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 Semaine du 2 au 8 juillet 2008, numéro 721

 

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Pakistan. L’offensive pakistanaise menée cette semaine contre les Talibans a fait avorter le processus de négociations auparavant engagées pour calmer les tensions avec la milice islamiste.

Un pas en arrière

En riposte à la vaste offensive déclenchée en fin de semaine dernière contre les Talibans à Peshawar, principale ville du nord-ouest du pays en proie à l’instabilité, la milice islamiste a rompu, le même jour, les négociations en cours avec le gouvernement pakistanais visant à désamorcer les tensions par la voie diplomatique. « Les pourparlers resteront en suspens jusqu’à ce que le gouvernement cesse de parler d’opérations et d’attaques contre nous. Celui-ci utilise constamment la force contre nous. Mais s’il engage des actions militaires, nous sommes également prêts au martyr », a mis en garde le chef taliban Baitullah Mehsud, ajoutant que les pourparlers resteraient gelés jusqu’à la décision finale du conseil exécutif de son mouvement.

En effet, l’idée d’engager des négociations avec plusieurs mouvements fondamentalistes dans les zones tribales, dont certains sont considérés comme proches d’Al-Qaëda par les Etats-Unis, était née avec l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement pakistanais de Yousuf Raza Gilani. Une idée très mal vue par les Etats-Unis et l’Otan ainsi que par certains responsables afghans.

Or, la question qui se pose est de savoir quels sont les objectifs de la politique d’Islamabad. Comment dialoguer d’une part et frapper de l’autre ? Est-ce une sorte de piège tendu aux Talibans ? A ce sujet, les analystes estiment que c’est la situation sur le terrain qui a poussé les autorités pakistanaises à reprendre l’option militaire. En effet, bien que le gouvernement ait annoncé qu’il préférait la voie de la négociation pour désamorcer les tensions avec les Talibans, la menace qui pèse sur Peshawar depuis deux semaines a conduit l’armée pakistanaise à intervenir, d’autant que Khyber est une route d’approvisionnement stratégique pour les troupes américaines en Afghanistan. Il y a quelques jours, des éléments de la milice fondamentaliste en provenance de Khyber étaient alors entrés dans Peshawar et avaient enlevé 16 chrétiens qui ont, depuis, retrouvé la liberté. « La situation est telle que les Talibans sont partout autour de Peshawar. Ils sont à notre porte », a résumé Mahmoud Shah, ancien chef de la sécurité dans la zone tribale. « C’est comme de l’eau qui se déverserait dans un champ. Si rien n’est fait pour en empêcher l’écoulement, nous allons tous nous noyer ».

De peur de voir l’influence des Talibans grandir de plus en plus dans le nord-ouest du pays, les forces de sécurité pakistanaises ont pilonné, samedi, au mortier des positions supposées des Talibans dans le cadre d’une offensive d’envergure lancée pour desserrer l’étau de la milice fondamentaliste sur Peshawar, menacé si fort, depuis plusieurs semaines, par les Talibans. Un couvre-feu permanent a été alors décrété dans le secteur de Bara, qui jouxte Peshawar, où d’importants contingents de militaires ont été déployés et la route principale menant à Khyber était totalement bloquée. L’opération en cours est la première action militaire de grande ampleur engagée par le nouveau gouvernement pakistanais arrivé aux affaires en février contre les Talibans opérant dans ce secteur frontalier avec l’Afghanistan. Selon Islamabad, l’offensive gouvernementale, très controversée, visait à pacifier la zone tribale frontalière avec l’Afghanistan. Elle semblait notamment viser le dirigeant du Mouvement pour la promotion de la vertu et l’éradication du vice, Haji Namdar, soupçonné d’être à l’origine d’attaques contre des soldats de la coalition internationale en Afghanistan et d’imposer sa version de la charia, la loi islamique, dans la région.

 

Tension avec Washington

Outre la menace talibane qui plane sur le nord-ouest du pays, un autre motif a probablement incité l’armée pakistanaise à intervenir, à savoir calmer l’inquiétude des Etats-Unis qui ont toujours accusé Islamabad de relâchement vis-à-vis de la lutte antiterroriste et ont, par la suite, vu de très mauvais œil l’engagement du dialogue avec les Talibans. Cette semaine, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, s’était inquiété de l’incapacité du Pakistan à contrôler les Talibans à la frontière et du manque de pression exercée par le Pakistan sur les Talibans à la frontière pakistano-afghane, alors que les attaques dans l’Est afghan ont augmenté de 40 % pendant les cinq premiers mois de 2008. « L’une des raisons de cette augmentation est que davantage de gens passent la frontière » vers l’Afghanistan, avait-il affirmé, en appelant à une coopération renforcée entre Islamabad et les forces de sécurité afghanes et internationales.

N’oublions pas aussi les menaces adressées par le président afghan Hamid Karzaï au Pakistan mi-juin d’intervenir de l’autre côté de la frontière pour y « détruire les repaires de terroristes », qui menacent son pays.

Selon un rapport du Pentagone publié vendredi, les Talibans seraient en mesure d’augmenter leurs attaques en 2008 et vont probablement chercher à augmenter leur présence dans le nord et l’ouest de l’Afghanistan, tout en poursuivant leur insurrection dans le sud et l’Est, a affirmé le premier rapport du Pentagone au Congrès américain sur la sécurité en Afghanistan. « Malgré des revers infligés en 2007 aux insurgés par les soldats de l’Otan et les forces de sécurité afghanes, les Talibans sont susceptibles de maintenir, voire d’augmenter, l’étendue et le rythme de leurs attaques en 2008 », estime le département américain de la Défense, rappelant que la violence a augmenté en 2007, car les succès remportés par les forces de sécurité internationales et afghanes ont poussé les insurgés à augmenter leurs attaques, faisant plus de 6 500 morts l’an dernier.

Maha Al-Cherbini

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