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Un ouvrage richement illustré de l’AUC Press aborde l’art et
l’architecture islamiques à travers le monde oriental et
occidental. Compte rendu.
Le langage de l’art islamique
«
Allah est beau et il aime la beauté ». Ces mots, attribués
au prophète Mohamad, disent le lien profond qui existe en
islam entre art et spiritualité. S’étendant sur un immense
territoire géographique constitué de nations diverses allant
du Dar Al-Khélafa (la résidence du calife) à Cordoue, dans
le bassin méditerranéen à l’ouest jusqu’au sultanat de Delhi
à l’est, la civilisation et l’art islamiques se sont
développés sur quatorze siècles avec une richesse et une
diversité exceptionnelles. Un nombre inestimable de modèles
somptueux de l’art et de l’architecture a été créé. « The
World of Islamic Art », ou le monde de l’art islamique, est
un titre récent d’un intéressant ouvrage qui vient d’être
publié par l’Americain University Press of Cairo (AUC Press).
Cet ouvrage magnifiquement illustré présente un portrait
très vivant de l’héritage culturel de l’islam et ses fines
traditions artistiques. Il se propose de donner quelques
clefs de lecture au public en abordant les grands domaines
où l’art de l’islam s’est épanoui : l’architecture, la
calligraphie, l’ornementation et la peinture.
L’auteur de ce superbe volume n’est que Bernard O’Kane, le
professeur de l’art et de l’architecture islamiques à
l’Université américaine du Caire. « Provenant à l’origine du
désert de la Péninsule arabe, l’islam s’est rapidement
développé, à tel point que dans moins d’un siècle, il a
dominé l’Afrique du Nord, la Syrie et l’Anatolie. Et depuis
là, les musulmans se sont répandus vers l’est, Perse,
Afghanistan, l’Asie centrale et l’Inde, éventuellement
accédant à la Chine, l’Indonésie et ailleurs à l’Extrême Est
», explique l’auteur. La diffusion historique de cette
religion globale est racontée dans sept chapitres dédiés aux
royaumes et empires régionaux dominants.
La civilisation et l’art islamiques sont d’une richesse et
d’une diversité que l’on ne pourrait réduire à une formule
unique. On ne saurait ainsi confondre les monuments
architecturaux réalisés sous les califes omeyyades de Damas
avec ceux de leurs successeurs abbassides de Bagdad. En
Perse, plus à l’Est apparaissaient aussi des structures
architecturales inédites. De même, en Inde, en Turquie ou au
Maghreb, les formes artistiques témoignent de traditions
culturelles spécifiques.
La calligraphie, art majeur de l’islam, donnait lieu à des
styles aisément reconnaissables selon les lieux ou les
époques. L’art de la peinture, quant à lui, relativement
réduit dans le monde islamique trouve en Iran et dans l’Inde
un terreau plus fertile. De même, dans le domaine des arts
somptuaires, chaque région privilégie des techniques
particulières, la taille de l’ivoire en Egypte ou en
Espagne, le cuivre ciselé en Iran, le travail des pierres
précieuses en Inde ou en Turquie, ou encore l’art du tapis
en Iran et en Anatolie. Certes, dans toutes les régions du
monde musulman, l’activité artistique a presque totalement
exclu la statuaire pour accorder une place prépondérante. En
bref, l’islam a en fait produit une civilisation glorieuse
et un art qui a fasciné le monde entier. Vu son habilité et
son goût extraordinaire, l’artiste musulman se déplaçait
d’une cour princière à une autre.
Chaque chapitre comprend des commentaires illuminants
révélant la beauté et la largeur de beaucoup d’influences
artistiques. L’auteur explique, entre autres, comment
l’image figurée a été souvent remplacée par les
calligraphies et les formes géométriques ; et comment le
sens du divin dans l’islam est symbolisé par une utilisation
harmonieuse de la couleur, du dessin et de la proportion. Le
livre est ainsi divisé en sept grands chapitres représentant
les différentes particularités des époques et des zones de
la civilisation islamique, commençant par l’époque du
prophète et ensuite les époques omeyyade, abbasside,
fatimide, ayyoubide, mamelouke et ottomane. Les chapitres
suivants abordent l’art islamique au Maroc, en Andalousie,
en Perse, en Asie Centrale, en Anatolie, en Inde et en Chine
... L’ouvrage présente, outre l’histoire de la civilisation
et de l’art islamiques, des exemples entre autres de
peintures, d’œuvres en métal, de sculptures, d’architecture
et de beaucoup d’autres formes d’art. On trouve aussi
plusieurs illustrations représentant de types d’œuvres d’art
et d’architecture de l’époque moderne qui ont été construits
sur le modèle islamique et qui ont reçu le prix de l’Agha
Khan pour l’architecture.
Imprimé à Singapour, l’ouvrage de Bernard O’Kane est
richement illustré d’une importante collection
d’illustration en couleurs, pleine page et de relevés qui
intéresseront les architectes et les archéologues, l’ouvrage
rend vie au plus prestigieux art islamique. The World of
Islamic Art honore la vraie contribution magnifique de
l’islam dans la culture et l’héritage spirituel de
l’humanité.
Amira
Samir