Edito
Blocage
La
crise au Liban entre la majorité appuyée par l’Occident et l’opposition
soutenue par Téhéran et Damas, qui bloque depuis plus de trois mois l’élection
d’un président, a peu de chances de trouver une issue avant le sommet arabe de
fin mars. Après l’échec la semaine dernière de la médiation du secrétaire
général de la Ligue arabe, Amr Moussa, la séance parlementaire destinée à élire
le président de la République a été repoussée au 11 mars. Il s’agissait du
quinzième report de cette séance, faute d’un accord entre la majorité
parlementaire antisyrienne et l’opposition emmenée
par le Hezbollah chiite sur la répartition des portefeuilles au sein du futur
gouvernement. Le Hezbollah, qui a claqué la porte du gouvernement en novembre
2006, réclame avec ses alliés plus de pouvoir dans l’exécutif, dominé par la
majorité.
Les
jours qui nous séparent du sommet arabe prévu les 29 et 30 mars à Damas
devraient voir s’accentuer les pressions arabes sur la Syrie pour qu’elle use
de son influence auprès de ses alliés libanais de l’opposition. Mais peu sont
ceux qui croient que l’élection présidentielle aura lieu le 11 mars. La
majorité des observateurs estiment peu probable que les pays arabes appuyant la
majorité, l’Arabie saoudite en tête, parviennent à s’entendre d’ici le sommet
sur le dossier libanais avec la Syrie, qui a maintenu pendant 29 ans une
présence militaire au Liban et y reste très influente.
En
effet, le contexte régional, c’est-à-dire les tensions entre la Syrie et
l’Arabie saoudite, celles entre l’Iran et les Etats-Unis sur la question du
nucléaire, sans oublier celles avec Israël, empêche
une résolution de la crise. Un autre facteur de tension est la mise en place
d’un tribunal international pour juger les assassins de l’ancien premier ministre
Rafiq Hariri qui, très proche de Riyad, a été tué en
février 2005 à Beyrouth dans un attentat imputé à la Syrie. Celle-ci a nié
toute implication, mais a dû sous la pression retirer deux mois plus tard ses
troupes du Liban.
Il se
peut toutefois que les deux camps rivaux parviennent juste avant le sommet à
élire un président, mais sans s’entendre sur la formation d’un gouvernement
d’union nationale, ce qui laisserait entière la crise. En cas de persistance du
blocage, l’Arabie saoudite, l’Egypte et d’autres pays arabes pourraient
boycotter le sommet de Damas ou envoyer des délégations de bas niveau.
Si
rien ne bouge d’ici le sommet, le Liban risque d’être sans président pendant de
longs mois et le théâtre d’affrontements de plus en plus violents.
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