Tchad-Soudan.
Les deux pays voisins, aux relations souvent tendues,
signent ce mercredi un accord de réconciliation censé
ramener la stabilité à leurs frontières.
Geste de bonnes intentions
Après
un mois de négociations sous la médiation du président
sénégalais Abdoulaye Wade, le Soudan et le Tchad doivent
signer, ce mercredi 12 mars à Dakar, un accord en vue d’une
solution définitive au conflit qui les oppose. Le Tchad et
le Soudan, pays voisins à la frontière poreuse, ont des
relations très tendues et s’accusent mutuellement de
déstabilisation par des groupes armés interposés et de
fomenter des troubles à leurs frontières communes ainsi
qu’au Darfour, province de l’ouest du Soudan, qui est le
théâtre depuis 2003 d’une guerre civile et d’exactions à
grande échelle qui ont fait 200 000 morts et 2,5 millions de
déplacés et réfugiés. En effet, N’Djamena accuse Khartoum
d’armer et de soutenir les rebelles tchadiens qui ont failli
s’emparer de la capitale tchadienne et renverser le régime
du président Idriss Deby, début février, par des rebelles
venus de bases arrières au Soudan, ce que les Soudanais
nient. En retour, Khartoum accuse le Tchad de soutenir les
rebelles darfouris.
Pour mettre un terme à ces tensions, les deux frères ennemis
ont accepté de venir à Dakar pour trouver une solution
définitive. Cependant, cet accord n’est pas le premier
puisque les deux pays en ont déjà signé plusieurs, restés
lettre morte. Mais la communauté internationale souhaite
qu’il sera le dernier. Le président Wade avait expliqué que
l’échec de précédents accords de paix signés entre les deux
pays était dû au fait qu’ils « n’avaient pas prévu de
dispositif de mise en œuvre ». Mais cette nouvelle
tentative, visant à un rapprochement entre les deux pays, a
sa nouveauté. Selon le président sénégalais Wade, le pacte
de réconciliation qu’il a préparé comporte non seulement un
accord général de non soutien à des rebelles, mais également
des mesures concrètes pour son application. Les deux parties
se sont mises d’accord sur ces engagements. Chacune s’est
engagée à cesser de soutenir les opposants de l’autre sur
son propre territoire. Il s’agit aussi d’empêcher des
opposants de l’autre pays de franchir les frontières avec
des armes. Troisième engagement : un désarmement général de
tous les mouvements à l’exception des armées des Etats. « Il
faut que tout le monde soit désarmé et que ce désarmement
soit fait entre les mains des troupes qui sont sur place,
c’est-à-dire celles de l’Union africaine, l’Eufor, ou les
forces hybrides des Nations-Unies. Il faut que les bandes
armées remettent les armes à ces forces internationales », a
précisé le chef de l’Etat sénégalais. Ce dernier a reconnu
que l’accord n’implique pas, à ce stade, les rebelles
tchadiens qui cherchent à renverser le président Deby, pas
plus que les insurgés darfouris qui se battent contre
l’armée gouvernementale soudanaise et ses milices arabes
alliées. Mais Wade a affirmé son intention de trouver des
issues à ces problèmes pour la stabilité de la région.
En effet, cette rencontre de Dakar coïncide avec le début
timide du déploiement de la force européenne Eufor, qui
comportera au total 3 700 hommes, majoritairement des
Français, dans l’est du Tchad pour protéger les populations
civiles du Darfour. Afin d’y parvenir, le Sénégal souhaite
que la communauté internationale se porte garante de cet
accord de paix tchado-soudanais. Wade, qui fait partie des «
sages de l’Afrique » et cherche à jouer les médiateurs dans
une série de conflits sur le continent, a invité le
secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, et les chefs d’Etat
de l’Union Africaine (UA) et de l’Union Européenne (UE) à se
porter garants du futur accord de paix entre N’Djamena et
Khartoum. « Je les ai impliqués dans le processus de mise en
œuvre, nous aurons le témoignage, la présence de tiers qui
vont garantir la sincérité des uns et des autres », explique
Wade. « C’est en cela que je crois que le prochain accord
sera un accord définitif ». A cet égard, le secrétaire
général de l’Onu, Ban Ki-moon, s’est rendu au Sénégal cette
semaine pour assister à la signature de cet accord de
réconciliation.
Wade a aussi indiqué qu’il s’agit là uniquement de la
première étape d’un processus ardu visant à démêler
l’écheveau des conflits régionaux à leurs frontières
communes.
Maha
Salem