Palestine.
Bien que saluée par l’ensemble de la communauté
internationale, la trêve entre le Hamas et Israël reste
fragile et ne peut se maintenir sans une relance du
processus politique.
Sur le qui-vive
Véritable
trêve visant à aboutir au dialogue et à une véritable
relance du processus de paix qui est lettre morte depuis des
années ou plutôt accalmie presque imposée par les conditions
assez lamentables tant en Israël que dans la bande de Gaza ?
A vrai dire, analystes et politologues s’accordent à voir
dans cette trêve une nécessité qui a été dictée par les
soupçons de corruption qui pesaient sur le premier ministre
Ehud Olmert aussi bien que par les conditions économiques
lamentables dans la bande de Gaza. Deux facteurs ayant
obligé les belligérants à opter pour le calme. En vertu de
l’accord qui est entré en vigueur grâce aux efforts
égyptiens, Israël doit faire preuve de son engagement à
rouvrir progressivement les terminaux routiers reliant
Israël et la bande de Gaza, fermés quasiment en permanence
après la prise de pouvoir par le Hamas en juin 2007, et les
tirs de roquettes palestiniennes doivent cesser. L’accord de
trêve prévoit aussi un allégement progressif du blocus
imposé par l’Etat hébreu au territoire exigu de 362 km2 où
s’entassent 1,5 million de Palestiniens.
Soulignant l’importance d’une telle trêve pour les
Palestiniens, le premier ministre Salam Fayyad a estimé que
la trêve instaurée à Gaza était « un pas très important »
vers l’amélioration de la situation humanitaire dans ce
territoire, appelant Israël à cesser ses opérations
militaires en Cisjordanie aussi, où les fréquentes
incursions de l’armée israélienne sapent les efforts de
l’Autorité palestinienne pour rétablir l’ordre et la
sécurité dans les différentes villes. « Toutes ces
opérations militaires israéliennes dans les zones sous notre
contrôle doivent cesser », a-t-il dit.
Mais, on se demande vraiment si Israël est disposé à
respecter cette trêve et jusqu’à quand pourrait durer ce
genre d’accalmie.
Pragmatiquement parlant, cette trêve risque d’être très
précaire et maints efforts doivent être déployés de part et
d’autre pour qu’elle se maintienne.
Indices inquiétants
En effet, la trêve ne pourra tenir que si les négociations
sur deux dossiers aboutissent : le point de passage de
Rafah, qui relie la bande de Gaza à l’Egypte, fermé
actuellement, et la libération du soldat israélien Gilad
Shalit capturé il y a deux ans et détenu dans la bande de
Gaza. Le Hamas exige que Rafah, le seul point de passage
vers le monde extérieur, ne soit pas sous le contrôle
d’Israël, et qu’il soit rouvert.
De son côté, Israël insiste pour que la réouverture se fasse
aux termes d’un accord datant de 2005 conclu avec le
président palestinien, Mahmoud Abbass, et qui prévoyait la
présence de contrôleurs internationaux et un système de
surveillance vidéo à distance contrôlé par Israël, ce que le
Hamas rejette.
Du côté israélien, le respect de la trêve pourrait dépendre
de la libération du soldat Gilad Shalit, alors que le Hamas
affirme que son sort ne fait pas part de l’accord. Dans la
foulée, Israël a annoncé que le premier ministre Ehud Olmert
se rendrait en Egypte cette semaine pour des entretiens avec
le président Hosni Moubarak qui devraient être axés sur le
sort du soldat israélien Gilad Shalit, capturé en juin 2006
par un commando palestinien à la lisière de la bande de
Gaza.
Outre ces deux sujets, l’arrêt de la contrebande est l’une
des principales exigences de l’Etat d’Israël dans le cadre
de l’accord de cessez-le-feu conclu sous l’égide de
l’Egypte. Toutefois, Ismaïl Haniyeh, chef du mouvement
islamiste dans le petit territoire côtier palestinien, a
déclaré vendredi que la contrebande entre l’Egypte et la
bande de Gaza, notamment d’armes et de munitions, se
poursuivra malgré la trêve conclue entre le Hamas et Israël.
« Nous ne pouvons pas parler d’un arrêt de la contrebande,
car cela est au-delà de nos capacités en tant que
gouvernement et nous n’avons donc pris aucun engagement à ce
sujet », a dit Haniyeh aux fidèles avant les prières du
vendredi à Gaza. Bref, tout montre que le climat demeure
très tendu.
Rania Adel