Arrondir
les angles
Radicalement opposées à l’origine, les positions sur
l’Iraq du Républicain John McCain et du Démocrate Barack
Obama, candidats à la présidentielle américaine,
semblent commencer à converger vers un juste milieu à
l’approche de l’échéance électorale.
M.
McCain, jusqu’ici farouche adversaire d’un quelconque
calendrier de retrait américain d’Iraq, réclamé par les
Démocrates, a récemment mentionné pour la première fois
l’échéance à laquelle il souhaitait voir l’essentiel des
soldats de retour : 2013, c’est-à-dire au terme du
prochain mandat présidentiel. Ce discours du sénateur de
l’Arizona sonne comme une tentative de séduction à
l’égard de l’électorat démocrate et indépendant à
l’approche de l’élection de novembre, de la part du seul
candidat favorable à la poursuite de la guerre en Iraq,
un conflit devenu extrêmement impopulaire dans l’opinion
publique américaine. Les Démocrates attaquent
constamment M. McCain pour avoir suggéré que des soldats
américains pourraient y rester pendant « 100 ans »,
comme en Corée du Sud depuis la fin de la guerre de
Corée.
Les
ajustements de discours sur l’Iraq ne sont toutefois pas
l’apanage du camp républicain. Côté démocrate, les
risques encourus par les Etats-Unis en cas de retrait
précipité, mis en avant par la majorité des militaires
et des experts, ont également poussé Barack Obama à
arrondir les angles. Adversaire déclaré de la guerre en
Iraq, le sénateur de l’Illinois promet de retirer les
soldats américains d’Iraq dans un délai de 16 mois après
son entrée en fonction, en janvier 2009. Mais à
l’approche du scrutin et de la possible épreuve du
pouvoir, le candidat favori à l’investiture démocrate
montre des signes de prudence. Lors d’un débat mi-avril
avec sa rivale Hillary Clinton, M. Obama s’est réservé
le droit d’ajuster ses vues en fonction de la situation
sur le terrain. Samantha Powers, ancienne conseillère de
Barack Obama, avait mis les pieds dans le plat en
relativisant l’engagement de M. Obama à retirer d’Iraq
les troupes de combat en 16 mois, le décrivant comme «
le scénario le plus optimiste » et susceptible d’être
révisé. « Vous ne pouvez pas vous engager en mars 2008
sur ce que seront les circonstances en janvier 2009 »,
avait-elle affirmé.
Mais
pour des raisons électorales évidentes, Républicains et
Démocrates nient que leurs positions se rapprochent
aujourd’hui jusqu’à se ressembler.