Al-Ahram Hebdo,Monde Arabe | Kurdistan : vision binaire, intérêts propres
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 Semaine du 12 au 18 mars 2008, numéro 705

 

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Iraq-Turquie. Le président iraqien a effectué sa première visite à Ankara. De quoi ouvrir de nouvelles, mais timides perspectives entre les deux pays contigus.

Kurdistan : vision binaire, intérêts propres

Apaisement provisoire ou véritable volonté de tourner la page et d’avoir des relations stratégiques avec le voisin turc ? Ce sont les deux questions qui ont pris le dessus avec la visite du président iraqien Jalal Talabani en Turquie. Une visite qui intervient à point nommé. Juste après la fin des incursions turques dans le nord de l’Iraq afin de venir à bout des rebelles kurdes retranchés dans cette région. Mais même si la Turquie s’est retirée du nord de l’Iraq, elle s’est réservée la possibilité de revenir si elle le jugeait nécessaire. Une raison de taille qui vient expliquer le pourquoi de cette visite et surtout de son timing. « Le président iraqien, lui-même Kurde, veut garantir que l’attaque turque ne se répétera pas. Il comprend bien l’ampleur de la question du PKK pour le côté turc et sait que tant que cette question n’est pas réglée, l’Iraq sera menacé, notamment le Kurdistan iraqien qui est presque la seule région la plus stable, la plus épargnée de la violence », souligne le Dr Hicham Ahmad, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire.

En effet, toute offensive turque pour se débarrasser du PKK, qui mène la lutte armée depuis 1984, n’aura que des séquelles néfastes sur l’Iraq, ses infrastructures, son insécurité, son commerce frontalier et le flux des investissements. D’où la nécessité d’entamer une visite de bonnes intentions après la tension qui a touché leurs rapports. Il s’agit d’afficher une volonté de coordination iraqo-turque pour réfuter les accusations selon lesquelles les Kurdes iraqiens soutiennent ceux turcs et veulent que le Kurdistan iraqien soit un modèle à suivre par ces derniers.

« Le but de cette visite est de pouvoir établir des relations stratégiques et solides avec la Turquie », a dit M. Talabani lors d’une conférence de presse avec son homologue Abdullah Gül. Dans leur allocution à la presse avant de répondre aux questions, les deux présidents se sont abstenus d’évoquer l’opération turque qui s’est déroulée du 21 au 29 février dernier. M. Talabani a juste indiqué que la Constitution iraqienne ne permettait pas l’établissement sur le sol iraqien d’organisations pouvant nuire aux pays voisins. « Nous sommes évidemment opposés à une organisation qui lance des attaques contre un pays voisin et nous ne le permettrons pas », a souligné M. Talabani, indiquant que les Kurdes qui administrent le nord de son pays avaient été sommés d’exercer des pressions sur le PKK pour qu’il quitte cette zone où il dispose de plusieurs camps.

M. Gül s’est contenté de dire que « l’Iraq visé lui-même par le terrorisme est bien placé pour comprendre la lutte de la Turquie » contre le PKK. La Turquie refuse d’engager des négociations avec les Kurdes, car cela équivaudra à une reconnaissance de ce groupe ethnique, mais accepte uniquement de dialoguer avec le gouvernement central iraqien.

Mais cette coopération iraqo-turque est-elle sans limites ? Certes non. « Le président iraqien peut parvenir à une accalmie, promettre de limiter les agissements du PKK, mais finalement, il ne va pas s’aligner sur la Turquie de crainte de perdre sa popularité. Les Kurdes iraqiens ne se retourneront jamais contre les Kurdes turcs », continue le Dr Hicham Ahmad.

 

Pour une coopération économique

Outre la question kurde, la visite était marquée par les entretiens économiques visant à rapprocher les deux parties. Devant un parterre d’hommes d’affaires, M. Talabani a appelé les entrepreneurs turcs à investir massivement en Iraq.

« Je peux vous assurer que vous bénéficierez de toutes sortes d’aides en Iraq, aussi bien au Kurdistan iraqien que dans le sud, à Bagdad », a-t-il affirmé, indiquant que son ministre des Finances « disposait de plus de 25 milliards de dollars pour des investissements et des projets stratégiques ».

Le ministre d’Etat turc chargé du Commerce extérieur, Kürsad Tüzmen, a indiqué samedi, après avoir reçu le ministre iraqien du Pétrole, Hussein Chahristani, que leurs deux pays allaient finaliser fin mai un « accord de partenariat économique renforcé ».

Cet accord aura pour « objectif d’intégrer les économies des deux pays autant que possible pour former une zone commune de prospérité », a-t-il dit, ajoutant que « la priorité de la Turquie était d’investir dans le développement des champs de gaz iraqiens, pour l’importation et pour servir de lien vers l’Europe ».

Le ministre turc de l’Energie, Hilmi Güler, a évoqué un projet à long terme de construction d’un second oléoduc entre l’Iraq et la Turquie.

Les exportations turques en Iraq ont atteint 2,82 milliards de dollars (1,83 milliard d’euros) en 2007 et les importations iraqiennes en Turquie 650 millions de dollars (422 millions d’euros), selon les statistiques officielles turques.

M. Tüzmen a évalué à 6 milliards de dollars le volume des échanges bilatéraux attendu en 2008 et affirmé que l’objectif pour 2010 était de 20 milliards de dollars.

Les entreprises turques sont particulièrement actives en Iraq dans le domaine du bâtiment. Depuis 2003, elles y ont engrangé des contrats d’une valeur de 4,2 milliards de dollars, selon ces statistiques.

Rania Adel

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