Palestine.
En dépêchant une fois de plus sa secrétaire d’Etat en Israël
et dans les Territoires, le président américain entame une
course contre la montre en vue d’obtenir un quelconque
progrès avant la fin de son mandat.
Dernier forcing de Washington
Réelle
volonté de donner un dernier coup de pouce audit processus
de paix ou simple visite pour sauver la face de
l’Administration de George W. Bush à laquelle on a reproché
le manque d’engagement à remettre le processus de paix sur
les rails ? La visite de la secrétaire d’Etat américaine en
Israël et dans les territoires occupés s’inscrit plutôt dans
l’optique de la deuxième option. Les analystes même se
demandent de quel accord de paix on peut parler alors qu’il
ne reste que quelques mois dans le mandat du président
américain. Ce qui s’est avéré irréalisable des années durant
peut-il devenir possible dans l’espace de quelques mois ?
L’Administration américaine y croit ou donne l’impression
d’y croire. « Nous continuons à croire que cet objectif est
à notre portée — un accord entre Palestiniens et Israéliens
d’ici la fin de l’année et d’ici la fin du mandat du
président Bush », a dit Condoleezza Rice à l’issue d’un
entretien avec le président palestinien Mahmoud Abbass à
Ramallah, en Cisjordanie.
Mais ce qui est assez singulier dans cette visite, c’est que
pour la première fois le chef de la diplomatie américaine
exerce une pression, ne serait-ce que verbale, sur l’Etat
hébreu. Lors d’une conférence de presse, Rice a précisé
qu’elle avait parlé avec le premier ministre israélien Ehud
Olmert, samedi soir, et son ministre de la Défense Ehud
Barak, dimanche matin, de la liberté de circulation dans les
territoires palestiniens et de la réduction des barrages
routiers. « Il ne faut pas regarder seulement la quantité,
mais aussi la qualité des améliorations apportées à la
liberté de mouvement de la population », a-t-elle dit.
Selon les autorités israéliennes, l’existence de cet
ensemble de barrages routiers et de postes de contrôle est
nécessaire pour empêcher les attentats suicides.
Les Palestiniens, eux, considèrent ces barrages comme une
punition collective qui pèse lourdement sur la vie
économique. Avant d’entamer samedi cette visite de deux
jours au Proche-Orient, Rice avait annoncé son intention de
vérifier si Israël avait pris sur le terrain les mesures
promises pour faciliter la vie des Palestiniens, notamment
en démantelant des barrages.
A la suite de son dernier passage dans la région fin mars,
Israël avait annoncé son intention de démanteler 61 barrages
en Cisjordanie occupée mais, selon une étude de l’Onu, 44
barrages seulement ont été levés et la plupart n’étaient pas
très importants. Selon l’Office de coordination des affaires
humanitaires des Nations-Unies dans les territoires
palestiniens (Ocha), Israël a procédé à « 17 déplacements de
remblais de terre qui n’ont eu aucune incidence et a
supprimé » neuf barrages ayant un effet minimum.
Olmert est l’objet de pressions croissantes des Occidentaux
pour assouplir les restrictions sur les déplacements des
Palestiniens et prendre d’autres mesures pour renforcer la
position du président Abbass, dont l’autorité est limitée à
la Cisjordanie depuis la prise de contrôle de la bande de
Gaza par le Hamas en juin 2007. Condoleezza Rice a jugé «
particulièrement problématique » la question des colonies
juives dans les territoires palestiniens.
Elle a ajouté que les Etats-Unis considéraient la poursuite
des implantations juives dans les territoires comme
particulièrement problématique pour le climat de confiance
qui est pourtant nécessaire. Lors de la réunion du Quartette
(Etats-Unis, Union européenne, Russie et Onu) vendredi
dernier, les grandes puissances ont appelé Israël à geler la
construction de colonies en Cisjordanie.
Négociations sérieuses
Mme Rice s’est aussi déclarée « impressionnée par le sérieux
et la profondeur des discussions » entre Israéliens et
Palestiniens, défendant par ailleurs la « confidentialité »
des négociations. « Je crois qu’il est important qu’on
comprenne qu’il s’agit des premières discussions sérieuses
sur toutes les questions de fond entre les parties depuis
sept ans », a-t-elle précisé.
Dans le quotidien qatari Charq de dimanche, le ministre
égyptien des Affaires étrangères Ahmad Aboul-Gheit a indiqué
savoir « qu’un progrès a été réalisé dans les négociations
entre Palestiniens et Israéliens », mais que ceux-ci ne «
veulent pas en révéler la nature » à ce stade.
Abbass et Olmert ont accepté de reprendre les pourparlers de
paix avec pour objectif de parvenir à un accord avant le
départ de Bush de la Maison Blanche. Peu de progrès visibles
ont cependant été enregistrés jusqu’ici. Les Etats-Unis,
tout comme Israël, cherchent à renforcer le pouvoir de M.
Abbass, par opposition au Hamas islamiste, qui contrôle la
bande de Gaza depuis juin 2007. Samedi, les forces de
sécurité de Abbass se sont déployées à Djénine, dans le nord
de la Cisjordanie, afin de renforcer le contrôle de
l’Autorité palestinienne sur le secteur.
Leur mission consiste avant tout à arrêter et désarmer les
militants du mouvement radical Hamas, au pouvoir à Gaza
depuis son coup de force de juin 2007. Elle s’inscrit dans
le cadre des engagements de sécurité pris par les
Palestiniens en novembre à Annapolis, aux Etats-Unis.
D’autres déploiements du même ordre ont d’ailleurs eu lieu
ces derniers temps dans le nord de la Cisjordanie.
De Gaza, le Hamas a accusé Mahmoud Abbass de faire le jeu
d’Israël en arrêtant ses membres et a vivement dénoncé le
déploiement de Djénine.
Rania
Adel