Al-Ahram Hebdo,Nulle part ailleurs | Vie en image
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 Semaine du 24 au 30 décembre 2008, numéro 746

 

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Nulle part ailleurs

Initiative. Un premier concours organisé par la délégation de la Commission européenne en Egypte a permis à de talentueux photographes amateurs de saisir sur le vif un quotidien. Ils s'expriment sur leurs expériences.

Vie en image

« Sens dessus dessous »
Nour Al-Rifai, architecte.

C’est l’état de tout le pays, c’est ainsi que je le vois. Tout est sens dessus dessous. Un désordre total, un chaos. Tel est le sentiment qui m’a dominé quand j’ai pris cette photo. Elle exprime avec des détails très simples la situation actuelle de l’Egypte et tous ses contrastes. Dans l’arrière-plan, on trouve les maisons, les mosquées, les usines et tous les indices d’une vie quotidienne normale. Mais sur le devant de la scène, on constate ce déséquilibre choquant entre le citoyen et le pouvoir. Cet enfant debout bien droit semble impuissant face à ce garçon renversé, qui a l’air plus robuste et semble en position de force, car il détient tout. Cette incapacité et cette soumission ne font que refléter notre statut face à toutes les formes d’injustice. Nous sommes tous là, les bras croisés, et nous regardons ceux qui décident de notre destin sans pouvoir même nous opposer.

« Et si demain n’arrive pas »
Rania Al-Sayed, traductrice.

La crainte et la tristesse se dégageant des yeux de la petite villageoise disent tout. Elle regarde l’horizon, comme si elle voulait savoir à quel avenir s’attendre. Elle partage les maux de toute une génération née et élevée dans les villages d’Egypte et dont les conditions de vie assez précaires promettent un lendemain incertain. Pauvreté, maladie, ignorance, tant de drames qui contribueront à tracer le destin de cette petite fille. Ma photo aborde ces conditions inhumaines privant nos enfants de leurs droits les plus élémentaires. J’ai essayé d’imaginer dans quel état serait cette jolie fille dans une dizaine d’années, tout en me rappelant le passé glorieux des villages d’Egypte et constatant leur état lamentable d’aujourd’hui. Ce sont ces mêmes villages qui donnaient autrefois naissance à des intellectuels, savants et écrivains, et où ils obtenaient le meilleur enseignement, avaient droit à une vie saine et à une ambiance inspiratrice.

« La course des ânes »
Mohamad Hassan Haggag, architecte.

Tout est arrivé par coïncidence. J’assistais à une course de chevaux dans un village du Fayoum. Soudain, un troupeau d’ânes conduit par de jeunes villageois a fait son apparition sur le champ de course. Dynamiques, agiles, le regard déterminé, ces jeunes ont réussi à attirer toute l’attention sur eux. A ce moment, j’avais senti que cette course des ânes était plus émouvante que celle des chevaux. Ce contraste entre chevaux et ânes m’a fait penser à deux autres scènes de vie, celle des fonctionnaires à la sortie de leur travail, dont les visages illustrent la paresse et l’indifférence, et celle des paysans travaillant la terre avec beaucoup de détermination et d’enthousiasme. Deux scènes de vie qui reflètent deux mondes différents.

« L’homme de la fumée »
Abdel-Hakim Moustapha, professeur de sciences.

Comme l’a fait Gamal Hemdane en géographie humaine et Chadi Abdel-Salam au cinéma, je suis à la recherche de scènes de vie en Egypte à travers la photo. C’est plus une passion d’observer et de capter. Son modèle : un potier près du four, au milieu de la fumée, tout en fumant sa cigarette, au village Al-Towayrate, à Qéna. Un moment qui mérite d’être enregistré. Pour moi, il représente l’Egyptien poursuivant son travail malgré toutes les difficultés. La fumée représente la pollution. Pourtant, l’homme semble avoir une volonté de fer, il poursuit sa vie, son travail tout en jouissant de son temps, en fumant avec plaisir sa cigarette. J’ai l’intention de faire une collection de photos sur la Haute-Egypte, à la recherche de la vraie identité égyptienne.

« Attente »
Mohamed Ezzeddine, ingénieur.

J’ai réalisé au cours de mon trajet quotidien dans le métro à quel point nous passons du temps à attendre. Dans la vie, nous sommes en état d’attente perpétuel. Nous attendons ce microbus ou métro qui va nous conduire à la destination désirée. Nous attendons encore cette opportunité de travail qui va nous permettre de faire carrière et améliorer nos conditions de vie, nous attendons cet amour qui pourrait donner un sens à la vie, nous attendons peut-être un bébé pour lequel nous ferons de notre mieux pour lui assurer une vie meilleure. La vie est ainsi une série d’attentes. Et à chaque phase, c’est l’aspiration à la prochaine étape qui donne du piment à notre existence, qui nous encourage à déployer plus d’efforts pour découvrir le reste de l’aventure. Cette attente est le sentiment de cette génération qui attend ce grand changement, cette lumière au bout du tunnel.

« Le jour de la sortie des filles »
Ali Hassan, ingénieur chimique.

Avoir le sens de la tolérance et accepter l’autre. C’est ce que je voulais dire à travers la photo ... 4 filles voilées se promènent et sautent par dessus le mur à la région de Qaïtbay à Alexandrie. Elles jouissent de leur vie avec gaieté et vivacité. Une image différente des stéréotypes de la femme voilée, liée à l’oppression, la régression et la faiblesse. Ce jour, j’ai réalisé qu’il ne faut pas juger les gens à travers leur apparence et selon leur manière de s’habiller, surtout que le voile devient presque une uniforme de beaucoup de femmes en Egypte. Cependant, ça ne veut pas dire que les femmes voilées sont renfermées sur elles-mêmes, mais des filles qui mènent un train de vie normal et exercent beaucoup d’activités.

« L’encombrement du métro »
Mohamad Abdel-Wahab Al-Séheiti, étudiant à l’université.

C’est la vie en Egypte. Embouteillage partout. Cohue, bousculades, encombrements, attouchements et disputes. Le transport public est une souffrance quotidienne que vit le peuple. Un peuple qui recourt essentiellement aux moyens de transport en commun. Cet embouteillage n’exclut pas le métro. Cette scène d’encombrement dans le métro montre des mains qui s’étendent pour trouver une place où poser les pieds et se tenir en équilibre. En fait, les gens évitent les bus publics et les microbus pour leur lenteur dans une ville où le trafic est intense. Aujourd’hui, même le métro qui est plus rapide devient insupportable avec tant de cohue.

« De leurs mains, ils rament vers leur propre monde »
Marwa Morgan, étudiante à l’université.

Des pêcheurs modestes et peut-être analphabètes forment des files bien organisées avec leurs bateaux. Chacun sait ce qu’il doit faire et le fait en toute harmonie. Une scène qui me fait rappeler les contrastes de notre société. Des gens éduqués mènent un train de vie anarchique, ils ne savent pas s’organiser tandis que d’autres beaucoup plus modestes et spontanés sont plus méthodiques. Nous vivons dans une société pleine de contrastes.

« Le pain subventionné, le défi »
Dani Eid, directeur général d’une société privée.

Un enfant qui vend du pain à une époque où en avoir une galette en Egypte devient un défi. Un petit dont le rêve est d’aller chercher du pain pour le revendre. Pour moi, la photo doit transmettre un message. Je suis membre de plusieurs ONG, je pense qu’à travers des photos de la vie quotidienne en Egypte, nous pouvons mettre l’accent sur beaucoup de problèmes, un premier pas vers les solutions.

Libanais, je séjourne en Egypte depuis 5 ans, je pense que c’est un grand pays, riche en tout et plein de scènes qui incitent les caméras des photographes. Différents lieux, traditions, modes de vie et cultures dans les quartiers populaires. L’Egypte, ce n’est pas seulement les Pyramides et le Nil comme le pensent beaucoup d’étrangers.

« Café »
Mohamed Hassan Abdel-Aal, photographe en herbe.

Le café baladi, aspect typique de la vie quotidienne. L’Egypte c’est un café. Un lieu où l’on se rassemble, se côtoie, se défoule et se connaît. Un élément indissociable du décor de chaque quartier populaire. Ici, tout coexiste en pleine harmonie. Jeux, activités et loisirs, mais aussi jeunes, adultes et vieillards. Même au niveau des boissons, vous y trouverez pour tous les goûts. Chicha, thé à la menthe, café et même du capuccino. Un mélange de cultures et d’états d’âme. Des visages souriants, d’autres tristes. Sur ce café du quartier populaire d’Al-Omraniya, j’ai rencontré des jeunes qui ont fait l’école buissonnière, des chômeurs, des personnes à la retraite et des fonctionnaires. Un témoin de la vie des gens qui a réussi malgré tout à survivre. Et même si aujourd’hui, on voit pousser dans tous les coins de la capitale ces nouveaux cafés à l’américaine, un café baladi reste une expérience à part. Ici, même les serveurs ont leur propre charme. Difficile d’imaginer un café baladi sans ces anciennes maisons, ce linge suspendu aux balcons, ces cris de vendeurs ambulants.

« Le barbier égyptien »
Mohamad Azab, consultant technique en vente et marketing.

Durant le mois de Ramadan et en flânant dans le quartier d’Al-Azhar et Al-Hussein, j’ai croisé ce barbier qui a aguiché ma caméra. Une scène purement égyptienne, un barbier dont la porte de l’échoppe située dans une petite ruelle est entrouverte. Une scène de film en noir et blanc. ça représente les vieilles traditions de l’Egypte, une partie intégrante de la hara. Ce barbier « old style » est une spécificité égyptienne comme le taxi noir et blanc. J’ai vécu plus de 15 ans à l’étranger. Quand je venais en vacances, j’aimais me balader dans les différents coins de l’Egypte pour les découvrir. J’observais des scènes de vie reflétant nos traditions et qui n’existent nulle part ailleurs.

Propos recueillis par Doaa Khalifa et Amira Doss

 




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