CAF. La Confédération africaine de football a désigné le Malien Frédéric Kanouté meilleur joueur africain de l’année 2007, battant l’Ivoirien Didier Drogba, lauréat 2006, et le Ghanéen Michael Essien.

 

Kanouté enfin récompensé

 

A 30 ans, le Malien Frédéric Kanouté obtient ce qui lui revient. L’attaquant de la formation espagnole de Séville a été sacré meilleur joueur de l’année par la Confédération Africaine de Football (CAF), vendredi dernier. « Je suis très heureux de cette récompense. C’est un grand honneur pour moi d’être désigné meilleur joueur du continent en présence de joueurs de renom tels que Drogba, Essien, Eto’o et beaucoup d’autres. C’est un moment très important dans ma carrière et toute ma vie », avait déclaré Kanouté qui devient le second Malien a être sacré après Salif Keita, en 1970. Le suffrage composé de 53 sélectionneurs nationaux d’Afrique l’a placé devant l’Ivoirien Didier Drogba et le Ghanéen Michael Essien (tous deux de Chelsea, Angleterre).

Un choix qui a d’ailleurs suscité quelques exclamations lorsqu’on le compare à Drogba, lauréat 2006, qui fait la pluie et le beau temps à Chelsea, ou même à Essien, imbattable que ce soit en Premier League ou avec la sélection du Ghana. Mais les statistiques du géant Malien (1,92 m) parlent d’elles-mêmes. Depuis qu’il a atterri à Séville en 2005, le club atteint de nouveaux cieux. Deux titres consécutifs de Coupe de l’UEFA, une Super Coupe d’Europe, une Super Coupe d’Espagne et un titre de Coupe d’Espagne. Cinq trophées sur un total de 9 présents dans la vitrine du club depuis 1905, et Kanouté n’y est pas pour rien. Il termine la saison dernière avec un total de 21 buts inscrits en 32 rencontres, outre 4 buts en 10 rencontres à l’échelle européenne. Il maintient cette cadence infernale en début de cette saison avec 8 réalisations en 15 matchs de Primera Liga et cinq autres en 7 matchs de Ligue d’Europe des champions. « C’est le meilleur joueur d’Espagne, et rien au monde ne me convaincrait de le laisser partir. Je ne vois pas qui pourrait le remplacer », avait dit son ancien coach à Séville, Juande Ramos, qui est parti à Tottenham (Angleterre) et cherche d’ailleurs à le ramener de nouveau en Angleterre.

Puissant physiquement et dominant dans le jeu aérien, l’international Malien se distingue parmi ses homologues pour être particulièrement doué balle au pied. Né à Lyon le 2 septembre 1977, Kanouté était l’un de ces expatriés intégrés dans la communauté française. Il a évolué dans toutes les équipes espoirs de France, mais a toujours attendu la convocation des Bleus sans avoir de réponses. En 2004, profitant de l’ajustement du règlement de la Fédération Internationale de Football (FIFA) permettant aux joueurs qui n’ont pas joué en équipes nationales A de jouer pour leurs pays d’origine, il décide de porter les couleurs du Mali. Il fait un début explosif en menant son pays à la demi-finale de la CAN 2004 et termine parmi les meilleurs buteurs avec 4 buts à son compteur. Cette année, le tirage au sort ne joue pas en sa faveur et le Mali se voit éliminer du premier tour par le Nigeria et la Côte-d’Ivoire. « C’est une grosse déception. Nous avons manqué de rage, de détermination et d’organisation. Un peu de tout quoi. Nous avions notre chance face à la Côte-d’Ivoire, mais nous l’avons laissé passer (ndlr : le Mali avait besoin d’un nul face aux Ivoiriens, mais a perdu 3-0) », explique-t-il. Kanouté a tourné la page et le titre de meilleur joueur l’a placé devant de nouveaux objectifs. « Nous devons maintenant nous concentrer sur la prochaine période car les qualifications pour le Mondial vont bientôt commencer et nous devons chercher à nous rattraper. Personnellement, je veux réaliser quelque chose avec Séville, notamment en Ligue des champions qui va sûrement donner une nouvelle dimension à ma carrière. Il faut que je sois digne du titre de meilleur joueur du continent ». « Inchallah », comme le dit ce musulman de confession qui a versé la somme de 510 860 euros pour racheter une mosquée qui était sur le point de fermer ses portes à Séville, et qui ne cesse de financer des œuvres de charité en Afrique, et surtout dans son pays, le Mali. Un vrai messie du continent.

Karim Farouk