Coût de la vie.
Plusieurs de nos lecteurs s’inquiètent de la hausse des prix
des produits alimentaires et réclament une action rapide du
gouvernement pour enrayer le phénomène.
La guerre du pain
Je voudrais d’abord présenter mes remerciements à toute
l’équipe d’Al-Ahram Hebdo qui nous propose des sujets
intéressants et fait son possible pour présenter des
articles bien faits. J’ai lu un article dans le numéro 702 à
propos de la crise du pain. J’ai été aussi choquée en
apprenant qu’un citoyen a trouvé la mort lors d’une bagarre
en achetant du pain, et d’autres ont été condamnés à
différentes peines pour avoir tenté de se ravitailler de
quelques galettes de pain pour leur famille. Cette
souffrance a été multipliée dernièrement, surtout avec la
hausse continue des prix et qui touche les produits
alimentaires de première nécessité. Et avec la hausse des
prix de plusieurs produits comme le riz et les pâtes,
plusieurs familles sont obligées de se rabattre pour tous
les repas sur le pain subventionné et vendu à 5 piastres la
galette. C’est normal de voir de longues queues de personnes
prêtes à tout pour avoir à manger. Je suis très inquiète de
cette situation et je pense que le gouvernement et même les
hommes d’affaires doivent rapidement agir avant que le pire
se produise.
Mirit Youssef,
Alexandrie.
La vie trop chère
La hausse des prix est devenue le casse-tête de tous les
Egyptiens. Je n’exagère pas si je dis que chaque jour, le
citoyen égyptien se réveille sur une terrible augmentation
de prix d’un ou de plusieurs produits. Si on passe sur la
hausse des prix de la volaille et de la viande, on ne doit
pas laisser les produits de première nécessité augmenter
sans cesse ! Les plus pauvres, immense majorité de la
population, ne mangent que rarement de la viande et ne se
nourrissent que de riz, de fèves et de lentilles. Mais ces
légumes secs augmentent de 40 %, tandis que les salaires ne
bougent pas. Les responsables affirment que la hausse des
prix est un phénomène mondial et pas égyptien. C’est vrai,
mais dans tous les pays, il existe une équivalence entre
cette hausse de prix et les salaires. Donc, pour que l’Etat
évite une révolution des pauvres, il doit élever les
salaires ou mettre des produits moins cher sur le marché. De
plus, je pense que le fait de mener des campagnes de
contrôle sur les prix pratiqués chez les marchands ne fait
qu’empirer la situation.
Tamer Adib,
Le
Caire.
Louqsor se développe à deux vitesses
Pour la première fois, en novembre dernier, j’ai enfin
visité, à soixante-treize ans, l’Egypte, réalisant ainsi un
de mes plus grands rêves. J’y suis allée pour cette Egypte
ancienne dont m’avait tant parlé mon père. Mais je suis
revenue de voyage avec deux Egyptes au cœur : l’ancienne et
la contemporaine. Tout ce qui a trait à celle d’aujourd’hui
me touche aussi, profondément. Je lis Al-Ahram Hebdo tous
les mercredis sur Internet, heureuse d’avoir des nouvelles
d’un pays et de ses habitants que je me suis mise à chérir.
L’article Louqsor se développe à deux vitesses, publié dans
le numéro 701, m’a particulièrement interrogée.
Michèle Blanchet,
Québec (Canada).
Non à la censure des chaînes arabes
Lors de la réunion des ministres arabes de l’Information qui
a eu lieu dernièrement au Caire, une initiative a été
proposée par l’Egypte et l’Arabie saoudite qui m’a beaucoup
déçue. Il s’agit de soumettre un code de déontologie aux
chaînes satellites arabes. L’ensemble des pays arabes ont
approuvé la proposition, sauf le Qatar. En fait, cette
proposition nous a fait reculer d’au moins dix ans. A mon
avis, la marge de liberté dont jouissaient les différentes
chaînes satellites a permis la liberté d’expression et
l’élévation du taux de sensibilisation sociale et politique
des populations. Même ceux qui n’ont pas reçu un niveau
convenable d’éducation apprennent beaucoup des différents
programmes diffusés sur ces chaînes. Je me demande donc
comment le gouvernement, alors qu’il annonce son intention
de développer la démocratie et les libertés, peut-il
proposer une telle idée ! C’est une contradiction de ce qui
est dit et fait. Pourquoi les gouvernements arabes
veulent-ils fermer la porte des libertés et de la conscience
aux peuples arabes qui ont enfin trouvé des lieux
d’expression ? Le Qatar est le seul pays arabe qui a eu le
courage de refuser cette proposition. Je trouve que malgré
les exagérations de certaines chaînes, le spectateur doit
avoir la possibilité de choisir ce qui est inintéressant ou
inutile. Le fait d’appliquer une censure aux chaînes n’est
rien d’autre qu’une censure de la liberté d’expression, à
laquelle on commence enfin à goûter après des années de
manque.
Chérif Sami,
Alexandrie.
Pas de bonheur pour les enfants des rues
Après avoir vu le film Hina maysara (au moment opportun),
réalisé par Khaled Youssef, je souhaite donner mon point de
vue. Dans ce film, Khaled Youssef a su placer l’actrice
Somaya Al-Khachab dans un rôle joué habilement sans être
sophistiquée. Tout cela nous a éclairés profondément sur le
malaise que vivent les enfants de la rue. Mais contemplons
ce fléau avec des yeux humains : ces enfants nés dans la rue
ne voient rien de bon pour eux, ne trouvent pas de
nourriture ni de domicile, souffrent de la pluie, se
transforment donc en vagabonds pour affronter la vie dure,
puis en voleurs, ensuite en grands brigands en construisant
une ligue terroriste qui menace la société. Pensant à ce
problème, ces enfants ne vivent aucun moment de bonheur,
contrairement aux personnes ordinaires, surtout les riches.
Par conséquent, ils se transforment en malades
psychologiques qui détruisent leur propre pays parce qu’il
les a privés de vivre normalement. Hina maysara est le début
de la recherche d’une vraie solution à ce désastre, mais on
ne doit pas s’arrêter là.
Noha Henedy,
Alexandrie.
Hommage à un journaliste courageux
L’Egypte vient de perdre un des ses plus grands journalistes
et écrivains, parmi les plus courageux et audacieux. Il
s’agit de Magdi Méhanna, 51 ans, journaliste batailleur qui
n’a jamais laissé dans toute sa vie professionnelle une
faute ou une affaire de corruption sans la dévoiler et la
discuter. Sa célèbre émission télévisée sur la chaîne
satellite Dream, portant un nom très révélateur de sa
personnalité, L’Interdit, a beaucoup plu à tous ceux qui
optent pour la vérité et la franchise. Méhanna était
distingué par son courage et son intelligence. Jamais il n’a
complimenté ses invités, qui sont pour la plupart de hauts
responsables et des ministres d’Etat. Au contraire, il ne
les laissait pas sans parler et répondre à toutes les
accusations et les rumeurs. Aussi, son éditorial quotidien
publié dans le journal indépendant Al-Masri Al-Yom n’est pas
moins important que son émission. Lu par un grand nombre de
personnes qui appréciaient tout ce qu’il écrivait, il
discutait des sujets politiques actuels en donnant son point
de vue, critiquant toutes les tendances politiques
confondues. Méhanna portait l’amour et le respect de tout ce
qui l’entoure, et même ses lecteurs qui ne l’ont jamais vu
le respectaient beaucoup. Malgré ses douleurs, il a lutté
avec courage contre la maladie du cancer. Et lorsque son
état s’est aggravé, il a préféré se faire soigner dans son
pays, car il voulait mourir dans son pays qu’il aimait tant.
Il a vécu toute sa vie pour le développement de son pays et
c’est pour cela qu’il n’hésitait pas à parler de corruption.
Malgré ma tristesse sur le départ de ce grand journaliste
lutteur que l’on n’oubliera jamais, je suis sûre que l’Egypte
peut donner naissance à d’autres Méhanna.
Mona Hassan,
Le Caire.
Hommage à Magdi Méhanna
Il nous a fait zapper frénétiquement les chaînes
satellitaires à la recherche de son émission-débat, «
Passage interdit ». Il nous a appris à commencer la lecture
du journal à l’envers, à partir de sa colonne en dernière
page, et à ne lire les manchettes qu’à la fin. Je ne me
souviens pas qu’il ait interrompu ses invités lors de ses
émissions, ou qu’il ait déconnecté leur micro. Mais comment
définir un Magdi Méhanna aussi discret qu’éloquent ? Souvent
je regrettais dernièrement son absence, sans savoir qu’il
était malade. J’en veux à cette maladie qui nous a privés de
Magdi Méhanna, tout comme j’en veux à ceux qui lui ont
organisé des obsèques collectives, histoire de ne pas devoir
se déplacer deux fois.
Adib
Soliman,
Le Caire.