Al-Ahram Hebdo, Evénement | Des crimes qui préoccupent
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 4 au 10 juin 2008, numéro 717

 

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Faits Divers. Cinq morts et 7 blessés, tel est le bilan de trois incidents à relent confessionnel, mais qui ne semblent guère liés. L’écho qu’ils ont fait témoigne cependant de l’existence d’une certaine tension au sein de la société. 

Des crimes qui préoccupent 

Mercredi dernier, vers 13h, la rue Zeitoun, dans le quartier populaire du même nom, au nord du Caire, près d’Héliopolis, avait rendez-vous avec un massacre horrible. La bijouterie Cléopâtre, située au numéro 9, a fait l’objet d’une attaque menée par deux assaillants déguisés et armés qui ont ouvert le feu tuant 4 personnes, toutes coptes, dont le propriétaire, et blessant deux autres. D’après les témoignages des deux employés blessés, les assaillants avaient comme but essentiel d’assassiner Makram Gamil, propriétaire, plutôt que de procéder à un cambriolage. Après l’avoir abattu, ils ont ensuite tiré sur les employés, abattant Amir Mikhail, Boulos Helmi, et Hémaya Makram. Les témoins, s’ils ont eu la vie sauve, c’est parce qu’ils se sont cachés dans les toilettes.

Si l’affaire sent le roussi, c’est que les investigations préliminaires de la police ont révélé que rien n’a été volé, ni argent ni or, bien que cette bijouterie soit l’une des plus luxueuses de cette rue. 48 heures plus tard, c’est à Alexandrie, à 185 km au nord du Caire, et précisément dans le quartier Labbane dans la zone de Manchiya, qu’une autre attaque a eu lieu. La bijouterie Zaki Béchara située au rez-de-chaussée d’un ancien bâtiment formé de deux étages a été attaquée, toujours, à 13h par deux personnes déguisées en femmes qui portent le niqab. Ici, heureusement, il n’y a pas eu de morts. Le propriétaire a été légèrement blessé, les assaillants étant armés de couteaux. Ils ont dérobé 140 000 L.E. Le fait que les bijoutiers attaqués soient coptes a tout de suite suscité craintes et interrogations. S’agissait-il d’incidents confessionnels ou de simples actes de banditisme ?

Or, l’aspect confessionnel s’est trouvé tout d’un coup mis en exergue avec des incidents qui ont eu lieu à Minya en Haute-Egypte. Le lendemain, samedi, entre 17h et 6h, dans l’entourage du couvent Abou-Fana dans le gouvernorat de Minya, à 300 km au sud du Caire, une querelle a eu lieu entre des coptes et des musulmans afin d’empêcher les travaux effectués par les responsables du couvent pour élargir sa surface. Résultat : un mort musulman Khalil Mohamad et des blessés coptes Rafaat Zakariya, Bakhoum Abou-Fana, Sawirès Abou-Fana et Vini Attalla Vini.

 

De mauvais souvenirs

Le lendemain, quelques centaines de chrétiens ont manifesté, critiquant la passivité des autorités face aux attaques de musulmans dont ils se disent victimes.

Tension donc, car ces trois incidents ont tout de suite rappelé des incidents qu’a vécus l’Egypte pendant les années 1980 et 90. A l’époque, les mouvements islamistes attaquaient les bijouteries, surtout celles des chrétiens pour avoir des sources de financement pour leurs attentats terroristes. Ils se sont trouvés renforcés dans leurs méfaits par des fatwas de certains de leurs théologiens rendant licite de voler des coptes. Mais avec le démantèlement et l’emprisonnement de la plupart des membres de ces groupes, « on peut affirmer que de telles organisations n’existent plus en Egypte », explique le général Raouf Al-Ménawi, ex-porte-parole du ministère de l’Intérieur à cette époque. Il faudrait chercher d’autres pistes pour les affaires de vols.

De toute façon, la police a réussi à arrêter les auteurs du cambriolage d’Alexandrie. C’est grâce aux témoignages qu’elle a pu remonter la piste. D’après le propriétaire, les criminels savaient qu’il gardait la somme la plus importante dans un coffre spécial. C’est-à-dire que les lieux leurs étaient familiers. Les témoins ont informé la police qu’une voiture noire Nubira sans plaque d’immatriculation était à l’attente des malfaiteurs pour s’enfuir. La piste suivie fut donc les bureaux de location des voitures. Elle a permis de remonter jusqu’aux criminels. Ces derniers ont basé leur plan sur leur complice Hamza Mossaad, qui travaille dans la même bijouterie. Il leur a donné toutes les informations nécessaires, comme l’heure où la plupart des magasins ouvrent leurs portes après la prière, afin de s’assurer du moment où la rue est presque vide. De même, Hamza leur a précisé le vendredi, car d’habitude, le propriétaire dépose ce jour les revenus de toute la semaine dans le coffre-fort. Là, les rideaux sont tombés pour déclarer la fin de l’histoire d’Alexandrie qui s’avère sans lien avec celle du Caire.

Quant à l’incident de Zeitoun, les voisins du propriétaire assassiné, Makram, ont tous affirmé qu’il était très affable avec tout le monde et qu’il aidait les pauvres. L’enquête se dirige vers deux thèses, surtout que rien n’a été volé du magasin plein d’or, de dollars et d’euros : une de ces thèses est que le coupable serait un ex-employé que Makram avait accusé de vol et qui a été condamné à cinq ans de prison. Le mobile serait donc la vengeance. L’autre thèse, c’est que le propriétaire, qui est originaire de Sohag, a été assassiné pour une affaire de vendetta. Mais les policiers sont dans une situation perplexe à cause de quelques indices qui aggravent la situation. Par exemple : les armes utilisées sont très sophistiquées et très chères. De plus, le premier a avoir été assassiné a été le propriétaire tué d’une seule balle au cœur. D’autres thèses circulent : crime organisé, drogue ? Terrorisme ? Les craintes reviennent donc. « Nous sommes très loin de cette thèse », explique Amr Al-Shoubaki, spécialiste et chercheur au Centre d’études politiques et stratégiques et s’occupant des groupes islamistes. Il explique que ce n’est pas le style des groupes djihadistes des années 1980 qui déclaraient lors de leurs attentats leur responsabilité afin de créer un état d’insécurité et de peur dans le pays. De même, ces groupes avaient un but bien clair à réaliser : fonder un Etat islamique. « Tandis que durant les 8 dernières années, l’Egypte affronte un autre genre de crimes qui est individuel et informel », ajoute-t-il.

D’après des sources policières anonymes, ce genre de crime est difficile à combattre, car il n’existe pas de groupes constitués que la police peut surveiller ou des rencontres et des communications entre associés qu’elle peut suivre. Quant aux conflits de Mallawi, il relève de différends qui se posent toujours quant à l’espace accordé aux lieux de culte chrétiens. C’est plus donc un sentiment d’extrémisme diffus.

Beaucoup de questions restent sans réponses. Coïncidences ? Des faits divers banals ? Il est certain de toute façon que c’est une tension latente qui s’extériorise.

Chérine Abdel-Azim

 

 




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