Al-Ahram Hebdo, Dossier | Le musulman pur et dur
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 Semaine du 19 au 25 mars 2008, numéro 706

 

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Dossier

Fréres Musulmans. Aux origines de ce mouvement, c’est la figure presque légendaire de Hassan Al-Banna, dont l’assassinat l’a auréolé du prestige d’un martyr. Parcours.

Le musulman pur et dur

« L’imam martyr », « L’inspirateur doué » et « Le maître de la génération ». Sont tous des surnoms qui ont été donnés au premier guide suprême, fondateur de la Confrérie : Hassan Al-Banna, figure mythique, même si elle est, aujourd’hui, parfois contestée au sein de la Confrérie.

Né le 14 octobre 1906 à Mahmoudiya dans la province égyptienne de Béheira à l’ouest d’Alexandrie, d’un père horloger, qui avait aussi des activités religieuses. Il reçut sa première formation dans son village natal de 1914 à 1918, puis dans la ville de Damanhour, tout en s’initiant au métier d’horloger et au travail de reliure.

C’est dans l’école de Damanhour qu’Al-Banna commença à pratiquer la grande passion de sa vie : la réforme des mœurs. Il sera élu président d’une association pour les bonnes mœurs, créée à l’instigation de l’un de ses instituteurs. Un peu plus tard, il participera à une association contre les violations de la loi, dont les membres faisaient parvenir de façon anonyme des remontrances écrites aux personnes suspectées d’avoir enfreint quelques principes religieux ou moraux.

En 1920, à 14 ans, il décide de s’orienter vers le métier d’instituteur plutôt que de poursuivre le cycle d’études préparatoires à Al-Azhar et devient en 1923, le muezzin de la mosquée de l’école de Damanhour. Fonction qu’il accomplissait avec zèle. Il protestait par exemple contre l’horaire des cours qui ne tenaient pas compte des heures de la prière.

Puis en 1923, il est admis à l’Ecole normale du Caire (Dar Al-Oloum). En juin 1927, à 20 ans, il obtient le diplôme final de l’Ecole normale et est nommé instituteur à Ismaïliya.

La fondation de l’association

Le 11 avril 1929, Hassan Al-Banna fonde l’Association des Frères musulmans avec une douzaine d’autres personnes . Il est convaincu que le seul moyen de libérer son pays de la colonisation culturelle britannique passe par l’émergence de ce qu’il appelle un islam social. Il s’engage à lutter contre l’emprise laïque occidentale et contre l’imitation aveugle du modèle européen.

A partir de cette date, Al-Banna qui a été connu pour son style très convainquant et efficace, a pu regrouper autour de lui de nombreux supporters et de nouveaux membres pour le mouvement des Frères musulmans.

Ses idées étaient fondées sur des principes fixes, à savoir : la formation d’un « citoyen musulman », d’une « famille musulmane », « d’une société musulmane » et enfin d’un « gouvernement musulman ». C’est ainsi qu’a commencé la confusion entre la religion et la politique, et qu’a été lancé l’un des plus grands conflits du vingtième siècle en Egypte autour de cette confusion. Ses adversaires  l’ont considéré d’ailleurs comme étant le fondateur de cet amalgame politico-religieux présent jusqu’à l’heure actuelle.

Il prêchait dans des lieux populaires, comme les cafés, le retour à la pratique religieuse et à l’observance de la loi islamique. Ce souci de rencontrer les gens directement restera comme un trait caractéristique de l’action des Frères musulmans.

Pour lui, la formation des militants était un véritable cours de théologie : lecture et commentaire du Coran, étude du hadith, du fiqh, de l’histoire musulmane, de la vie du prophète Mohamad. Ces enseignements sont accompagnés d’une formation pratique de communication. Soixante personnes suivent cette préparation la première année.

En octobre 1932, et avec le transfert du siège des Frères musulmans au Caire, la popularité de Hassan Al-Banna augmentait de plus en plus. Il fonde des écoles, des associations de charité, des dispensaires, des bibliothèques et des entreprises.

Les Frères Musulmans s’engagent très vite dans le combat politique. Et c’est le drame de la Palestine qui leur servira de créneau. Ils soutiendront la cause de la Palestine arabe dès 1936.

Pendant la seconde guerre mondiale, Al-Banna n’a pas hésité à lancer une campagne nationaliste contre la Grande-Bretagne. A la suite d’activités jugées subversives, il est muté en Haute-Egypte et brièvement emprisonné. C’est de cette époque que datent ses premiers rapports avec des officiers égyptiens dont certains deviendront les Officiers libres qui mèneront la Révolution, tout particulièrement Anouar Al-Sadate. En 1948, la Confrérie comptait plus de 2 millions de membres répartis à travers toute l’Egypte, ce qui inquiéta le pouvoir qui a commencé à se rendre compte de la puissance de ce mouvement. Au mois de mars 1948, ce dernier exige la remise par la Confrérie de ses armes et l’intégration de ses unités militaires à l’armée régulière. Al-Banna ordonne à ses troupes d’obéir, mais beaucoup refusent et quittent la Confrérie pour créer des groupes plus radicaux.

Le contrôle de l’organisation commençait alors à échapper à son guide suprême. Des attentats ont donc commencé à se succéder. Commençant par l’assassinat du juge Ahmad bey Al-Khazindar qui avait prononcé une peine de prison contre l’un des membres de la Confrérie pour avoir attaqué des soldats anglais. Suivi par l’assassinat de Sélim Zaki, commissaire de police de la capitale durant une manifestation. Des conflits qui ont poussé le premier ministre, Al-Noqrachi pacha , à ordonner la dissolution des Frères musulmans. Un étudiant, sorti des rangs de ces derniers, assassine alors le premier ministre trois semaines plus tard, au moment où Al-Banna cherchait à joindre le Palais royal pour trouver une issue à la crise.

Les arrestations ont atteint environ 4 000 militants de la Confrérie en janvier 1949.

Al-Banna vivait alors ses moments les plus difficiles avec d’un côté ces nombreuses arrestations et de l’autre la relation enflammée avec le gouvernement. Le 12 février 1949, Hassan Al-Banna meurt, tué dans un attentat qui aurait été organisé, par le roi Farouq, pour mettre ainsi fin à la vie du fondateur de la Confrérie. Une sorte d’auréole entoure cet homme et le mouvement se disloque pour quelques années.

Jusqu’à présent, Al-Banna reste une figure de proue pour les Frères, même si un nouveau courant est venu s’instaurer, celui de Sayed Qotb, devenu véritable théoricien du groupe que Nasser fera d’ailleurs exécuter.

Chaimaa Abdel-Hamid

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