Des noms arabes qui brillent de mille feux
Mohamed Salmawy
Savez-vous
que l’un des plus importants noms du mondEditoen Hady
Soliman, qui travaille pour la maison Christian Dior ?
Savez-vous que l’un des danseurs les plus célèbres en
Belgique est le chorégraphe marocain Sidi Al-Arabi Al-Charqawi
? Savez-vous que l’Egyptien Karim Rachid est l’un des noms
émergents dans le domaine du design ?
Connaissez-vous l’Egyptienne Ghada Amer et la Palestinienne
Mona Hattoum ? Il s’agit là de deux grands noms dans le
domaine des arts plastiques de par le monde. Les tableaux de
chacune d’elles sont devenus des acquisitions des grands
musées en Europe et en Amérique. N’oublions pas de
mentionner dans ce contexte Zaha Hadid, l’Iraqienne qui est
considérée comme l’un des 5 plus grands noms du monde de
l’architecture avec Norman Foster le Britannique et Jean
Nouvel, le Français.
Dans le domaine de la comédie, l’un des plus importants noms
aujourd’hui aux Etats-Unis n’est autre que le jeune Egyptien
Ahmad Ahmad qui présente des sketchs impressionnants. Il
tourne en dérision le traitement que subissent les Arabes et
les musulmans aux Etats-Unis, au lendemain des événements du
11 septembre. Il réussit à travers ces sketchs à amener les
Américains à se moquer d’eux-mêmes et de leur manière d’agir
vis-à-vis des personnes originaires du Moyen-Orient.
Ces
exemples arabes brillants reflètent une image totalement
différente de l’image négative et figée qu’on a des Arabes
en Occident et qu’on décrit comme des salafistes et des
fidèles d’une religion de violence et de terrorisme.
D’ailleurs, ces exemples ne sont pas nouveaux, d’autant que
l’Occident a connu tout au long de son histoire des noms
arabes éminents, que nous n’avons pas contribué à mettre en
exergue ni à appuyer. A titre d’exemple, la candidature de
la romancière égyptienne Ahdaf Soweif a été présentée pour
le prix Booker, l’un des plus prestigieux prix britanniques
pour la littérature. Alors que le Marocain Taher Bin Jelloun
a effectivement été lauréat du prestigieux prix français de
littérature Goncourt. D’ailleurs, l’Algérienne Assia Djabar
a été proposée pour devenir lauréate du même prix l’année
dernière. Et bien avant, nous avions deux grands noms
égyptiens du monde du roman, à savoir André Chédid et Albert
Cossery en France, et Wagih Ghali en Angleterre. Alors que
les Etats-Unis, de leur côté, séduits par Gobran Khalil
Gobran, viennent de redécouvrir et de mettre en lumière
aujourd’hui le nom d’une photographe qui avait une large
renommée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle,
à savoir l’Algérienne Zayda Bin Youssef. D’ailleurs, on
prépare une rétrospective aujourd’hui dans le National
Portrait Gallery, à Washington, l’une des importantes salles
d’exposition. Zayda Bin Youssef était la propriétaire d’un
studio privé situé dans l’une des plus importantes rues de
New York, la Cinquième Avenue. Ce n’était pas uniquement une
photographe traditionnelle, mais elle s’est forgé un style à
part, lorsqu’elle a favorisé pour ses photos l’usage de la
lumière d’une manière artistique qui s’approche beaucoup des
peintures à l’huile des grands artistes.
Elle
a également changé de manière drastique les arrière-plans de
ses photos. Elle y mettait des éléments de la culture
orientale, tels que les tapis, les rideaux, ou bien des
nappes aux broderies orientales. Elle a également
intentionnellement changé la position de la personne prise
en photos, de manière à ce qu’elle ne soit pas assise
regardant la caméra comme c’était l’habitude dans les photos
traditionnelles. Bien que la renommée de Zayda Bin Youssef
ait été d’une grande ampleur à la fin du XIXe siècle et
jusqu’à sa mort en 1933, il n’en demeure pas moins qu’elle
est tombée dans l’oubli durant plus de 100 ans, jusqu’à sa
redécouverte. On lui a dédié cette exposition qui a lieu
actuellement à Washington, afin de commémorer la mémoire de
cette talentueuse photographe d’origine arabe, et dont le
studio privé était l’un des plus renommés de New York à
l’époque. Elle a d’ailleurs pris en photo des personnalités,
telles que le président américain Theodore Roosevelt et la
grande romancière Edith Wharton. Zayda Bin Youssef a
également travaillé comme porte-parole officiel de l’une des
plus grandes compagnies de photographie américaine, à savoir
Kodac.
L’un des plus importants aspects de la vie de cette femme
algérienne, que nous ne connaissons pas dans notre monde
arabe, est qu’elle a symbolisé l’exemple de la femme
américaine progressiste et a détruit les stéréotypes des
rôles traditionnels de la femme dans la vie américaine.
D’autant qu’elle a conquis un domaine qui était du monopole
des hommes et elle y a excellé de manière remarquable.
Pour terminer, elle contribue avec tous les noms que nous
avons évoqués dans cet article et ceux que nous n’avons pas
cités à présenter une image honorable du citoyen arabe. Une
image qui efface celle qui prévaut aujourd’hui en Occident.
A notre tour, ne devrions-nous pas de notre côté jouer un
rôle plus important pour mettre en lumière ces noms ? Voire
même, ne devrions-nous pas les rechercher, les mettre en
relief, comme ce fut le cas récemment pour Zayda Bin
Youssef, or malheureusement ce ne fut pas par notre
intermédiaire ?