Zimbabwe.
Réagissant aux appels lancés par la communauté
internationale pour qu’il démissionne, Robert Mugabe a
affirmé qu’il ne renoncerait pas au pouvoir. Ce qui éloigne
de plus en plus la possibilité d’un compromis avec
l’opposition.
Jusqu’à ce que la mort nous sépare …
«
Le Zimbabwe m’appartient ». Cette déclaration lourde de
sens, lancée par le président zimbabwéen, vient compliquer
la situation politique dans ce pays en crise depuis mars
2008. Les négociations entre Robert Mugabe et son premier
ministre, Morgan Tsvangirai, qui portent sur la formation
d’un gouvernement d’union nationale, sont bloquées depuis
plusieurs semaines. Les deux hommes ne parviennent pas à
s’accorder sur la répartition des ministres-clès et d’autres
questions. Et, les appels internationaux à la démission du
président Mugabe se sont multipliés face à la crise
politique, économique et sanitaire qu’affronte ce pays. Mais
quitter le pouvoir est inacceptable et inenvisageable pour
Mugabe, le plus vieux président du continent africain. En
effet, le président Mugabe considère que son départ du
pouvoir est un départ de la vie. « Ils veulent maintenant
renverser le gouvernement de Mugabe. Mugabe doit partir
parce que Bush part. Les Zimbabwéens refusent que l’un de
leurs fils doive accompagner Bush vers sa mort politique »,
a-t-il lancé.
Face aux pressions internationales, des milliers de délégués
de l’Union nationale africaine du Zimbabwe — Front
patriotique — (Zanu-PF, parti au pouvoir) étaient réunis
pour la première fois depuis la défaite aux élections en
mars, la première de la Zanu-PF depuis son arrivée au
pouvoir en 1980. A cet égard, Mugabe a appelé samedi ses
partisans à « l’unité » et à resserrer les rangs pour ne
plus perdre les nouvelles élections et pour protéger son
parti.
D’après lui, le parti avait perdu les élections en raison
des divisions internes et d’une impopularité croissante,
liée au marasme économique. « Si vous êtes unis, toutes les
autres formations deviendront inutiles. Ce sera facile de
remporter les élections quand elles seront fixées », a-t-il
déclaré. « Le message de ce meeting est que nous devons être
unis contre toutes les forces de désunion, toutes les forces
qui à l’intérieur et à l’extérieur du pays cherchent à
détruire notre unité », a aussi dit M. Mugabe. Et de
confirmer une nouvelle fois qu’il ne quittera pas le pouvoir
malgré les appels à la démission de nombreux pays comme la
Grande-Bretagne, la France ou les Etats-Unis. En réaction,
Washington a aussitôt répliqué que Mugabe se trompait : « La
dernière fois que j’ai vérifié, le Zimbabwe appartenait aux
Zimbabwéens », a ainsi déclaré le porte-parole du
département d’Etat, Sean McCormack.
Ce dixième congrès intervient alors que le pays est plongé
dans la paralysie politique depuis la réélection en juin du
président Mugabe, lors d’un scrutin où il était seul en
lice. Le chef de l’opposition, Morgan Tsvangirai, était
arrivé largement en tête au premier tour de la
présidentielle en mars, mais il avait boycotté le second
tour pour protester contre la violence déchaînée dans l’entre-deux-tours.
Son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC),
lui avait remporté les législatives. Le chef de l’Etat et
son rival ont tenté de sortir de la crise en signant
mi-septembre un accord de partage du pouvoir, resté lettre
morte depuis. Tsvangirai a posé comme première condition à
la poursuite des négociations l’arrêt des enlèvements et la
libération de plus de 40 militants de son parti et
défenseurs des droits de l’homme.
Une autre question qui s’ajoute à la liste de leurs
divergences : la redistribution des terres. Le président
Mugabe a exclu la possibilité pour un gouvernement d’unité
nationale de revenir sur sa politique de redistribution aux
noirs des terres des propriétaires blancs. « Nous ne voulons
pas d’une union qui soit régressive. La grande question,
c’est celle de la terre. La terre a déjà été donnée au
peuple, elle ne sera pas restituée aux blancs », a-t-il
affirmé. La politique de saisie des terres des propriétaires
blancs, entamée lors de l’accession de l’ancienne Rhodésie
britannique à l’indépendance en 1980, est considérée par les
adversaires de Mugabe comme l’une des causes de la faillite
économique du pays.
Autant de questions qui dressent un tableau peu reluisant de
l’avenir politique du pays. M. Tsvangirai a déclaré qu’un
gouvernement d’union nationale avec Mugabe ne pourrait être
formé qu’au plus tôt début 2009, réaffirmant que tous les
différends en suspens devraient être réglés avant. A cette
impasse politique s’ajoute une crise humanitaire sans
précédent, qui traduit tant la paralysie politique que
l’effondrement de l’économie. Une épidémie de choléra a déjà
fait depuis août plus de 1 100 morts et continue de se
propager, selon l’Onu. Des millions de personnes sont
menacées de famine, la production est au point mort et
l’inflation dépasse l’entendement avec un taux annuel de 231
millions pour cent.
Maha
Salem