Industrie de l’Or.
Le gouvernement fait la sourde oreille aux demandes des
orfèvres pour relancer une industrie pénalisée, entre
autres, par un manque de financement.
Du mal à se faire entendre
12
milliards de L.E. C’est la production annuelle d’or en
Egypte. Cette industrie peine sous les hausses consécutives
des cours mondiaux mais aussi en raison des taxes élevées
imposées par le gouvernement. Elle regroupe quelque 3 000
ateliers — dont 12 grandes usines — où travaillent quelque
30 000 ouvriers. Les bijoux ainsi fabriqués sont alors
vendus dans près de 20 000 bijouteries, où travaillent près
de 60 000 personnes.
La chambre d’orfèvrerie et de métaux précieux de l’Union des
industries réclame au gouvernement la baisse des taxes
imposées sur cette industrie, entre autres demandes
concernant la main-d’œuvre et le financement. Le président
de la chambre d’orfèvrerie et de métaux précieux à l’Union
des industries, Rafiq Abbassi, estime qu’il est
indispensable de réduire les taxes sur l’industrie : « A la
lumière de la hausse des cours de l’or, il est indispensable
de chercher des moyens pour réduire les coûts de
fabrication, ce qui augmentera les ventes locales aussi bien
que la compétitivité sur les marchés extérieurs ». Les
orfèvres payent, entre autres, 5 % de douanes en plus de 10
% de taxes sur les ventes sur les équipements importés. Ils
payent aussi 2 % de douanes sur les diamants qui doivent
être montés sur les bijoux.
Récemment le ministère de l’Industrie a accepté de réduire à
0,5 % (au lieu de 2 %) les taxes sur les bijoux exposés,
conformément à une demande déposée par la chambre. Mais il a
refusé de les réduire dans le cas des bijoux vendus à
l’étranger. La chambre de l’orfèvrerie réclame, quant à
elle, la suppression de ce taux de 2 %. Cette suppression
exige une modification de la loi par l’Assemblée du
peuple, « d’autant plus que le montant collecté par le
gouvernement est très faible », affirme Abbassi.
D’autres appellent à la suppression des taxes sur les ventes
dans les ateliers des bijoux. Pour Abdel-Aziz Al-Mawardi,
orfèvre, « l’Etat doit se contenter des 10 % qu’il perçoit
des bijoutiers, lors des ventes au public ». Par ailleurs,
Al-Mawardi estime trop élevés les timbres payés lorsque l’or
est tamponné par l’Organisme des balances. Les orfèvres
paient 0,2 de L.E. de timbre. Pour échapper à ces coûts,
certains orfèvres tamponnent l’or en dehors de l’organisme.
C’est ainsi que l’Etat perd de grandes sommes et son rôle de
contrôleur sur la classification du carat de l’or. « Par
conséquent, l’abolition des taxes sur les ventes encouragera
les orfèvreries à retourner à l’organisme », conclut Al-Mawardi.
Argument réfuté par le président de l’administration
centrale des recherches au ministère des Finances, Mamdouh
Omar qui trouve que les orfèvres payent près de 1 900 L.E.
pour chaque kg d’or fabriqué dont le prix s’élève à 120 000
Livres.
Faire face aux fluctuations des cours
De plus, et malgré son coût élevé, la main-d’œuvre étrangère
joue un rôle important dans la formation de la main-d’œuvre
égyptienne. Cependant, le ministère égyptien de la
main-d’œuvre ne permet de faire travailler les étrangers
qu’à un taux de 10 % de l’ensemble de la main-d’œuvre par
société. « Celui qui veut employer 3 ouvriers étrangers doit
donc employer 27 égyptiens », explique Maher Chafiq,
orfèvre. Il propose d’élever ce taux à 50 %.
Par ailleurs, Chafiq se demande pourquoi les banques
étrangères qui œuvrent dans le domaine de l’or ne sont-elles
par autorisées en Egypte. En effet, ces banques achètent
l’or brut des mines ou de toutes autres sources pour les
vendre aux producteurs. « Acheter à travers ces banques nous
garantit les meilleurs prix », dit-il. Et d’ajouter que ces
banques prêtent aussi l’or brut pour des périodes allant
d’un mois à un an. Elles sont remboursées de la même
quantité d’or brut plus 2 % du prix de l’or. Ceci permet aux
producteurs de faire face aux fluctuations des cours. Ceci
est bien plus bénéfique que de recourir aux prêts des
banques commerciales qui imposent des taux d’intérêt élevés,
sans prendre en considération le prix de l’or. Financement
plus sûr et main-d’œuvre qualifiée. Des demandes qui
semblent logiques. Mais rien à l’horizon ne montre que le
gouvernement va se plier à ces demandes.
Son
oreille serait-elle rouillée ?
Essam
Fayez