Al-Ahram Hebdo, Egypte | L’opposition fait la queue
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 12 au 18 mars 2008, numéro 705

 

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Egypte

Municipales. Le dépôt des candidatures pour les élections prévues le 8 avril a commencé au niveau des commissions. Reportage à Kafr Al-Zayat, dans le gouvernorat de Gharbiya, un jour de remise de dossiers.

L’opposition fait la queue

Il est 8h du matin. La ville de Kafr Al-Zayat, au gouvernorat de Gharbiya, à 120 km au nord du Caire, s’est transformée en une caserne policière. Cela fait 5 jours que le dépôt des candidatures pour les élections municipales est ouvert et c’est la même scène qui se répète. Des blindés sillonnent les rues de la ville. Tous les accès menant au siège du Conseil municipal sont bouclés par des cordons de sécurité. C’est au siège du conseil que se trouve la commission chargée de recevoir les demandes de candidatures aux élections. Plusieurs centaines d’agents de police et des officiers occupent les lieux. Seuls les employés et les membres de la commission peuvent passer, mais pas avant de montrer leurs cartes d’identité à la sécurité. « Les personnes qui souhaitent présenter leurs dossiers de candidatures ne sont pas autorisées à entrer (!) », déclare Réda Mohamad, membre et candidat du parti du néo-Wafd. Ni lui, ni ses 9 collègues, candidats du parti, n’arrivent à accéder à la commission. Réda raconte que cette scène se répète inlassablement depuis l’ouverture des dépôts de candidatures. « Tous les jours, nous venons pour présenter nos demandes de candidature mais il n’y a rien à faire. Nous n’arrivons même pas à rencontrer le président de la commission dans la rue. A son arrivée et à sa sortie, il est escorté par des policiers », dénonce-t-il.

Il est 9h. Les candidats commencent à affluer pour réserver leur place devant le siège du Conseil municipal. La queue est déjà très longue. Plusieurs dizaines de personnes (censées être des candidats) ont pris place dans la file d’attente. Elles sont d’âges différents. Elles tiennent chacune une enveloppe jaune. Ce qui retient l’attention c’est que les enveloppes sont identiques, même couleur et même forme. Et on voit bien qu’elles sont vides ! « Ce sont des partisans du PND. On les a payés pour nous retarder et nous empêcher d’accéder à la commission », explique Réda, qui n’a d’autre choix que de prendre son tour dans cette longue file d’attente. Quelques minutes après, des candidats des Frères musulmans arrivent sur les lieux. 150 membres de la confrérie doivent se présenter aux élections. Ils sont venus accompagnés d’un millier de partisans. Ils s’installent devant le siège de la municipalité. Quelques-uns feuillettent les journaux, d’autres discutent. Après un quart d’heure, on leur apprend que l’un de leurs candidats a été transféré à l’hôpital. Il a été blessé après s’être disputé avec des baltaguis (hommes de main), alors qu’il essayait de présenter ses papiers de candidature. « Cet incident s’inscrit dans le cadre des intimidations commises par le régime contre nous pour nous obliger à abandonner les élections », souligne Ibrahim Zakariya, député des Frères musulmans à Tanta, capitale du gouvernorat de Gharbiya. Il affirme que de tels incidents sont prévisibles car, selon lui, les Frères ont « une forte présence dans le gouvernorat ». « Nous avons pu remporter 10 sièges lors des élections législatives dans ce gouvernorat. Nous avons 800 candidats pour les élections municipales. Le régime nous craint. Il fait tout pour nous empêcher de nous présenter aux élections. Dans une période de 5 jours, 60 potentiels candidats de Gharbiya ont été arrêtés, dont deux ont été kidnappés dans la rue », assure le député. Les membres arrêtés de la confrérie ont fait des procurations à des avocats pour poursuivre les procédures de candidature tout en étant derrière les verrous.

Il est 10h, les portes de la commission sont toujours fermées alors qu’elles devaient s’ouvrir déjà depuis une heure. Les membres de la commission ne sont pas encore arrivés. Les candidats commencent à s’énerver. Ils ne veulent pas perdre du temps pour rien. Les Frères commencent à lire le Coran et à invoquer Dieu à haute voix en lui demandant de leur accorder « la victoire contre les injustes » dans une claire allusion au régime.

Quelques minutes supplémentaires passent et les membres de la commission commencent à faire leur apparition. Pourtant, les candidats sont toujours interdits d’accéder au siège du Conseil municipal par la police. Tout d’un coup, une centaine de faux candidats envoyés par le PND commencent à s’affairer suite à un simple signe d’un des officiers. Ils se dirigent vers la municipalité. Les portes d’une grande salle d’attente s’ouvrent pour les accueillir. Ils entrent deux à deux. Et, les portes se referment. Les candidats des Frères qui suivent le spectacle à l’extérieur manifestent leur colère. Ils brandissent des slogans anti-gouvernementaux dans le silence. « Nous ne voulons pas provoquer la police et lui donner l’occasion d’utiliser la répression et arrêter nos candidats », affirme Waël Choura, candidat islamiste.

Les heures passent et rien ne change. Il est 13h. Les membres de la commission sortent. Difficile de rencontrer le président, accompagné du sous-secrétaire du PND, il affirme à Al-Ahram Hebdo : « Seuls 10 candidats se sont présentés aujourd’hui, mais personne n’est accepté, car personne n’a apporté les documents nécessaires ! ».

On voit ensuite les faux candidats sortir. Joyeux, ils se saluent et confirment leur rendez-vous du lendemain.

De leur côté, les candidats des Frères se dirigent vers le Parquet et dressent des procès-verbaux pour envoyer leurs dossiers de candidatures. « Le gouvernement veut nous empêcher de nous présenter aux élections pour favoriser les candidats du PND. Mais, nous ne quitterons jamais le champ et nous remporterons un succès », assurent-ils, en menaçant que leur politique pacifique ne durera pas longtemps.

Héba Nasreddine

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