Al-Ahram Hebdo,Invité | Mariann Fischer Boel
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 Semaine du 2 au 8 juillet 2008, numéro 721

 

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Invité

La commissaire européenne à l’agriculture et au développement rural, Mariann Fischer Boel, analyse les causes de la crise alimentaire, et met en relief les relations de l’UE avec l’Egypte.

« Il faut aider à créer un potentiel agricole
 dans les pays en développement »

Al-Ahram Hebdo : Quelles sont à votre avis les causes de la hausse vertigineuse des prix des produits alimentaires à travers le monde ?

Mariann Fischer Boel : Il y a 2 raisons structurelles et d’autres à court terme pour les récentes hausses des prix. La première est la grande augmentation de demande de la part des économies émergeantes comme la Chine et l’Inde. Les habitants de ces pays mangent actuellement plus de viandes. Pour avoir un kilogramme de viande, il nous faut 4 kilogrammes de céréales et pour avoir un kilogramme de viande de volaille, il nous faut 2 kg de céréales. La tendance des populations qui dépasse un milliard de personnes dans ces pays à consommer plus de viande a un impact énorme sur les marchés des denrées alimentaires.

La deuxième raison est le changement climatique et son impact sur la production. En 2006, le mauvais climat a affecté la production des céréales aux Etats-Unis, dans l’Union européenne, au Canada, en Russie, en Ukraine et en Australie.

En 2007, c’était la même chose, à l’exception des Etats-Unis. Il n’y a donc pas d’offres suffisantes et par la suite, il n’y a pas eu de baisse dans les prix. Evidemment, d’autres influences ont lieu, par exemple, plusieurs pays exportateurs ont imposé des restrictions sur leur exportation. Les spéculations sont aussi un facteur dont il est difficile de déterminer l’impact, mais de toute façon, il a joué un rôle.

— Certains accusent la Politique Agricole Commune (PAC) de l’Union européenne d’avoir aggravé la crise alimentaire mondiale...

— J’ai lu des commentaires de certaines personnes qui pensent que la PAC est dans une certaine mesure accusée de contribuer à la crise, mais je suis complètement persuadée du contraire. Je suis convaincue qu’actuellement, la PAC ne fait pas partie du problème, mais de la solution. Nous avons pu prendre, grâce à la PAC, un nombre de mesures pour augmenter notre production et par la suite l’offre. Nous avons pu éliminer les quotas du lait, et ne pas établir de lien entre la production et la subvention pour rendre les paysans plus libres à poursuivre les indices du marché.

Nous avons cessé le recours au dumping de nos exportations pour les pays en développement. Nous allons mettre fin aux subventions de nos exportations d’ici 2013. Nous avons ouvert nos marchés aux pays les plus pauvres. Et nous espérons aboutir à un accord équilibré dans le cadre des négociations de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pour relancer le commerce des aliments et des produits alimentaires et réduire les barrières tarifaires.

— Pourquoi donc ces mesures n’ont-elles pas pu alléger la crise ?

— Il n’y a pas un problème d’insuffisance d’aliments dans l’Union européenne, mais il s’agit d’une grande hausse des prix par rapport à la période où nous avons joui des petits prix de longues années. Et en même temps, on n’a pas de surplus. Au contraire, quelques pays en développement envisagent une vraie situation critique. C’est pourquoi nous voulons tendre la main aux pays qui ont en besoin. Nous avons pris toutes les mesures pour qu’on puisse augmenter nos apports. Nous avons déployé tous nos efforts pour faciliter le commerce aux pays les plus pauvres.

Par exemple, nous avons octroyé un accès total à nos marchés aux pays les moins développés. Nous négocions sérieusement pour conclure un accord ambitieux et équilibré dans le cadre du cycle de Doha des négociations de libéralisation du commerce.

Un tel accord est en mesure de libérer le commerce des aliments au profit des pays en développement. Nous avons besoin de contribuer aux efforts globaux, on veut accorder de l’aide à court terme pour les peuples qui souffrent du manque d’aliments. Nous avons également besoin de solutions à long terme, en concentrant nos aides sur le développement afin d’aider à créer un potentiel de production agricole dans ces pays. Nous devons aussi offrir non seulement l’argent, mais également la technologie et le savoir-faire.

— La commission européenne consacre un grand budget pour la PAC qui s’élève à 43 milliards d’euros, et vous avez proposé de présenter le reste du budget aux agriculteurs des pays tiers. Comment ?

— Nous allons réduire le budget de l’agriculture cette année partiellement à cause de la hausse des prix. On va consacrer moins d’argent pour les mesures de support du marché. J’ai proposé qu’une partie de cet argent soit octroyée aux projets de l’agriculture dirigés par des organismes internationaux dans les pays en développement. Cette proposition est en cours de discussion à la commission européenne.

— Quelle est la nature des relations agricoles entre l’Egypte et l’UE ? Des accords bilatéraux sont-ils envisagés ?

— Les relations agricoles entre l’Egypte et l’Union européenne se font dans le cadre de l’Accord euro-méditerranéen d’association, par lequel les deux parties se sont mutuellement octroyées des concessions tarifaires.

Les exportations de produits agricoles égyptiens vers l’Union européenne sont en progression régulière depuis 2002, atteignant 616 millions d’euros en 2006.

L’Accord d’association est entré en vigueur totalement en juin 2004, la partie commerciale ayant fait l’objet de mesures provisoires applicables depuis le 1er janvier 2004. L’Egypte bénéficie déjà aujourd’hui d’une couverture préférentielle appréciable pour ses produits. En effet, 42 % des importations communautaires originaires de l’Egypte entrent dans le territoire communautaire sans droit de douane nul. Si l’on considère les droits de douane nuls octroyés par la Communauté, la proportion des exportations égyptiennes bénéficiant d’une exemption de 81 %.

A l’inverse, 11 % des exportations de l’Union européenne vers l’Egypte sont entièrement libéralisées, et 12 % bénéficient de réductions tarifaires dans le cadre de quotas, dont le volume est souvent inférieur au commerce traditionnel.

Dina Ibrahim

 




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