Angola .
Le président José Eduardo Dos Santos, qui dirige le pays
depuis 29 ans, disposera désormais d’une vaste majorité au
Parlement issu des premières législatives organisées depuis
la fin de la guerre civile en 2002.
Dos Santos assoie son pouvoir
Le
scénario rappelle celui de bien d’autres élections dans le
continent. Victoire du parti au pouvoir et contestation de
l’opposition. Comme prévu donc, le parti du président
angolais Jose Eduardo Dos Santos a proclamé sa large
victoire aux élections législatives de vendredi et samedi,
les premières depuis la fin de la guerre civile en 2002.
Selon les résultats partiels du scrutin, le Mouvement
Populaire de Libération de l’Angola, le MPLA, a remporté
81,7 % des suffrages. « Le MPLA devance largement son
ancienne rébellion, l’Union Nationale pour l’Indépendance
Totale de l’Angola (UNITA), qui n’a recueilli que 10,5 % des
suffrages », selon Adao de Almeida, le porte-parole de la
commission électorale, en ajoutant que les résultats finaux
seront annoncés dans deux semaines.
En effet, l’Angola a organisé des élections législatives
pour renouveler les 220 sièges du Parlement. Il s’agissait
des premières élections depuis un processus avorté en 1992.
Malgré des débuts chaotiques à Luanda — qui ont obligé la
commission électorale à rouvrir certains bureaux de vote
dans la capitale samedi —, le scrutin était marqué par une
participation massive. Les premiers résultats partiels
placent le MPLA en tête, même dans les anciens fiefs de
l’Unita. Avant le scrutin, le MPLA disposait déjà à
l’Assemblée nationale de 129 sièges sur 220, contre 70 à
l’Unita. Au pouvoir depuis 33 ans, le MPLA avait indiqué
pendant la campagne qu’il comptait décrocher une majorité
des deux tiers, qui lui permettrait de modifier la
Constitution. Pendant la campagne, le parti a mobilisé
d’importantes ressources et a éclipsé les autres partis,
notamment dans les médias. L’Unita l’avait accusé de puiser
dans les caisses de l’Etat pour financer cette campagne.
L’opposition rejette les résultats
Mais la liste des accusations se multiplie. L’opposition a
appelé samedi la Cour constitutionnelle à annuler ces
élections, en raison des graves problèmes logistiques qui
ont entaché le scrutin, surtout à Luanda. « L’organisation
(du scrutin) à Luanda est un scandale. Nous demandons à la
Cour constitutionnelle d’annuler les élections », a déclaré
le chef du groupe parlementaire de l’Unita, Alceides Sakala.
Les retards de déploiement du matériel, l’absence de listes
électorales et le manque de bulletins de vote qui ont
entravé vendredi le scrutin dans les quartiers populaires de
la capitale ont rendu les élections « illégales ». La
Commission Nationale Electorale (CNE) a rouvert samedi pour
une deuxième journée 320 bureaux de vote de la tentaculaire
capitale, afin de donner une nouvelle chance à ceux qui
n’avaient pu voter la veille. Mais de nouveaux retards, liés
notamment à l’absence de bulletins de vote, sont venus
perturber la reprise du scrutin, ont constaté les
observateurs de l’Union européenne et de l’Union africaine.
« Le recours en annulation intenté par l’opposition devant
la Cour constitutionnelle, qui dénonce de graves
dysfonctionnements dans l’organisation du scrutin à Luanda,
illustre le désespoir de la défaite », a lancé le
porte-parole de la présidence. Par contre, Selon l’Unita, le
fait que les problèmes logistiques n’aient affecté que les
quartiers pauvres de Luanda, où s’entassent 90 % des cinq à
sept millions d’habitants, relève d’une tactique délibérée «
pour encourager l’abstention » là où le vote
pro-gouvernemental n’est pas acquis. Les élections
législatives en Angola reposent sur un système de
représentation proportionnelle, certains sièges étant
alloués au niveau national, d’autres au niveau provincial.
En effet, ce scrutin, qui opposait le MPLA à l’Unita, est
une valeur de test pour M. Dos Santos avant un scrutin
présidentiel annoncé pour l’année prochaine. Une large
victoire du MPLA permettrait à Dos Santos de briguer et de
sans doute remporter un nouveau mandat à objectif dont il ne
fait pas mystère. En 1992, les rebelles de l’Unita avaient
rejeté le résultat du premier tour et repris la guerre. Le
conflit armé, qui les a opposés pendant 27 ans au Mouvement
Populaire de Libération de l’Angola (MPLA), au pouvoir
depuis l’indépendance en 1975, a fait plus d’un demi-million
de morts.
Maha
Salem