Al-Ahram Hebdo, Evénement | Après l’euphorie, le désenchantement
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 7 au 13 mai 2008, numéro 713

 

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Mesures . L’Assemblée du peuple vient de voter une augmentation des prix des produits énergétiques pour trouver les ressources nécessaires à la hausse des salaires de 30 % décidée par le chef de l’Etat le 1er mai.

Après l’euphorie, le désenchantement

La satisfaction n’aura duré que quelques jours. Le Parlement vient d’approuver une forte hausse des prix des produits pétroliers, ce qui réduirait à presque rien l’augmentation salariale de 30 % destinée aux fonctionnaires et annoncée par le président Hosni Moubarak. « Retirez les 60 L.E. que vous allez ajouter à mon salaire mais gardez les prix tels quels », cette réaction de Nermine, fonctionnaire au ministère de la Culture est significative. Car la majoration des prix énergétiques ne se limitera évidemment pas à ce seul secteur et entraînera une augmentation devant toucher tous les produits.

Le président avait réclamé au gouvernement que cette prime exceptionnelle soit payée à la fin du mois de mai alors que normalement, elle s’applique depuis le salaire de juillet, date d’entrée en vigueur du nouvel exercice financier. Pourtant, l’initiative présidentielle était venue couronner plusieurs autres mesures, qui visent à calmer une tension sociale en escalade, notamment à cause du renchérissement des produits alimentaires. « Ces conditions exceptionnelles imposent une augmentation exceptionnelle », avait souligné le président. Elle exige des revenus supplémentaires pour éviter que le déficit budgétaire ne se creuse davantage. Il s’aligne déjà à 6,7 % du PIB en 2007-08, soit 67,7 milliards de L.E.

Mais comment disposer de ces dépenses supplémentaires ? Un plan proposé par le PND à cet égard est passé au Parlement, comme une lettre à la poste, comme l’a formulé l’homme fort du parti, Ahmad Ezz (président du comité du plan et du budget, au sein du Parlement). Ce plan assure des revenus supplémentaires à la hauteur de 12 milliards de L.E. Le principal ingrédient du plan est la hausse des prix de l’essence, du diesel ainsi que ceux du gaz naturel destiné à l’industrie (voir graphique). Soit une baisse des subventions allouées à l’énergie. Celles-ci s’élèvent à 56 milliards de L.E.

Pour Ezz, cette hausse signifie donc « une redistribution de la subvention qui profitait aux classes les plus aisées (qui possèdent des voitures ou des usines dans les zones franches) pour pouvoir hausser les salaires, préserver le prix du pain subventionné et augmenter la quantité des produits alimentaires subventionnés », a-t-il souligné lors d’une conférence de presse. Et de donner l’exemple de l’essence 80 octane, vendu à 0,9 L.E. la litre, qui n’a connu aucune hausse, alors que l’essence 95 octane, utilisé par les voitures de luxe, a connu une hausse de 57 %.

Quoi que l’argument présenté par Ezz paraisse généreux, il ne représente qu’un seul côté de la vérité. Car l’impact le plus pesant de la hausse des prix des carburants ne sera autre que l’augmentation des prix de tous les produits. L’expérience de 2004 et 2005 le prouve. Quand le gouvernement avait effectué des hausses similaires, l’inflation a considérablement augmenté pour atteindre près de 18 % en 2005. Rien n’empêche que le même scénario se répète. « Les prix des transports augmenteront, donc celui de toutes les marchandises par suite », explique Abdallah Chéhata, professeur d’économie à l’Université du Caire. Le premier ministre, Ahmad Nazif, ne le nie pas. « Mais c’est le moindre impact », selon un communiqué de presse distribué par le comité du plan et du budget. « Vous devez imaginer la situation si nous avons financé cette prime en augmentant le déficit budgétaire. L’effet sur l’inflation aurait été désastreux, ce qui aurait annulé l’effet de l’augmentation des salaires », ajoute Nazif. En répondant à une question de l’Hebdo, lors d’une conférence de presse, il a avoué que la hausse du prix du diesel est celle qui pèse le plus. « Mais ce sera un impact relativement limité, qui va être compensé par la hausse des salaires ». Des arguments qui ne convainquent pas Abdallah Chéhata. « En l’absence de règles et de contrôle, les tarifs des transports augmentent à des taux qui dépasseront de loin la majoration édictée », prévient-il.

Ragui Assaad note par ailleurs que « la prime ne concerne que les fonctionnaires de l’Etat, soit le quart de la main-d’œuvre, alors que chaque entreprise privée devra définir la prime annuelle selon ses propres critères, la loi du travail stipulant une augmentation annuelle de seulement 7 % ». Par ailleurs, une autre tranche, plus pauvre travaille dans le secteur informel et dans le secteur agricole.

Pour Ahmad Galal, directeur de l’Economic Research Forum, c’est une mesure qui mène à davantage d’inflation. « Une inflation galopante n’est pas souhaitable pour les investissements, par extension pour l’emploi ». Il appelle ainsi à prendre d’autres mesures en parallèle afin d’éviter « que le pays n’entre dans un cercle vicieux : il s’agit de réduire les dépenses publiques, et limiter les crédits bancaires », ajoute Galal.

Une recette qui ne plaît pas au gouvernement qui vise à maintenir un taux de croissance élevé, même au prix d’une inflation élevée.

Salma Hussein
Marwa Hussein

Le gouvernement a besoin de trouver quelque 14 milliards de L.E., dont deux milliards sont déjà disponibles. C’est pourquoi il a introduit des hausses de quelques impôts et une baisse des subventions à l’énergie. Il a également annulé les exemptions douanières et fiscales accordées aux zones franches et à l’enseignement privé. Le gouvernement voulait prendre ces mesures depuis plus d’un an, mais se heurtait au veto du président, qui a déclaré le 13 mars dernier qu’il n’est pas permis d’augmenter les prix de l’essence et le diesel. La hausse des primes qu’il a demandée a été le moment propice pour faire passer ces mesures impopulaires.

 




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