Al-Ahram Hebdo, Idées | Raouf Abbass, une voie à poursuivre
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 Semaine du 2 au 8 juillet 2008, numéro 721

 

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Idées

Hommages. Deux lumières de la génération des grands s’éteignent, l’historien Raouf Abbass et le critique de théâtre et traducteur Sami Khachaba, tous les deux nés en 1939. Le professeur Abbass a introduit le modèle analytique de l’étude historique, tandis que l’écrivain Khachaba prônait le renouvellement du discours culturel.

Raouf Abbass,
une voie à poursuivre

L’Egypte a fait ses adieux, il y a quelques jours à l’un de ses chers fils et l’une de ses sommités, l’incontournable penseur le Dr Raouf Abbass Hamed. Eminent historien, intellectuel averti et pionnier dans le monde de la chronique, Raouf Abbass Hamed nous a légué un patrimoine historique précieux, rassemblant sans nul doute les plus importantes références dans ce domaine en Egypte, comme dans le monde arabe. La production académique de cet historien compte plus de 50 ouvrages, qui s’avèrent être dans leur totalité un important projet scientifique à travers lequel il a essayé de promouvoir la rédaction des faits historiques. Il a réussi, par le biais de ses ouvrages et des séries d’articles et recherches scientifiques de poids, de passer de l’écriture de l’histoire politique et de l’histoire des institutions au plus large espace de l’histoire sociale aux multiples facettes. Un domaine dans lequel il a excellé et qui lui a valu sans conteste le titre de pionnier. Il revient à Raouf Hamed le mérite d’avoir abordé la politique de l’Egypte moderne et contemporaine à travers un angle social. Ainsi a-t-il conféré un aspect spécial au processus de la rédaction en faisant prévaloir le procédé d’analyse sur celui de traitement historique. Les livres qu’il a choisi de traduire reflètent une conscience et une lucidité sans pareil. Ces traductions constituent un apport au domaine des recherches dans l’histoire sociale et économique à travers les théories les plus modernes qui ont abordé par l’étude et l’examen l’histoire moderne et contemporaine de l’Egypte et du Moyen-Orient. De plus, il fut soucieux de former une génération de disciples fidèles à son parcours. En témoigne le grand nombre de thèses de doctorat et de magistère ayant pour thème l’histoire sociale et économique. Tout ceci vient prouver que cet intellectuel était le promoteur d’un projet scientifique. Sa vie n’était point le fruit du hasard, mais elle était planifiée selon une démarche qu’il s’est choisie et à laquelle il a adapté toutes les conditions qui l’entouraient.

D’ailleurs, tous les acteurs des cercles académiques et culturels égyptiens et arabes, voire même occidentaux sont parfaitement conscients des réalisations scientifiques du Dr Raouf Abbass qu’il a présentées tout au long de son parcours académique, qui a duré près de 4 décennies. Un regard porté sur la liste de sa production à l’époque où il s’adonnait totalement à la rédaction vient démontrer que cet homme se livrait à une course contre la montre, sans jamais se départir des soucis et des préoccupations publiques ni tourner le dos aux luttes contre la corruption dans les institutions scientifiques et universitaires.

La personnalité de cet homme était polyvalente à tel point qu’il est difficile d’explorer toutes ses facettes dans leur intégralité. Il représente un véritable modèle à suivre pour les générations contemporaines et pour ses disciples.

Le Dr Raouf Abbass Hamed était la véritable incarnation du professeur universitaire. Professeur signifiait pour lui le don scientifique et financier sans bornes. Il nous a appris que le professeur d’université est celui qui aide ses étudiants, qui abolit tous les obstacles scientifiques soient-ils ou matériels, qui les place sur la juste voie, qui leur apporte son soutien et ses connaissances. Il nous a inculqué, à toute une génération, le sens de la responsabilité et du dévouement. Il donnait la chance à ses disciples de briller sous son parrainage scientifique. Pour conférer à Raouf Hamed sa juste valeur, il faut parler de son côté scientifique, mais également de son côté éthique qui sont intrinsèquement liés. Il nous affirmait sans cesse que l’éthique doit passer avant la science et qu’un scientifique sans éthique ne sera jamais bénéfique aux autres, car il basculerait dans l’égocentrisme. Il avait énormément confiance en lui tout en demeurant humble. Il n’a jamais dévié de son parcours même sous le joug du matérialisme féroce qui a envahi le monde. Son professionnalisme restera gravé dans nos mémoires collectives ainsi que dans celles des prochaines générations. Jamais, il ne minimisait les avis et les idées qu’on lui proposait. Mais il les saisissait au vol pour les enrichir de son expérience et les replacer dans un cadre scientifique sérieux. Ainsi prenaient-elles de nouvelles dimensions et un nouvel éclat grâce à son interprétation scientifique lucide. Les débats et polémiques étaient alors lancés et la discussion se poursuivait jusqu’à ce que les idées atteignent la maturité requise et que les dimensions du sujet deviennent complémentaires.

Ses avis et ses idées nous insufflaient le cadre méthodologique dans lequel nous formulions nos recherches. Cependant, il n’a jamais dicté ses avis à personne. Au contraire, il nous incitait à l’innovation et nous aidait à proposer de nouvelles problématiques sans craintes. Il nous encourageait toujours à développer nos outils et nos connaissances et à nous armer des nouvelles théories utiles à l’analyse. Il nous avertissait du danger d’être aveuglés par l’éclat des théories qui pourraient nous pousser à déformer les réalités historiques ou à la placer dans des cadres idéologiques rigides. Ses idées et visions théoriques renouvelées ainsi que sa large culture historique nous éblouissaient et nous amenaient toujours à puiser dans ses connaissances intarissables et de suivre sa voie.

Dr Nasser Ibrahim

Professeur adjoint à la faculté des lettres,

à l’Université du Caire,

département d’histoire.

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Parmi ses ouvrages :

— Al-Haraka al-ommaliya fi Misr (le mouvement ouvrier en Egypte), Le Caire 1968.

— Al-Nizam al-egtemaï fi Misr fi zel al-melkiyyat al-kabira (le système social en Egypte sous les grandes propriétés), Le Caire 1973.

Mozakkerate Mohamad Farid (mémoires de Mohamad Farid), Le Caire 1975.

— Al-Haraka al-ommaliya fi Misr fi doë al-wassaëq al-britanniya (le mouvement ouvrier en Egypte d’après les documents britanniques, de 1924 à 1937), Le Caire 1977.

— Henry Curiel wal haraka al-choyoueya al masriya (Henry Curiel et le mouvement communiste égyptien), Le Caire 1988.

Gameat Al-Qahera, madiha wa haderha (l’Université du Caire, son passé et son avenir), Le Caire 1989.

Sawret youlyou baad nisf qarn (la Révolution de juillet, un demi-siècle après), Le Caire 2003.

Machaynaha khota (que de pas nous avons franchis), autobiographie, Le Caire 2004. Voir un extrait traduit en français à partir de ce lien :

http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2005/7/20/litt0.htm

 

 




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