Palestine-Israël. Sous forte
pression américaine, les deux parties ont annoncé la reprise de leurs
négociations de paix après deux semaines de suspension. Les tensions restent
toutefois extrêmes.
Les divergences à l’ordre du jour
C’est
sans espoir d’un quelconque progrès que les pourparlers entre les délégations
dirigées par le chef de l’équipe des négociateurs palestiniens, Ahmad Qoreï, et
la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, devraient
reprendre cette semaine. L’annonce a été faite par les deux parties, aucune
date précise n’a toutefois été fixée. En fait, Palestiniens et Israéliens ont
déjà repris officiellement vendredi 14 mars les négociations de paix après deux
semaines de rupture marquées par des combats intenses. En présence de
l’émissaire américain, William Fraser, le premier ministre palestinien Salam
Fayyad et Amos Gilad, un conseiller du ministre israélien de la Défense Ehud
Barak ont été réuni pendant trois heures à Jérusalem. La rencontre tripartite a
eu lieu alors qu’une trêve tacite des violences a été remise en cause jeudi
dernier au lendemain de l’élimination par l’armée israélienne de cinq
activistes palestiniens en Cisjordanie.
Selon
le communiqué publié après la rencontre, les discussions ont été « cordiales
mais franches », une formule diplomatique souvent employée pour faire état de
divergences. Les questions concernant la colonisation et la violence demeurent
toujours l’obstacle qui entrave l’avancée des pourparlers. Les autorités
américaines ont reproché à Israël de « poursuivre la colonisation et de ne pas
lever suffisamment de barrages routiers », a indiqué à l’AFP un haut
responsable israélien sous couvert d’anonymat. Aussi, il a reproché à Israël de
ne pas respecter tous les engagements pris en vue de faciliter la vie
quotidienne des Palestiniens en Cisjordanie. « Le président George W. Bush a
fait explicitement référence à la question des barrages routiers et des
avant-postes », a déclaré en référence aux colonies sauvages qu’Israël a promis
de démanteler, mais qui sont toujours en place. Partageant le même avis, Tzipi
Livni a, elle-même, critiqué la poursuite de la colonisation déclarant que «
fondamentalement, — elle — ne pense pas que cela aide à faire avancer le
processus de paix ». Défendant la politique de son pays, le haut responsable
israélien a affirmé : « Nous avons répondu qu’il n’y a pas de nouveaux projets
d’implantations israéliennes en Cisjordanie et qu’il s’agit de chantiers situés
dans des blocs d’implantations qu’Israël veut garder dans le cadre d’un
règlement permanent avec les Palestiniens ».
Mais
cet avis a été critiqué du côté palestinien. Fayyad a indiqué dans un
communiqué que le gel de la colonisation doit signifier qu’aucune pierre ne
doit être ajoutée dans les colonies. Il a rappelé qu’Israël a lancé des appels
d’offres pour la construction de 747 nouveaux logements dans les colonies rien
que lors des cinq semaines ayant suivi la conférence d’Annapolis aux Etats-Unis
en novembre dernier, marquant la reprise des négociations israélo-palestiniennes
après sept ans d’impasse. « 138 logements ont été approuvés lors des onze mois
précédant Annapolis », a-t-il ajouté. Plus récemment, Israël a annoncé la
prochaine construction de 750 logements dans la colonie de Givat Zéev, près de
Jérusalem, un projet déploré par Washington. « Nous avons examiné pourquoi des
engagements pris par les parties n’ont pas été respectés et dans quels domaines
», a annoncé un communiqué officiel américain publié au terme de la rencontre.
De
l’autre côté, la délégation israélienne a reproché à l’Autorité palestinienne
de ne pas lutter contre le terrorisme. « Elle ne procède pas à des arrestations
et ne fournit pas de renseignements sur les activistes », a affirmé le haut
responsable israélien. Toujours selon ce dernier, les Américains ont exprimé
des réserves sur « l’opportunité » de la liquidation de quatre activistes
palestiniens par une unité spéciale israélienne mercredi en Cisjordanie, « tout
en reconnaissant le droit d’Israël à se défendre ». En effet, les Etats-Unis
espèrent que les négociations pourront déboucher sur un accord avant le départ
du président George Bush de la Maison Blanche en janvier prochain. A cet égard,
Fraser est chargé de superviser l’application de la Feuille de route, un plan
de paix international lancé en 2003 mais resté lettre morte. Selon ce plan,
Israël s’est engagé à « normaliser la vie des Palestiniens » en levant ses
restrictions en Cisjordanie occupée et à geler la colonisation, tandis que les
Palestiniens doivent « mettre fin à la violence et au terrorisme ». Les
négociations avaient été suspendues le 2 mars par le président palestinien
Mahmoud Abbass pour protester contre les offensives israéliennes dans la bande
de Gaza. Ces attaques menées durant quatre jours à partir du 27 février avaient
coûté la vie à plus de 130 Palestiniens tandis que quatre Israéliens, trois
soldats et un civil, étaient tués dans ces violences.
Maha Salem