Al-Ahram Hebdo,Monde | Cohabitation délicate
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 Semaine du 12 au 18 mars 2008, numéro 705

 

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Pakistan. La coexistence entre le président Musharraf et les partis d’opposition, qui ont remporté les législatives du 18 février dernier et qui ont convenu de former un gouvernement de coalition, s’annonce difficile. 

Cohabitation délicate 

Après de longs mois de chaos politique, de violences et de crises aggravées par l’assassinat du chef de l’opposition pakistanaise, Benazir Bhutto, le 27 décembre dernier, le pays a tenté cette semaine de redorer son image démocratique avec la finalisation, dimanche, d’un accord pour la formation d’un gouvernement de coalition entre les partis anti-Musharraf ayant remporté les élections législatives du 18 février. D’après les résultats officiels publiés cette semaine, le Parti du Peuple Pakistanais (PPP) de Benazir Bhutto arrive en tête avec 120 des 342 sièges du Parlement (contre 80 en 2002), ensuite vient la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N) fidèle à l’ex-premier ministre Nawaz Sharif avec 90 élus (18 en 2002).

Selon les experts, cet accord conclu entre le PPP et la PML-N réduit à néant tout espoir que pouvait encore avoir Musharraf d’une entrée de la Ligue musulmane du Pakistan, qui le soutient, — arrivée en troisième position (51 sièges contre 118 en 2002) — dans une coalition gouvernementale. Soucieux de mettre en application une politique qui va certainement voler le sommeil au président, les chefs de l’opposition ont demandé, dimanche, à Musharraf de réunir le Parlement « immédiatement » pour que le président du Parlement et le premier ministre soient élus. Répondant à l’appel de l’opposition, Musharraf a promis qu’il convoquerait « dans une semaine ou une semaine et demie » le nouveau Parlement. En effet, depuis la déroute subie dans les urnes le 18 février par les partis qui le soutenaient, le chef de l’Etat a constamment indiqué qu’il accepterait de travailler avec la nouvelle majorité. Reste à savoir si la nouvelle majorité est disposée à travailler avec le président.

Promettant une existence « assez difficile » pour un président déchu, Sharif et Asif Ali Zardari, veuf de Bhutto et nouveau dirigeant du PPP, sont convenus, dimanche, de rétablir à leur poste les juges démis par le chef de l’Etat lors de l’état d’urgence décrété début novembre. Les deux partis ont fait savoir que le rétablissement à leur poste des juges limogés serait acté dans une résolution parlementaire dans les 30 jours qui suivront la formation du gouvernement. Ces magistrats pourraient bien, une fois rétablis dans leurs fonctions, engager des recours juridiques contre Musharraf. Plus grave encore, ces juges, parmi lesquels l’ex-président de la Cour, Iftikhar Chaudhry, seraient amenés à se prononcer sur la légalité de la récente réélection du chef de l’Etat.

Selon le Dr Hicham Ahmad, professeur à la faculté de sciences politiques et économiques de l’Université du Caire, cette première rivalité entre le président et le gouvernement n’est que la goutte qui annonce un torrent de pluies : « La situation au Pakistan est délicate : il est très difficile d’imaginer que, dans un même pays, le président et le gouvernement aient des tendances si divergentes, si disparates. Cet état des lieux est dû essentiellement aux circonstances chaotiques et instables par lesquelles passait le pays surtout après l’assassinat de Bhutto. D’habitude, quand le peuple choisit un président, il choisit forcément son parti pour régner, mais le meurtre de Bhutto a créé une sorte de sympathie qui a incité le peuple à favoriser son parti, d’où ce dilemme politique qui laisse prévoir des rivalités permanentes qui vont dégénérer en crise si les deux parties ne réussissent pas à trouver un compromis ».

Déjà, les alliés occidentaux du Pakistan et ses voisins, préoccupés par l’instabilité de ce pays doté de l’arme nucléaire et luttant sur son sol contre des islamistes radicaux armés, ont réitéré cette semaine leur crainte des turbulences accrues si le gouvernement continue à défier le président.

Faisant aggraver de plus en plus le défi, M. Sharif a estimé, cette semaine, que le chef de l’Etat doit démissionner après la défaite de son camp aux élections, alors que le PPP semblait s’accommoder à l’idée d’une cohabitation avec un Musharraf dépourvu de certains de ses pouvoirs. S’attachant fort au pouvoir, M. Musharraf a déclaré, dimanche, qu’il avait honoré son engagement à organiser des élections libres, équitables et pacifiées, suggérant à ses détracteurs de se concentrer sur la formation d’un gouvernement plutôt que sur le sort du président. « Contentez-vous de gérer le gouvernement », a-t-il souligné.

Selon les analystes, il est impossible que l’une des deux parties démissionne à l’heure actuelle car les deux sont élues démocratiquement par le peuple pakistanais. Pour sortir de cette impasse, deux scénarios sont à imaginer. Le premier, le plus raisonnable, c’est de parvenir à un programme politique commun et tenter de rapprocher les points de vue entre le président et l’opposition, sinon le pays restera ingouvernable. Second scénario : « C’est de laisser les rivalités aller crescendo pour quelques mois durant lesquels le président tentera de mettre en lumière les lacunes du nouveau gouvernement pour les inculper aux yeux du peuple. Et quand il sera sûr que le peuple a perdu sa sympathie pour l’opposition et surtout pour le PPP, le président pourra bien dissoudre le Parlement et convoquer de nouvelles législatives », prévoit le Dr Ahmad. Un jeu fort risqué pour le chef de l’Etat ... .

Maha Al-Cherbini

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