Rentrée Scolaire.
40 000 écoles s’apprêtent à ouvrir leurs portes le 20
septembre pour accueillir 27 millions d’élèves. Une rentrée
qui se veut différente, mais qui laisse sceptique concernant
les maux chroniques de l’enseignement.
Sous le signe d’une nouveauté promise
Comme
tous les ans, le ministère de l’Education assure que les
écoles sont bien préparées pour la rentrée. Plusieurs
innovations aussi bien au niveau des méthodes d’enseignement
qu’à celui des programmes eux-mêmes sont prévues. De plus,
le nombre des établissements scolaires a-t-il augmenté,
notamment dans les zones rurales. Ainsi, d’après le
ministère, 1 080 nouvelles écoles ouvriront leurs portes ce
20 septembre, dont 80 % dans les gouvernorats du Delta et de
la Haute-Egypte. Ces nouvelles écoles aideront à mettre fin
au phénomène du surpeuplement dont souffrent la majorité des
écoles du gouvernement. En outre, cette année témoignera de
deux changements qui visent à réduire le nombre de
disciplines dans les quatre premières années du cycle
primaire. A cet âge, les élèves n’étudieront donc que la
langue arabe, le calcul, les sciences, plus une langue
étrangère. Tout le reste entrera dans le cadre des «
activités ». Celles-ci consistent à mettre l’accent sur le
côté pratique (laboratoire, bibliothèque, travail de
terrain), ce qui permettra d’alléger les élèves tout en leur
offrant l’occasion d’approfondir leur compréhension et leurs
connaissances. Ces activités compteront pour 50 % des notes.
En outre, les élèves du cycle primaire auront entre leurs
mains cette année des manuels plus attirants et plus
illustrés, histoire de leur donner envie et de leur faire
aimer la discipline concernée, notamment les sciences et les
maths. Dans une tentative d’envisager le problème des cours
particuliers, le ministère distribuera, pour la première
fois aussi, des cassettes et des CD conçus par des
professionnels pour rendre l’apprentissage plus agréable.
Pour ce qui est du cycle préparatoire, le ministère a décidé
d’introduire pour la première fois la langue française comme
langue étrangère avec l’anglais. Auparavant, les élèves
devraient choisir l’une des deux langues. « L’objectif est
de bien préparer les élèves. Parce que l’expérience a prouvé
que le fait de passer tout d’un coup à un niveau
relativement supérieur n’est pas le meilleur moyen pour
apprendre une langue », assure Réda Abou-Serie,
sous-secrétaire au ministère de l’Education. Le ministère
poursuit cette année le projet lancé en 2002 et qui vise à
équiper toutes les écoles d’ordinateurs connectés à
Internet. Cette année, 1 700 nouvelles écoles sont sur la
liste, portant ainsi le nombre total d’écoles équipées à 8
600.
En revanche, les écoles secondaires ne témoigneront d’aucune
nouveauté cette année, elles devront attendre l’année
2010/2011 pour l’application du nouveau système du
baccalauréat qui fait actuellement beaucoup de débat. Le
nouveau système « révolutionnaire » propose une évaluation
continue qui s’étendrait sur les trois années du secondaire,
et n’accorde aux examens écrits que 30 % de la note totale,
laissant 70 % aux activités, à la participation et à la
discipline.
En dépit de ces nouveautés, la rentrée se trouve confrontée
à d’importants problèmes. Le surpeuplement dans certaines
écoles des zones rurales demeure un problème sérieux, bien
que le ministère prévoyait le règlement de ce problème en
2005. « Ces promesses n’ont pas été tenues. La construction
d’écoles manque d’une stratégie bien étudiée. Le ministère
construit des écoles dans des zones qui n’ont pas un vrai
besoin », critique Hassan Bélawi, membre à la commission de
l’enseignement au Parlement. En outre, beaucoup de
spécialistes critiquent le niveau des manuels scolaires qui,
selon eux, sont « très anciens et pleins de fautes ».
Mohamad Gamal, spécialiste en programmes scolaires, donne
l’exemple du livre de géographie de la première année
secondaire qui comporte une leçon sur l’Union soviétique. «
Aucune allusion sur le changement qu’a subi l’Union
soviétique au niveau politique depuis 1991 ne se trouve dans
ces manuels, même après leur révision », souligne-t-il. Le
déficit du nombre des enseignants est un autre problème
chronique auquel les « nouveautés » introduites n’apportent
aucune solution. « La mauvaise répartition des professeurs
sur les différents gouvernorats est à l’origine de ce
manque. Leur nombre en Egypte s’élève à 1,25 million, la
plupart concentrés dans la capitale et les grandes villes,
ce qui cause un grand déséquilibre et un manque énorme dans
les zones rurales », explique Mohamad Abdel-Zaher,
professeur à la faculté de pédagogie. La réforme du bac, la
réforme de l’enseignement technique et la lutte contre les
leçons particulières, toute une liste de projets attend le
ministère durant les années à venir … ce qui est prévu pour
cette rentrée n’est donc qu’un pas sur un chemin très long.
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réalisée par Mirande Youssef