Al-Ahram Hebdo, Société | La cabane comme alternative
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
Nos Archives

 Semaine du 9 au 15 avril 2008, numéro 709

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Invité

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Idées

  Livres

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Société

Initiative. Un architecte égyptien lance une idée originale pour mettre fin à la crise de logement. Construire des maisons en bois, se passer de béton, de ciment et de fer dont les prix ont flambé. Une nouveauté qui suscite un débat.  

La cabane comme alternative 

On les voit dans les films américains, ça impressionne, ça fait rêver avec un design tout à fait simple, des décors flexibles, et des surfaces assez vastes. Cependant, est-ce qu’on peut faire le choix de vivre dans de telles maisons fabriquées en bois ? Tel est le défi de l’architecte Raafat Ibrahim, qui a vécu une vingtaine d’années à l’étranger. Lui, un architecte spécialisé dans la construction des maisons et villas en bois au Canada et aux Etats-Unis, suit attentivement les nouvelles de son pays natal. Il est au courant de la crise de logement qui ne cesse de prendre de l’ampleur. L’idée lui vient alors de construire de telles maisons en Egypte. Une affaire qui pourrait, selon lui, diminuer le coût de la construction et offrir un nouveau style d’architecture, de haute qualité, hygiénique et bien sécurisé, puisque ces logements seront construits conformément aux normes internationales. Et pour concrétiser l’idée et arriver à convaincre les responsables, il décide d’exécuter une maison ou plutôt une villa de quatre étages à la cité du 6 Octobre, en face de l’aéroport. Et aussi une mosquée en bois. Il lui fallait un spécimen concret pour expliquer aux gens son idée. Au milieu de cette région désertique, se dresse sa villa de style différent. Il a suivi lui-même sa construction, veillé à tous les détails depuis 3 mois. Aujourd’hui, il est fier de son chef-d’œuvre.

Quatre étages avec une ossature en bois, recouverte de plaques de plâtres, lesquelles ont été traitées avec des substances résistant aux incendies et aux insectes, d’autres matières pour isoler du bruit et de la chaleur. Le réseau électrique intégré a été conçu selon les normes internationales. Quant aux décors, une certaine flexibilité est offerte au propriétaire pour les concevoir selon son goût, son budget et utiliser les matériaux qui lui plaisent. « Les façades peuvent être couvertes de pierres pharaoniques, de briques, de ciment et même de granite … Tout est possible, suivant les moyens de chaque client », explique Raafat qui ajoute que construire une maison en bois ne coûte qu’environ le tiers d’une maison traditionnelle fabriquée de fer et de briques et ne nécessite pas autant de main-d’œuvre.

Cependant, il lui a fallu du temps pour chercher des matériaux de bonne qualité et former des maçons pour ce genre de construction. « En supposant que certains matériaux soient importés, mais que l’on peut trouver en Egypte et que le mètre cube de bois importé s’achète à 900 L.E., la construction ne revient pas cher. Une maison en bois d’une superficie de 125 m2 avec deux étages coûterait environ 160 000 L.E. », renchérit Raafat tout en précisant que la construction du m2 revient à 700 L.E.

Quant à la main-d’œuvre, elle est composée de menuisiers, de peintres et de maçons venus de différents gouvernorats, pour travailler dans la capitale. Apprendre à couper du bois, à utiliser les outils nécessaires pour exécuter tel ou tel design en bois, des techniques que Raafat a tenu à transmettre. Une tâche pas très compliquée comme le dit Hicham, originaire de Louqsor, diplômé et qui travaille dans la construction depuis qu’il a terminé ses études universitaires.

 

Faire des convertis

Hicham explique que s’initier à ce style tout à fait nouveau et constater le résultat d’une telle expérience nous ont encouragés à assimiler les méthodes. Hicham est l’un des six ouvriers qui ont contribué à la construction du spécimen en bois, sous la vigilance et les instructions de Raafat. Hicham est séduit et convaincu par l’idée, il a même l’intention de construire sa propre maison à Louqsor après avoir saisi toutes les techniques. « C’est beaucoup moins cher, facile à exécuter et en un temps record en utilisant les matériaux adéquats, on est assuré de la sécurité. Nous avons suivi de nos propres yeux toutes les étapes de la construction et il n’y a pas de déficience en matière de sécurité », assure Hicham, content d’avoir enfin trouvé une solution à son problème de logement.

Une opinion qui peut être évidente de la part de quelqu’un qui a participé à la construction de cette maison, mais pas d’autres jeunes qui n’arrivent pas toujours à saisir l’idée et s’interrogent sur l’idée de vivre dans une construction en bois.

« Qui peut nous épargner des incendies, des changements de climat et de l’humidité ? », s’interroge Karam, jeune employé, qui représente une catégorie et qui n’arrive pas à admettre l’idée de vivre dans des maisons en bois. D’autres d’esprits plus ouverts demandent, cependant, des réponses à leurs craintes en matière de sécurité pour encourager de telles constructions. « Pourquoi pas, si la maison possède les normes de sécurité nécessaires et convient à notre mode de vie et climat. C’est une initiative digne de respect. Pourquoi refuserait-on une solution pareille qui va atténuer la crise du logement ? Au contraire, s’offrir une maison du style américain, qui revient moins cher qu’une villa dans un quartier huppé et construite traditionnellement, c’est l’aubaine », dit Ahmad Moustapha, réalisateur à la télévision.

 

Absence de réalisme ?

Akram Al-Magdoub, un autre architecte égyptien, pense que si la maison est conçue selon les critères de sécurité et les qualifications internationales, tout en économisant les coûts, le gens pourraient bien apprécier l’idée.

Cependant, l’idée de ce projet n’échappe pas à la polémique. « Je pense que le fait de construire de telles maisons n’est pas conseillé en Egypte, puisque nous ne sommes pas un pays producteur de bois. Les pierres et les briques sont  les plus disponibles sur le marché. Mais si cette expérience est bien étudiée et qu’elle peut réduire le coût des logements, pourquoi pas ? », explique Al-Magdoub tout en ajoutant qu’il est trop tôt pour juger l’expérience. Il faut attendre de voir le spécimen sous sa forme finale et bien l’étudier. Avis d’un spécialiste qui mérite d’être pris en considération. Or, Raafat est toujours là dans son nouveau projet, prêt à répondre à toutes les questions, à présenter les plans nécessaires. Bien convaincu de son projet, il décide de construire d’autres maisons, toujours à la cité du 6 Octobre. Le but est d’initier et former de jeunes architectes récemment diplômés quant à cette nouvelle méthode de construction. Il confie avoir plusieurs demandes de différentes sociétés et même des particuliers qui désirent construire leurs villas suivant ce nouveau style.

Bien déterminé, Raafat attend que son idée soit exécutée dans le cadre d’un grand projet au profit des jeunes qui cherchent un appartement avec les moyens de bord. « Je ne cherche guère à faire des profits, mon but est de participer à lancer ce projet en Egypte, déjà retardé, et d’aider les jeunes qui sont à la recherche de logements à des prix modérés. J’ai répondu à l’appel du ministère de la Santé qui m’a demandé de monter quelques centres de soins d’urgence sur les routes, bien entendu en bois », explique Raafat qui a l’intention de construire un compound sur la route Le Caire-Alexandrie, à environ 90 km du Caire. Des unités qui seront vendues à des prix raisonnables aux familles de couche moyenne.

Un projet qui doit être bien étudié et expliqué particulièrement aux gens fidèles au style classique et qui ont du mal à changer de mentalité et de style de logement. Cependant, Raafat reste très optimiste. « Il faut du temps pour que les gens soient convaincus d’habiter des maisons comme celles qu’ils voient dans les films américains et pouvoir se sentir chez eux comme dans une maison en briques », conclut Raafat,

Doaa Khalifa

Retour au sommaire

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Névine Kamel- Howaïda Salah -Thérèse Joseph
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.