrole et malgré l’intensité des intérêts américains au Moyen-Orient, ils ne possèdent pas les outils d’influencer la politique américaine. Ils ne peuvent pas non plus prétendre, comme le prétend Israël, posséder une démocratie et des valeurs impliquant le respect. De plus, ils ne déploient pas le moindre effort pour se heurter aux candidats américains bien qu’il existe des éléments arabes actifs dans les rangs des deux partis. Le maximum qu’ils peuvent faire est de financer clandestinement la campagne de tel ou tel candidat. Or, c’est là un procédé idiot qui n’a aucun rendement politique .