Al-Ahram Hebdo,Environnement | « Il faut que le FEM reste un mécanisme innovant »
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 28 mai au 3 juin 2008, numéro 716

 

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Environnement

Protection de l’Environnement. Récemment en visite au Caire, Monique Barbut, présidente et directrice générale du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), s’exprime sur la mission et la gestion de cet organisme.

« Il faut que le FEM reste un mécanisme innovant »

 

Al-Ahram Hebdo : Pour commencer, expliquez-nous comment est né le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et quelle est sa fonction.

Monique Barbut : Le FEM est un organisme indépendant qui réunit 178 pays, en partenariat avec des institutions internationales, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et le secteur privé, pour s’attaquer à des problèmes environnementaux à caractère mondial. Il accorde des aides financières aux pays en développement ou en transition pour réaliser des projets dans les domaines de la biodiversité, du changement climatique, des eaux internationales, de la dégradation des sols, de la couche d’ozone et des polluants organiques persistants. Ces projets profitent à l’environnement à l’échelle de la planète. Ils sont le trait d’union des enjeux écologiques à l’échelle locale, nationale et mondiale, et favorisent l’adoption de moyens d’existence viables. Créé en 1991, le FEM est aujourd’hui la première source de financement des projets d’amélioration de l’état environnemental du globe. Il a accordé des aides à hauteur de 7,6 milliards de dollars sur ses fonds propres et mobilisé plus de 30.6 milliards de dollars de cofinancement à l’appui de quelque 2000 projets dans plus de 165 pays en développement ou en transition. Dans le cadre de son programme de microfinancements, il a également accordé plus de 7 000 financements, en allouant chaque fois, sans intermédiaire, jusqu’à 50 000 dollars à des ONG et à des organismes de proximité. Son instance décisionnelle est le Conseil du GEF, composé de 16 pays de l’OCDE (l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques), de 2 pays en transition, et de 14 pays en développement. Le Conseil s’appuie sur un Secrétariat, basé à Washington, géré administrativement par la Banque mondiale. Le budget du FEM est reconstitué tous les quatre ans par les pays donateurs : en 1994, le Fonds avait été doté de deux milliards de dollars ; son financement est passé à 2,75 milliards de dollars en 1998, à 2,9 milliards en 2002, puis à 3,1 milliards de dollars en 2006.

— Cela fait maintenant deux ans que vous êtes à la tête du FEM. Comment le voyez-vous dans les 10 prochaines années ?

— Je le vois comme l’instrument financier de la CCNUCC (Convention Cadre des Nations-Unies sur les Changements Climatiques), mais pas uniquement de cette convention. Le FEM est aussi l’instrument financier de la biodiversité et de la désertification, et je pense qu’il est important de bien garder l’ensemble de ces synergies parce que c’est ce qui fait la force du FEM. En effet, le FEM est une institution internationale particulière : c’est la seule institution qui finance aussi bien les banques que les Nations-Unies. C’est donc une passerelle importante et il faut conserver cette passerelle entre différentes institutions, mais entre différents secteurs aussi, et donc pour moi, je la vois comme une institution renforcée. Je pense qu’il faudra d’ici quelque temps revoir son système de gouvernance globale et son système de fonctionnement, mais je pense que l’avenir est à une structure telle que celle-ci. Elle est unique dans le contexte multilatéral et la seule enceinte qui ne se consacre qu’au financement des questions d’environnement. Donc, à mon avis, il est important de la conserver.

— Lors de la dernière conférence sur le climat de l’Onu à Bali, il a été décidé que le FEM gère un nouvel organisme, le Fonds d’adaptation au changement climatique. En quoi consiste ce Fonds ?

— L’idée de ce nouveau projet de Fonds d’adaptation est d’engranger 2 % du montant du Mécanisme du Développement Propre (MDP), soit 70 millions de dollars dès maintenant et 500 millions en 2012. Le MDP permet à un pays qui dépasse ses quotas d’émissions de CO2 de les compenser en finançant des projets verts de réduction des émissions dans des pays en développement.

— Certains pays en développement craignent que la surreprésentation des pays industrialisés au sein du FEM ne leur soit défavorable. Qu’en dites-vous ?

— En ce qui concerne les craintes des pays en développement, il faut savoir que le Fonds d’adaptation au changement climatique a un conseil qui lui est propre, donc il n’est pas le même que le conseil du FEM. Ce conseil, dont la composition a été décidée à Bali par la Conférence des parties à la CCNUCC, est à majorité de pays en développement et le principe de vote est d’une voix pour un pays. Cela veut dire que les pays en développement ont la majorité dans ce conseil. Donc, je pense que ce problème de représentativité a déjà été réglé.

— Comment ce Fonds d’adaptation au changement climatique va-t-il être géré ?

— Nous avons tenu un premier conseil au mois de mars et il y en aura un deuxième en juin prochain. Pour le moment, on a regardé beaucoup de questions administratives. Au deuxième conseil, l’on devrait aborder la question des lignes directrices de ce Fonds et donc des priorités de financement. C’est un Fonds qui, un jour, aura beaucoup d’argent et donc il faut le gérer comme un conseil d’administration et non comme une négociation des Nations-Unies. Clairement, il va falloir que l’on se mette d’accord sur les secteurs prioritaires, les pays prioritaires et donc cette discussion, je pense qu’elle aura lieu dans les conseils qui vont se tenir durant cette année.

— Le FEM gère déjà deux autres portefeuilles réservés à l’adaptation qui sont le Fonds spécial pour les changements climatiques et le Fonds pour les PMA (Pays les Moins Avancés). N’est-ce pas un peu trop ?

— Alors effectivement, le FEM gère déjà deux Fonds sur l’adaptation. Ces deux Fonds-là sont aussi issus de la CCNUCC. Donc, si un jour l’on considère qu’il y en a trop, ce n’est pas au FEM de décider de les supprimer, mais c’est à la CCNUCC elle-même de le faire. Moi, je considère qu’ils ont aussi une vie un petit peu différente. Par exemple pour le Fonds pour les PMA, il est toujours utile d’avoir de l’argent en plus pour les pays les plus pauvres. Quant à l’autre Fonds, il contient par exemple un volet sur le transfert de technologie ...

— Vous tentez de développer d’autres instruments de financement comme les crédits, alors qu’auparavant, le FEM ne faisait que des dons. Pourquoi ?

— A mon avis, il faut que le FEM reste aussi un mécanisme innovant, un mécanisme qui essaye de nouvelles formules. Cela ne veut pas dire qu’on les rend obligatoires. Cela veut dire que l’on ouvre le champ du possible pour un tas de choses. Donc, il ne faut pas le prendre comme une chose restrictive. Au contraire, cela permet d’élargir le champ d’activités du FEM. Et donc, on a effectivement fait adopter par le conseil en avril un ensemble de séries d’autres mécanismes de financement autres que les dons. On a aussi fait adopter une stratégie du secteur privé avec des lancements de prix internationaux pour les programmes innovants. Donc, on avance et on aura certainement d’autres problématiques à présenter. On a aussi fait adopter une approche programmatique par le conseil qui est très intéressante pour les pays qui ont le moins bénéficié du FEM.

Propos recueillis par
 Dalia Abdel-Salam

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En bref

Biodiversité
Alors que la communauté internationale est confrontée à une grave crise alimentaire, les représentants de 191 pays ont entamé, le 19 mai à Bonn, en Allemagne, un marathon de deux semaines de discussions concernant la destruction des ressources animales et végétales de la planète. Cette conférence est la neuvième des pays membres de la Convention de l’Onu sur la Diversité Biologique (CDB) qui avait été adoptée en 1992 lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro. Or, le temps presse : la CDB s’est fixée pour objectif de ralentir de manière significative d’ici 2010 le rythme actuel effarant de l’appauvrissement de la biodiversité. La dernière liste rouge des espèces menacées établie par l’Union mondiale pour la nature (UICN) révèle qu’un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit, un tiers des amphibiens et 70 % des plantes sont menacés. C’est l’homme qui est directement à l’origine de cette extinction massive. Pour les experts, le maintien de la biodiversité est l’assurance-vie de l’homme face au changement climatique.

           

Biocarburants
Les biocarburants, dont l’UE a fait l’un des grands axes de sa politique environnementale, ne doivent pas se développer au détriment des cultures destinées à l’alimentation, a mis en garde la semaine dernière le vice-président de la Commission européenne, Günter Verheugen. « Je me félicite que l’heure ne soit plus à l’euphorie à propos des biocarburants », a ajouté le commissaire allemand, qui s’est prononcé pour que la recherche mette l’accent sur les biocarburants dits de seconde génération, « par exemple dans les technologies de l’hydrogène ».

« Ce qui compte pour la Commission, c’est le développement durable. Si la production de denrées alimentaires est entravée, ou si la forêt tropicale est abattue (du fait des biocarburants), ça ne fonctionne pas du tout ». « Si les biocarburants entraînent un bilan environnemental négatif, on fait fausse route. Nous devrions y regarder à deux fois avant de miser sur les biocarburants de manière inconditionnelle », a encore déclaré le commissaire.

Réchauffement climatique
Le réchauffement de la planète pourrait entraîner à la fin du siècle une baisse de fréquence des ouragans de l’océan Atlantique, mais une hausse de leur intensité, prévoit une récente étude, à l’encontre des théories annonçant des cyclones plus fréquents. Cette étude, publiée dans la revue Nature Geoscience, relance le débat à propos de l’impact des émissions de gaz à effet de serre sur la formation des tempêtes tropicales et ouragans dans l’Atlantique, au large des Caraïbes.

Une simulation de l’activité cyclonique dans cette région pour les ultimes décennies du siècle prévoit une baisse de 18 % du nombre d’ouragans, et de 27 % pour les tempêtes tropicales. « Cela contredit la thèse selon laquelle la hausse des émissions de gaz à effet de serre accroît la fréquence des ouragans dans l’Atlantique », a souligné Thomas Knutson, l’un des auteurs de l’étude.

Nature
La destruction de la nature coûte 2 000 milliards d’euros par an au monde, selon une étude présentée la semaine dernière à la conférence de l’Onu sur la biodiversité. Chaque année, la disparition d’espèces animales et végétales coûte 6 % du Produit National Brut (PNB) mondial, soit 2 000 milliards d’euros, selon une étude intitulée The Economics of Ecosystems and Biodiversity (l’économie des systèmes écologiques et de la biodiversité). « Les pauvres du monde portent la charge la plus lourde », écrit le responsable de l’étude, Pavan Sukhdev. Ainsi, dans les pays pauvres, la perte de biodiversité représente chaque année la moitié de leurs richesses économiques selon Sukhdev, un haut responsable de la Deutsche Bank en Inde.

 




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