Al-Ahram Hebdo, Monde | Craintes d’enlisement
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 Semaine du 16 au 22 avril 2008, numéro 710

 

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Monde

Afghanistan. Les ministres français et canadien des Affaires étrangères sont venus plaider à Kaboul pour une implication accrue des Afghans dans une sortie de crise du pays confronté à l’insurrection des Talibans. Mais toute solution doit mettre à contribution le Pakistan voisin.

Craintes d’enlisement

Les occidentaux craignent un enlisement en Afghanistan et veulent de ce fait une implication accrue des Afghans dans un retour à la paix et la sécurisation du pays confronté à l’insurrection grandissante des Talibans. Tel était le message délivré par les ministres français et canadien des Affaires étrangères, Bernard Kouchner et Maxime Bernier, qui ont achevé dimanche une visite de deux jours en Afghanistan. M. Kouchner a ainsi martelé le terme d’« afghanisation » pour signifier que, pour Paris, la population afghane doit pouvoir assumer davantage ses responsabilités. « On ne va pas se retirer demain et on ne va pas rester éternellement », a-t-il expliqué. Son homologue canadien a aussi insisté sur la nécessité de confier aux Afghans une partie des responsabilités de la sortie de crise. Il a annoncé que les forces canadiennes déployées en Afghanistan se consacreraient davantage à la formation des forces afghanes de sécurité. A l’heure actuelle, celles-ci tournent autour des 60 000 hommes et devraient atteindre à la fin de l’année 80 000 soldats. Ces effectifs avaient été prévus en 2002, une période plus paisible après le renversement des Talibans à la fin décembre 2001, mais ils devraient être revus aujourd’hui à la hausse.

La visite des deux ministres précède une Conférence des donateurs prévue le 12 juin à Paris, qui travaillera sur la reconstruction et les besoins de ce pays ravagé par des décennies de guerre. Elle a eu lieu une semaine après l’annonce par Paris de l’envoi de 700 soldats français supplémentaires dans l’Est de l’Afghanistan, en réponse à un appel pressant du Canada à ses partenaires de l’Alliance atlantique. « La décision française d’envoyer des soldats supplémentaires dans l’Est a permis aux Américains qui y sont postés de venir renforcer les troupes canadiennes dans le sud », s’est félicité M. Bernier. La France et le Canada participent à la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) de l’Otan, forte de 50 000 hommes, qui soutient aux côtés de l’Operation Enduring Freedom, coalition sous commandement américain (20 000 hommes), les forces afghanes face à l’insurrection meurtrière des islamistes radicaux talibans. Les soldats de l’Operation Enduring Freedom devraient être rejoints par un millier d’autres marines, actuellement présents en Iraq.

Les Canadiens avaient menacé de rapatrier leurs 2 500 soldats s’ils n’avaient pas un soutien militaire supplémentaire dans la province de Kandahar, car c’est dans le sud que se concentrent l’essentiel des attaques des insurgés, et Ottawa y a déjà perdu 82 hommes depuis 2002. La menace canadienne de retirer ses troupes a également incité les Etats-Unis à envoyer des renforts, où quelque 2 300 marines déployés dans le cadre de l’Isaf ont commencé jeudi dernier leurs opérations dans le sud du pays, notamment dans la province de Kandahar, bastion des Talibans qui y multiplient les attaques.

Deux soldats de l’Isaf ont été ainsi tués et deux autres blessés dimanche dans une explosion. L’incident, sur lequel aucune précision n’a été fournie, s’est produit dimanche dans un lieu non précisé dans le sud du pays où l’insurrection des Talibans est la plus forte. C’est aussi dans cette région qu’il y a une forte présence de bandes criminelles, notamment trafiquants de drogue. La nationalité des victimes n’a pas été précisée conformément à la politique de l’Isaf qui en laisse le soin aux pays d’origine. En tout, depuis le début de l’année, 40 soldats étrangers ont été tués en Afghanistan, la plupart au combat. D’autre part, au moins 11 policiers ont été tués dans la nuit de dimanche à lundi dans une attaque revendiquée par les Talibans, dans la province de Kandahar, dans le sud. Sept autres personnes, dont quatre policiers, ont été également tuées dimanche dans deux attaques distinctes dans le sud et l’Est de l’Afghanistan dont l’une revendiquée par les Talibans.

Une bombe a ainsi visé le véhicule d’un chef tribal dans la province de Khost (Est). Lors d’une autre attaque perpétrée dans le sud de l’Afghanistan, quatre policiers afghans sont morts et sept autres ont été blessés dans une embuscade tendue par des Talibans. Un porte-parole présumé des Talibans a revendiqué l’attaque qui s’est produite dans le district méridional de Gereshk, dans la province du Helmand. Les provinces du sud de l’Afghanistan sont les plus touchées par l’insurrection des combattants fondamentalistes, surtout des Talibans, qui cherchent à détruire les institutions de l’Etat et s’attaquent également aux quelque 70 000 soldats des forces internationales qui le soutiennent.

D’autre part, le 8 avril, 17 ouvriers civils employés à la construction d’une route avaient été tués lors de l’attaque de leur convoi par des Talibans près de Qalat, la capitale provinciale. Les violences ont atteint un sommet en 2007 avec plus de 8 000 morts, dont 1 500 civils, et plus de 160 attentats suicide ont été dénombrés par les Nations-Unies. Et les Talibans ont annoncé une offensive au printemps, après les rigueurs de l’hiver afghan. Face à cette aggravation de la situation, l’Otan, et en particulier les Etats-Unis, pressent depuis des mois leurs partenaires de renforcer les troupes, en particulier dans le sud.

La dimension pakistanaise

Mais tout effort supplémentaire de la part des Occidentaux resterait vain tant que ne sera pas réglée la « dimension » pakistanaise du conflit afghan. Le chef de la diplomatie française n’a pas manqué de le souligner lors de sa visite à Kaboul lorsqu’il a rappelé dimanche que la résolution du conflit afghan passait nécessairement par une implication plus importante du Pakistan, où les Talibans disposent de bases arrières grâce à une frontière poreuse. « Il faut des moyens militaires pour que la sécurisation de l’Afghanistan se poursuive (...) mais il faut aussi avoir une vision régionale et en particulier vis-à-vis du voisin pakistanais », a déclaré le ministre au cours d’une visite à la base aérienne militaire de l’Otan à Kandahar.

La frontière très poreuse entre les deux pays, longue de 2 500 km et traversant une zone très accidentée et extrêmement difficile à contrôler — les contreforts himalayens de l’Hindou Kouch notamment —, permet aux Talibans, et à leurs alliés d’Al-Qaëda, d’entretenir des bases arrières dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, d’où ils lancent des raids contre les forces afghanes ou les quelque 70 000 militaires des forces internationales présentes en Afghanistan. Les quelque 700 hommes dont la France a annoncé le déploiement le seront dans l’Est du pays, le long de cette frontière, où ont lieu des combats fréquents avec les Talibans et les miliciens d’Al-Qaëda.

« Régler en particulier le problème de la ligne Durand, ce serait très beau, j’en ai parlé hier avec le président Hamid Karzaï », a ajouté M. Kouchner. Cette frontière artificielle, qui sépare des populations de même ethnie, les Pachtounes, d’où sont principalement issus les Talibans, est la source d’une longue discorde entre les deux voisins. La « ligne Durand », définie en 1893, est héritée de la colonisation britannique et les deux pays revendiquent régulièrement des parties du territoire de l’autre. M. Kouchner a rapporté que le ministre afghan des Affaires étrangères, Rangeen Dadfar Spanta, lui avait indiqué avoir « pris rendez-vous avec la nouvelle équipe au Pakistan », issue des élections législatives du 18 février dernier. Le chef de la diplomatie française n’a pas écarté l’hypothèse d’une conférence régionale. Tant Kaboul que Washington jugent que les bases arrières des Talibans et de leurs alliés d’Al-Qaëda sont désormais dans les zones tribales autonomes du Pakistan.

Hicham Mourad

 




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