Université.
La Cour administrative vient d’interdire la présence de
policiers au sein de cet établissement.
La police interdite à l’université
La présence des forces de sécurité et des agents de la
sécurité de l’Etat au sein de l’Université du Caire n’a
aucun fondement. C’est la décision de la Cour
administrative. Elle estime que seule une unité de sécurité
civile peut opérer à l’université, sous la direction du
recteur et pas le ministre de l’Intérieur. La Cour s’est
référée à l’article 18 de la loi sur les universités, selon
laquelle l’Etat garantit l’indépendance des universités et
des centres de recherche. C’est l’apaisement dans le milieu
universitaire. « Ce verdict est historique, car enfin
l’université retrouvera sa liberté. Nous souffrons à cause
de l’intervention constante des services de sécurité dans
les affaires universitaires », explique
Magdi Korkor, professeur
à l’Université du Caire.
L’affaire remonte à l’année dernière, lorsque plusieurs
professeurs du mouvement du 9 mars décident d’engager un
procès contre le recteur de l’Université du Caire et le
premier ministre. Ils réclament le départ des forces
de sécurité du campus. Le mouvement du 9 mars pour la
revendication des libertés a organisé des sit-in, afin de
dire haut leurs revendications : stopper l’intervention des
forces de sécurité dans les affaires universitaires et
augmenter la part du budget consacrée à la recherche
scientifique, l’élection du recteur, des doyens et des chefs
de département et non leur nomination. Les forces de
sécurité sont accusées par certains professeurs de
s’immiscer dans les élections estudiantines et seraient,
selon certains responsables, à l’origine de la radiation des
candidats islamistes des listes électorales.
De plus, pour tenir des conférences, il faut avoir l’aval
des services de sécurité. « J’étais choqué de ne pas voir
mon nom sur la liste des étudiants inscrits pour les
élections. Il y a certainement d’autres dont les noms ont
été supprimés », explique Ahmad Sobhi,
étudiant à l’Université de Hélouan.
Il explique que les rapports faits par les membres de la
sécurité à l’université déterminent ceux qui doivent rester
pour l’élection ou être exclus de la liste, notant que les
étudiants activant dans n’importe quel courant politique
sont écartés. « Plusieurs assistants ont été privés de
titularisation à l’université à cause des rapports
sécuritaires, qui sont importants », se plaint
Korkor. Le ministère de
l’Intérieur a engagé un recours pour arrêter l’exécution de
cette décision. Les responsables refusent d’entrer dans les
détails. « Le ministère
n’intervient pas dans les affaires de l’université. Ce sont
des prétentions d’islamistes », insiste un responsable au
ministère ayant requis l’anonymat.
Ainsi, certains pensent que cette décision ne sera pas
appliquée. « Evidemment, le ministère ne va pas appliquer la
décision de la cour », indique Mohamad
Aboul-Ghar, chef du mouvement du 9 mars. Mais
d’autres ont encore de l’espoir. « Je demande à tous les
professeurs des autres universités d’intenter d’autres
procès, et lorsqu’on obtiendra des dizaines de verdicts, le
gouvernement se trouvera obligé de les exécuter », conclut
Aboul-Ghar.
Sabah
Sabet