Edito Manœuvres dangereuses
Les bruits qui courent sur une
prochaine opération militaire contre l’Iran que mèneraient Israël ou les
Etats-Unis, ou les deux ensemble pourraient relever plus de manœuvres ou de
pressions, mais ils risquent aussi de provoquer un dérapage et mener à une
situation désastreuse et incontrôlable. Ainsi, on annonce une visite en Israël
du chef d’état-major interarmées américain, l’amiral Michael Mullen, le cadre
d’une tournée « prévue » de longue date, mais sur fond de rumeurs selon
lesquelles Tel-Aviv cherche l’accord tacite de Washington pour attaquer l’Iran.
Pire encore, le premier ministre israélien Ehud Olmert a dû reconnaître qu’il a
rencontré le responsable du bombardement du réacteur nucléaire iraqien,
Osiriak.
De plus, selon la presse
américaine, plus de 100 avions de combat israéliens ont participé à des
manœuvres avec la Grèce début juin pour préparer l’armée à des attaques à
longue distance, une opération d’ampleur exceptionnelle interprétée comme un
avertissement à Téhéran pour son programme nucléaire. Et le ton monte avec les
mots les plus durs. Le ministre israélien des Infrastructures et ancien
ministre de la Défense, Binyamin Ben Eliezer, dans un entretien à la presse
russe, n’a-t-il pas dit : « Que Téhéran essaie seulement d’attaquer Israël et
l’Iran sera anéanti » ?
Les spéculations autour d’une
possible frappe israélienne ont été alimentées cette semaine par les propos de
John Bolton, ancien ambassadeur américain à l’Onu, qui a suggéré au journal
britannique Daily Telegraph qu’Israël pourrait choisir d’attaquer l’Iran entre
l’élection présidentielle américaine du 4 novembre et la prise de fonction du
nouveau président le 20 janvier 2009.
De plus, le journaliste Seymour
Hersh, dans un article publié dimanche sur le site Internet du magazine New
Yorker, évoque un document ultra-secret appelé « Presidential Finding » signé
par Bush et centré sur un objectif : saper les ambitions nucléaires de l’Iran.
Hersh a déjà écrit par le passé sur des projets de l’Administration Bush
envisageant une entrée en guerre contre Téhéran pour empêcher la République
islamique de se doter d’armes nucléaires. Evidemment, l’Iran n’est pas resté
silencieux. Le commandant des Gardiens de la révolution a déclaré qu’en cas
d’attaque contre son territoire, Téhéran mettrait en place des contrôles sur le
trafic maritime dans la région du Golfe, point de transit de 40 % du pétrole
mondial. Il a mis en garde les pays voisins de l’Iran contre des représailles
s’ils participaient à une attaque contre son pays. Faut-il rappeler à
l’Amérique et Israël que jouer avec le feu est dangereux et à l’Iran que des
discours enflammés sont tout aussi périlleux ?
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