Al-Ahram Hebdo,Environnement | S’adapter au Pire
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 Semaine du 9 au 15 avril 2008, numéro 709

 

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Environnement

Conférence. Le Conseil National de la Maternité et de l’Enfance (CNME) a organisé une conférence, les 31 mars et 1er avril, avec pour thème « Les changements climatiques et leurs effets sur la famille et l’enfant ». Les experts appellent à agir vite.

S’adapter au Pire

On connaît déjà les impacts naturels du réchauffement de la planète et des changements climatiques qu’il occasionne. Mais connaît-on assez ses impacts sociaux ? Le sujet commence en tout cas à faire l’objet de plusieurs conférences en Egypte. Ministères concernés, ONG, ainsi que le Conseil National de la Maternité et de l’Enfance (CNME) se sont penchés sur la question. Ce dernier vient en effet de tenir une conférence, le 31 mars et le 1er avril, abordant les changements climatiques, sur la corniche de Maadi, au Caire, siège du conseil.

« Le conseil a décidé de tenir cette conférence pour plusieurs raisons, notamment pour mesurer les dimensions du phénomène en Egypte, l’impact sur l’enfant et la maman, la création d’une sorte de sensibilisation », explique le Dr Omayma Kamel, chargée du comité de la culture scientifique au sein du CNME.

Pour sa part, Mouchira Khattab, secrétaire générale du conseil, a expliqué que l’objectif de cette conférence est de se pencher sur l’enfant et la famille égyptienne et leurs droits, parmi lesquels figure le droit à un environnement propre et sain. « Les études scientifiques ont assuré que l’impact du changement climatique sera majeur en Egypte, surtout pour la région du Delta du Nil qui est menacée d’inondation. Cette région abrite des milliers, voire des millions de familles qui seront obligées de se déplacer, ce qui ne manquera pas d’avoir des impacts économiques et sociaux sur ces familles », a indiqué Khattab, tout en ajoutant que partout dans le monde, le droit à un environnement sain fait d’ores et déjà partie des droits de l’homme. Pour sa part, le Dr Moustapha Kamal Tolba, expert international et ancien directeur exécutif du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE), estime que l’on ne peut pas parler d’impacts des changements climatiques sur la famille et l’enfant sans parler de l’empreinte écologique.

L’empreinte écologique est la surface de terre productive et d’écosystèmes aquatiques nécessaires à produire les ressources utilisées par la population, et à assimiler les déchets produits par cette population, à un niveau de vie matériel défini. « La surface disponible est de 11,3 milliards d’hectares, la population mondiale atteint plus de 6,2 milliards d’individus, donc la surface disponible par individu est d’environ 1,8 hectare », indique le Dr Tolba.

L’empreinte a été calculée récemment. 62 des 144 pays qui ont fait l’objet de l’étude dépassaient 1,8 hectare. Le pays dont l’empreinte écologique est la plus élevée est les Emirats arabes unis, avec 10,13 hectares par individu. Viennent ensuite les Etats-Unis avec 9,70 hectares (soit 5,11 fois la moyenne mondiale ; 18,30 fois celle d’un Bangladais ...). Le Dr Tolba continue que jusqu’en 1980, l’Egypte avait une empreinte de 1,5 hectare, c’est-à-dire en dessous des 1,8 hectare nécessaires à chaque individu. A partir de 1981, l’Egypte a commencé à utiliser plus de ressources. Aujourd’hui, l’empreinte écologique de l’Egyptien est de 2,2 hectares par individu, avec donc un taux de 25 % au-delà de l’empreinte moyenne. « Si nous continuons à abuser des terres, cela veut dire que nous priverons les enfants de leurs ressources élémentaires. Nous avons trop parlé, il est temps d’agir. De trouver les moyens pour changer le sort des générations futures », avertit le Dr Tolba.

En effet, sur le Delta du Nil, on comptait 4 à 6 millions d’habitants en 2008, mais en 2050, ils seront beaucoup plus, 20 millions à peu près. Une fois le Delta noyé, même partiellement, cela impliquera le déplacement de tous ces individus. « C’est un vrai cauchemar pour l’Egypte, les vagues de chaleur qui ont envahi l’Europe en 2003 et qui ont fait 15 000 morts en France vont bientôt menacer l’Egypte, ce qui aura des effets catastrophiques, notamment sur les enfants et les vieillards. Autre point très important, les maladies qui ont disparu de l’Egypte comme le paludisme vont réapparaître de nouveau », prévient le Dr Tolba, tout en expliquant : L’Est de l’Afrique sera plus chaud, et, à la recherche d’un climat plus frais, le paludisme montera vers le haut pour arriver en Egypte, traverser la Méditerranée et atteindre l’Europe. « Les Européens sont en train de se préparer aujourd’hui pour contrer le paludisme si jamais il envahit leurs territoires dans 10 ans. En revanche, chez nous, le Dr Hamdi Al-Sayed, président de l’Ordre des médecins, m’a avoué que l’Egypte manque d’hôpitaux et de plans pour contrer le paludisme ».

Un centre virtuel pour définir une stratégie nationale

Conscients du défi qui est à relever, les experts de la conférence ont tenté d’exposer les nombreux impacts du changement climatique sur la société, sur le Delta et les côtes, sur le développement agricole, sur les ressources en eau, ainsi que sur l’économie, l’énergie, la santé, etc.

La conférence a passé de l’abstrait au concret en consacrant des sessions qui ont tenté d’apporter des alternatives pour permettre l’adaptation, les lois nécessaires, la production propre, l’éducation environnementale, la sensibilisation, etc. « Notre but est non seulement de montrer à la famille égyptienne l’ampleur du problème dans le pays, mais aussi lui donner des solutions, donc de l’espoir. C’est pourquoi le deuxième jour de la conférence s’est orienté vers les solutions, l’ingénieur international Mamdouh Hamza a présenté son projet, une solution scientifique pour éviter l’inondation des côtes égyptiennes par exemple », explique le Dr Omayma Kamel.

Sécheresse, insuffisance alimentaire, déplacement des populations, problèmes économiques, telle serait notre Egypte de 2050, voire probablement en 2035, c’est-à-dire demain. « Le Dr Qassas et moi tirons la sonnette d’alarme depuis dix ans maintenant et personne ne bouge. Tout ce que l’on fait, c’est rabâcher encore et encore ! Mais c’est fini, tout ce qui doit être dit, ça y est, nous l’avons dit. Il faut agir », souligne le Dr Tolba. Mais avant d’agir, il faudrait définir des plans. Le Dr Tolba suggère de former un centre virtuel chargé de préparer les politiques de l’Etat relatives au changement climatique. Il n’est pas question de construire un centre et de dépenser des millions de livres égyptiennes, l’idée c’est de choisir 15 à 20 experts dans les différents domaines. Ces experts prendront la responsabilité de collecter les informations pour créer une base de données.

Selon l’idée du Dr Tolba, ces experts se réuniraient tous les trois mois pour se mettre d’accord sur les actions qui suivront et cela pourrait avoir lieu au Centre d’informations et de prise de décision dépendant du Conseil des ministres ou bien à la Bibliothèque d’Alexandrie. Ces experts auront jusqu’à fin 2010 pour préparer une base de données par la collecte d’informations des dizaines de centres et de services qui travaillent sur le changement climatique. Ensuite, il faudrait leur laisser une période de 6 mois pour définir les grandes lignes des politiques de l’Etat concernant ce sujet et envoyer ce document au Conseil des ministres. Une fois le document approuvé, il revient de nouveau auprès du groupe d’experts qui seront responsables de préparer 5 plans quinquennaux différents pour les présenter au gouvernement. Ce dernier devra fixer les priorités d’exécution et décider de la somme qui devrait être versée par l’Etat. « Les bailleurs de fonds et les organisations internationales peuvent intervenir pour aider les pays en développement pour s’adapter aux impacts du changement climatique, mais personne n’est prêt à aider un pays si ce pays ne veut pas s’aider lui-même. En d’autres termes, personne ne nous donnera un dollar si nous n’avons pas nous-mêmes consacré une part du budget de l’Etat », assure le Dr Tolba.

Dalia Abdel-Salam

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