Al-Ahram Hebdo,Invité | Anne-Marie Idrac, « La France est intéressée à contribuer au nucléaire civil égyptien »
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Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 9 au 15 avril 2008, numéro 709

 

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Invité

Anne-Marie Idrac, secrétaire d’Etat française au Commerce extérieur, était au Caire la semaine dernière. Elle fait le point sur les rapports économiques avec l’Egypte. 

« La France est intéressée à contribuer
au nucléaire civil égyptien »
 

Al-ahram hebdo : Vous avez rencontré 6 ministres égyptiens lors de votre visite. Quels ont été les principaux sujets de discussion ?

Anne-Marie Idrac : D’abord, la confirmation d’un excellent climat aussi bien politique qu’économique entre nos deux pays. Cela était rappelé aussi bien par le premier ministre, Ahmad Nazif, que par d’autres ministres. En ce qui concerne les relations bilatérales à caractère commercial, j’ai retenu quatre thèmes qui peuvent permettre un meilleur développement des flux d’échange et des exportations françaises en particulier.

Le premier, c’est celui du transport et de l’infrastructure. Bien sûr, il y a le métro du Caire dont la France s’occupe depuis longtemps en relation avec les autorités égyptiennes. Au-delà du métro, le premier ministre m’a dit qu’il pourrait être intéressé à des projets de transport de masse vers le Nouveau-Caire ou la ville du 6 Octobre notamment s’ils pouvaient se réaliser avec des formules de paiement innovantes. La France s’intéresse également à réaliser des projets dans le domaine des télécommunications ou encore celui de la météo, pour lequel j’ai signé un accord de modernisation. Le deuxième thème, c’est celui des nouvelles technologies. J’y vois l’intérêt d’une diversification de l’économie égyptienne, des types d’investissement, des exportations et de développement également pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME) françaises. C’est donc un intérêt complètement réciproque. Le troisième thème concerne les ressources humaines ; la formation et l’éducation et aussi la culture. Finalement, le quatrième thème d’intérêt commun est celui de l’énergie avec un focus particulier sur l’énergie électrique et la production nucléaire d’énergie électrique. Domaine dans lequel la France dispose d’une grande expérience avec 58 usines de production d’électricité nucléaire sur notre territoire, de nombreux contrats à travers le monde et de nombreuses discussions avec d’autres pays de la zone. Donc, la France est bien entendu intéressée par les dynamiques nouvelles qui s’ouvrent à cet égard en Egypte.

Vous avez ajouté à votre programme une rencontre avec Hassan Younès, le ministre de l’Electricité. Est-ce une preuve d’un intérêt spécial de la France pour le domaine du nucléaire ?

— Cette rencontre avec M. Younès était un complément par rapport au programme. Un complément de rendez-vous qui était souhaité par moi-même et tout à fait encouragé par le premier ministre égyptien ainsi que par le ministre de l’Industrie, Rachid Mohamad Rachid. J’étais frappée et intéressée par la très bonne connaissance de la performance française en matière nucléaire qu’ont manifestée les ministres égyptiens. En fait, la France a pris note des efforts de rapprochement entrepris par la Russie avec l’Egypte dans ce domaine ; je suis convaincue que l’offre française de coopération a beaucoup à apporter dans ce domaine grâce aux capacités internationalement reconnues du groupe AREVA. Il existe, en effet, entre la France et l’Egypte un protocole de coopération signé en 1981. Une des hypothèses sur lesquelles nous pouvons travailler serait de réactiver le protocole en question. Quoi qu’il en soit, plusieurs entreprises françaises pourraient être intéressées par l’appel d’offres sur les études que M. Younès vient de lancer.

Vous avez effectué plusieurs rencontres avec les communautés d’affaires française et égyptienne ainsi que des visites de terrain. Qu’avez-vous retenu de ces visites ?

— Je suis allée au Smart Village, où j’ai visité deux entreprises françaises, Valeo et Alcatel-Lucent. Je voulais vous dire à titre personnel que j’étais touchée, voire émue de voir de jeunes Egyptiens, de jeunes hommes et femmes issus de vos écoles et de vos universités travaillant sur des projets d’innovation technologique en réseau avec leurs collègues d’autres pays du monde et d’autres pays d’Europe. Nul autre que ces investissements, ces capacités d’innovation et ces talents contribuent au développement de l’Egypte, créent de bonnes relations entre nos pays et finalement contribuent au développement global de l’ensemble de nos économies. J’ai également visité les travaux de la nouvelle ligne du métro. J’avais déjà visité les premières lignes il y a quelques années.

Votre visite intervient deux semaines après la validation par le Conseil européen de l’initiative du président français Nicolas Sarkozy du projet d’Union pour la Méditerranée. Comment ce nouveau projet sera-t-il concrétisé ?

— Sur l’Union pour la Méditerranée, nous avons pu constater une approche conjointe qui me paraît pouvoir se résumer autour de deux principes. Le premier, c’est l’idée d’une approche concrète et pragmatique autour de projets à dimension régionale intéressant les Etats autour de la mer Méditerranée.

Le second, c’est l’idée de parités d’initiative entre les différents Etats sur un pied d’égalité. Et en ce qui concerne le commerce, nous avons l’intention d’avancer très concrètement dès le 2 juillet, lors de la réunion des ministres européens du Commerce, qui aura lieu à Marseille en complément avec une réunion d’hommes d’affaires intéressés par les projets.

A titre d’exemple, deux thèmes pourraient nous permettre d’avancer, à l’occasion de ces premières réunions. Le thème de la formation et celui du transport des marchandises pour le développement de l’activité économique.

Vous avez cité plusieurs fois le thème de la formation et des ressources humaines, la France approuve-t-elle un intérêt spécial dans ces domaines ? Et pourquoi ?

— Il me semble que la question des ressources humaines doit être un champ particulier de développement. Et donc, nous l’avons évoquée de la sorte avec le ministre de l’Industrie et le premier ministre. Pourquoi ? D’abord, pour des raisons, simplement, de contribution au développement de chacun de nos deux pays. Et puisque d’une part et d’autre de la Méditerranée c’est la qualité de la formation, ce sont les capacités de l’innovation qui permettent de créer des produits à haute valeur ajoutée et donc de les vendre sur les marchés internationaux et qui permettent aussi sur le plan social d’assurer le développement équilibré à chacun des pays. Donc, je crois qu’il y a sur ces questions-là un très grand engagement politique pour des raisons globales. En Egypte, pour la création d’emplois au rythme qui convient pour accueillir l’ensemble de la main-d’œuvre disponible sur le marché du travail. Et pour nos pays aussi, au nord de la Méditerranée, c’est très important de pouvoir valoriser au mieux la ressource humaine par rapport à la compétition d’autres parties du monde.

Une grande partie des investissements français en Egypte sont dans les domaines des services et non pas dans le secteur industriel, supposé être promoteur d’un développement plus durable. Y a-t-il une perspective pour modifier cette situation ?

— Nous souhaitons avoir des échanges équilibrés et diversifiés. D’autre part, je voulais attirer l’attention sur le fait que les investissements dans les services sont particulièrement intéressants. Parce qu’ils sont créateurs d’emplois de différents niveaux et susceptibles ainsi de contribuer à la croissance de l’Egypte et de contribuer à absorber une partie de plus en plus forte, je l’espère, de l’accroissement de la population active disponible sur le marché de travail. Mais il n’y a pas d’a priori entre un partage entre tant d’investissements des services et tant d’investissements industriels. Cela dépend de l’intérêt des entreprises et des partenariats qu’elles peuvent porter.

Comment jugez-vous l’environnement d’investissement en Egypte. En avez-vous parlé avec les investisseurs français en Egypte ?

— C’est très frappant, je rencontre des investisseurs heureux et qui ont envie de se développer. Donc, il n’y a pas eu lieu d’avoir des discussions sur les contextes juridique, réglementaire voire politique.

Les récentes accusations de monopoles adressées à la société française de ciment Lafarge n’ont-elles pas eu un effet négatif sur cette vision ?

— Personne ne m’en a parlé. Et d’ailleurs à ma connaissance, il y a plusieurs entreprises de ciment en Egypte. Il y a même toutes les entreprises françaises œuvrant dans le domaine.

Comment le ralentissement de l’économie mondiale surtout dans les pays développés a-t-il affecté le mouvement des investissements étrangers directs ?

— Les évolutions des dernières années montrent bien qu’il y a une très forte dynamique des investissements dans les pays où le développement est le plus rapide. Le taux de croissance que vous avez en Egypte, veut dire qu’il y a plus d’investissements que dans des pays où l’économie est plus mûre et donc moins dynamique surtout pour des raisons démographiques d’ailleurs. L’internationalisation de l’économie veut dire plus d’investissements dans les pays qui croissent le plus et donc c’est le cas de l’Egypte.

L’euro fort et le dollar faible, cette situation n’a-t-elle pas influencé les exportations françaises ? Déjà en Egypte, et dans la région en général, le prix d’un bien importé des Etats-Unis ou de l’Asie est considérablement inférieur au prix français et européen en général.

— C’est vrai que la crise financière, le dollar faible et les prix des matières premières ont eu un impact sur l’économie européenne et donc française. Pour nous, c’est donc une raison de plus d’avoir des entreprises exportatrices innovantes dans leurs produits et aussi dans leur mode de faire et dans les partenariats qu’elles peuvent nouer avec des acteurs locaux de sorte qu’on minimise ce type d’inconvénient dans l’intérêt des deux pays.

Propos recueillis par Marwa Hussein

 




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