Lutte Contre la Pollution.
Le gouvernement s’attelle à la tâche et fait appel pour cela
à des méthodes découlant du protocole de Kyoto. Malgré ces
efforts, la lutte menée reste incomplète.
De la bonne volonté dans l’air
D’un
côté, les émissions de carbone en Egypte ne représentent que
0,6 % des émissions mondiales. Mais de l’autre, elle sera le
troisième pays du monde à souffrir des impacts négatifs du
changement climatique après le Bangladesh et le Vietnam,
selon une étude élaborée par la Banque Mondiale en 2007.
C’est pourquoi, le gouvernement égyptien, par le biais du
ministère de l’Environnement, fait des efforts pour réduire
ses émissions nocives à travers les projets du Mécanisme de
Développement Propre (MDP), mais ils semblent encore
insuffisants pour répondre à la spécificité égyptienne.
Instauré par le protocole de Kyoto, le MDP permet aux
entreprises des pays développés d’atteindre leurs objectifs
d’abaissement des émissions de gaz à effet de serre en
menant des projets de réduction des rejets dans les pays en
développement, où cela coûte moins cher. « Le portefeuille
du MDP renferme actuellement 53 projets, dont 45 ont obtenu
des approbations préliminaires et 10 ont été approuvés.
Parmi les dix, trois sont enregistrés internationalement (Zaafarana,
Abouqir et Onyx) », commence le Dr Al-Sayed Sabri,
responsable de l’unité des changements climatiques au sein
du ministère de l’Environnement. Il ajoute que le coût total
des projets s’élève à 1,17 million de dollars et doivent
diminuer de quelque 6,7 millions de tonnes le dioxyde de
carbone (CO2) émis par an, soit l’équivalent des émissions
de 2,7 millions de véhicules.
Toutefois, ces projets correspondent-ils vraiment aux
besoins de l’Egypte, qui est montrée du doigt quand les
experts évoquent les impacts dévastateurs du changement
climatique ? Les estimations négatives à son égard sont
parfois étonnantes, mais le ministère affirme travailler sur
différents aspects du problème. « Qui a dit que nous ne
travaillons que sur la réduction ? Nous travaillons sur deux
fronts : réduction et adaptation. Mais il existe des projets
du MDP dont nous tirons profit. Ce sont les projets
d’investissement, tous les pays en voie de développement en
ont besoin. Ces projets nous permettent d’avoir des
technologies modernes et propres qui éliminent les émissions
de CO2, mais aussi toutes les autres émissions nocives. Par
exemple, le projet d’Abouqir a permis d’éliminer les
émissions de dioxyde de nitrogène qui sont des gaz toxiques,
et ce en baissant leurs concentrations de 40 parts par
million à une part par million. Ces projets créent également
des emplois et apportent des opportunités de formation à la
main-d’œuvre déjà existante », clarifie le Dr Al-Sayed Sabri.
Des lacunes subsistent cependant, selon le Dr Mohamed
Al-Raï, professeur d’études environnementales à l’Université
d’Alexandrie. « Nous ne sommes pas contre les projets du
MDP, ils ont plusieurs avantages, mais ces efforts ne font
pas face au problème principal », estime-t-il. Car tous les
secteurs en Egypte souffriront des impacts négatifs des
changements climatiques, mais à différents degrés. « Nos
ressources en eau seront très touchées, le ministère des
Ressources hydrauliques et de l’Irrigation doit mettre des
plans pour profiter de chaque goutte d’eau et pour éviter le
gaspillage dans toutes ses formes, surtout pour arroser les
terrains de golf ou remplir les piscines privées dans un
pays de zones arides », poursuit le Dr Al-Raï.
Le ministère des Ressources hydrauliques et de l’Irrigation
n’est pas le seul à devoir mettre en œuvre des projets. Le
ministère de l’Agriculture est aussi concerné, comme celui
de l’Electricité et de l’Energie, de l’Habitat et d’autres.
« Tous ces ministères ainsi que des experts et des
académiciens sont représentés dans le Comité national des
changements climatiques. Ce comité qui se réunit tous les
trois mois vient de faire trois recommandations : la
nécessité de l’élaboration d’une stratégie nationale pour
l’adaptation, la construction d’un centre pour les études et
les recherches du changement climatique et enfin
l’élaboration d’un modèle régional de circulation pour le
bassin du Nil (Regional Circulation Model, RCM), un modèle
mathématique complexe calculé par ordinateur. Ce RCM peut
prévoir la quantité d’eau de pluie recueillie en Afrique de
l’Est, et selon les résultats, le gouvernement peut décider
des plans d’actions nécessaires », indique le Dr Al-Sayed
Sabri. Reste que ces recommandations ne sont obligatoires
pour personne. Pis encore, chacune d’entre elles nécessite
des financements importants que le gouvernement ne peut pas
pour l’instant supporter. Selon le Dr Sabri, le Fonds pour
l’Environnement Mondial (FEM), plus important mécanisme de
financement des projets d’environnement et basé à
Washington, s’est montré prêt à financer, à travers le
nouveau Fonds d’adaptation dérivé du protocole de Kyoto, le
RCM pour dégager des estimations exactes des impacts du
changement climatique sur ses 10 pays riverains. Mais
l’affaire n’est pas encore réglée. En effet, le ministère
des Ressources hydrauliques a créé un comité pour le
changement climatique qu’il préside, et le ministère de
l’Agriculture a fait de même. Des comités qui ne manquent
pas en Egypte, mais sur le terrain leurs décisions tardent à
être perçues.
Dalia
Abdel-Salam