Foire du livre.
François Weyergans,
l’auteur de Trois jours chez ma mère récompensé par le prix
Goncourt en 2005, a lancé au Caire la traduction de son
ouvrage en langue arabe.
Une version arabe attendue
Réalisée
par Badr Al-Aroudki et publiée par l’Organisme égyptien pour
le livre (GEBO), il s’agit de la première traduction en
langue arabe d’une œuvre de François Weyergans. Il se
félicite de cette initiative, lui qui « voue une grande
admiration à la civilisation arabe, qui a donné tant de mots
au Français et qui est une des plus importantes du monde »,
a-t-il dit. Badr Al-Aroudki, à ses côtés pendant la
conférence, a pu évoquer le laborieux travail qui incombe au
traducteur, en contact permanent avec l’auteur. Comment
traduire un mot sans perdre son essence, son histoire ? Le
traducteur, en ayant vécu 35 ans à Paris, a dû relever le
défi de plonger le lecteur arabe dans cette ambiance
typiquement parisienne, et insuffler grâce à des mots
choisis une émotion identique.
François Weyergans, entre deux pirouettes sémantiques qui
pimentent son discours, se dit « très jaloux des traducteurs
». « C’est comme si votre femme vous trompe avec un amant,
lui, il fait ce qu’il veut de votre texte ! ». L’humour, qui
s’égrène au fil des pages de Trois jours chez ma mère est
selon son créateur l’émotion la plus évidente à traduire. «
L’humour est le bien le plus universel de la pensée humaine
», explique-t-il dans une envolée mi-lyrique, mi-ironique. «
La traduction, explique François Weyergans, est un don à
part, et depuis que mes romans sont traduits dans une
trentaine de langues, je fais des sueurs froides quand
j’écris en me disant que ce passage sera totalement
intraduisible ! ». Certaines scènes érotiques ont été
allégées dans la version arabe, comme l’explique le
traducteur : « je crois qu’ils ont enlevé quelques phrases
afin d’alléger l’effet, sans prendre l’autorisation de
l’auteur, c’est bien dommage », ajoute-t-il, manifestement
contrarié.
Le roman, qui s’articule autour de la relation entre un fils
cinquantenaire et sa mère de 80 ans aborde en filigrane la
difficulté d’écrire. Il s’agit d’un roman doté d’une
structure déstructurée, où les narrateurs, multiples,
s’emboîtent comme des poupées russes. Ce portrait émouvant
d’une femme âgée, physiquement amoindrie, et de son fils,
moralement à plat, « fait un roman qui va très bien ! »,
explique l’auteur, qui manifestement ne peut s’empêcher
d’injecter une bonne dose d’humour à son intervention. Franz
et François, son précédent roman, tournait autour de la
relation père-fils, somme toute bien plus simple à coucher
sur le papier selon François Weyergans, que la relation à la
mère qui est plus surprenante, déjantée, construite vraiment
différemment.
Louise Sarant