Football.
La direction de Zamalek a interdit à ses joueurs de
s’exprimer à la presse en raison de sa situation délicate
actuelle. Al-Ahram Hebdo a tout de même réussi à
s’entretenir avec Abdel-Halim Ali,
meilleur buteur de l’histoire des Blancs, qui analyse la
situation du club.
« Nous sommes tous responsables
de la crise de Zamalek »
Al-Ahram
Hebdo : Lors de votre premier match amical juste après votre
défaite à domicile face à l’Olympique d’Alexandrie, le 2
novembre dernier, les supporteurs vous ont agressés sur le
terrain. Racontez-nous ...
Abdel-Halim Ali :
C’était un cauchemar. Bien que l’administration du club ait
annoncé que le match amical de préparation de l’équipe A
contre Al-Badrachine (D3) serait joué à huis clos pour
éviter la colère des supporteurs, des centaines d’entre eux
ont réussi à entrer par force dans le stade avant le match,
après avoir cassé la porte qui les séparait des tribunes.
Ils ont posé dans les tribunes des banderoles insultantes
envers des joueurs de l’équipe. Puis, ils sont descendus sur
le terrain pour agresser des joueurs, ils ont proféré des
insultes, surtout contre Gamal Hamza, Hani Saïd, et Mohamad
Aboul-Ela.
— Et pourquoi ces joueurs en particulier ?
— Ils pensaient que ces joueurs-là étaient les principaux
responsables de la mauvaise performance de l’équipe depuis
un mois. C’est pourquoi ils les ont agressés plus que les
autres. Et quand Ahmad Ghanem a voulu calmer les supporters,
ils l’ont agressé, lui ont lancé leurs chaussures à la
figure. C’était vraiment incroyable. Je crois que les
joueurs n’ont jamais été traités de cette manière depuis la
création du club. Ahmad Réfaat et Ahmad Ramzi se sont
dirigés vers les supporters pour, en vain, essayer de leur
parler et de les calmer. Ils ont également traduit leur
colère par d’autres actes aussi violents envers les
infrastructures. Ils ont cassé en effet quelques chaises
dans les tribunes puis insulté tous les joueurs de l’équipe.
— Et comment cela a-t-il pris fin ?
— Le vice-président du club a appelé la sécurité du club et
la police pour essayer de contrôler la situation. Ces
derniers ont réussi à évacuer le terrain des supporters et
le match amical contre Al-Badrachine a commencé avec 30
minutes de retard à cause de ces incidents. En plus de cela,
tout le monde était très affecté et très triste de décevoir
les supporters. Le match a alors été joué et nous avons
gagné 8-0. A mon avis, la colère de ces supporters est due à
leur amour pour le club, ainsi qu’à la mauvaise performance
surtout lors des deux matchs de l’équipe face à Al-Gueich
(0-1) et l’Olympique d’Alexandrie (1-3) respectivement
comptant pour les 7e et 9e journées du championnat. Ils sont
furieux de leur club, ne veulent pas le voir dans cet état
surtout qu’ils pensent que cette mauvaise performance est
due au manque de concentration et de motivation des joueurs.
— Et d’après vous, quelles sont les causes de cette mauvaise
performance ?
— Tous les membres de l’équipe sont responsables de ces
défaites, surtout la dernière qui était à domicile face
l’Olympique d’Alexandrie. Nous sommes tous responsables de
la crise de Zamalek. Tous sans exception. Que ce soit les
joueurs, le staff technique ou la direction administrative.
Nous tous sommes responsables de la défaite comme nous
étions responsables de la large victoire (4-1) lors de la
huitième journée face à Enppi.
— D’après vous, le remplacement de Tareq Yéhia et Motamed
Gamal par Ahmad Réfaat et Ahmad Ramzi est-il la solution ?
Surtout que Ramzi avait des problèmes avec les joueurs
lorsqu’il était membre du staff technique il y a deux
saisons, et qu’il en avait été écarté …
— (Il hésite à répondre). Excusez-moi, je ne suis pas
autorisé à aborder ce genre de sujets avec les médias … Mais
ce que je peux vous dire, c’est que la direction du club
vise toujours le bien du club, des joueurs et ses décisions
doivent être dans l’intérêt de l’équipe. Elle étudie aussi
d’autres points qui visent l’amélioration de la performance
des différentes équipes du club en général et la première
équipe de football en particulier.
— D’après vous, que manque-t-il à l’équipe A pour retrouver
sa forme ?
— A l’exception des deux matchs face à Al-Gueich et
l’Olympique d’Alexandrie, l’équipe a développé un très bon
football même face à Ahli, avant d’être éliminée de la Ligue
des champions d’Afrique. Même si Ahli est revenu au score,
on méritait de gagner le match. Ce qui manquait à Zamalek
face à Al-Gueich, c’était la chance, tout simplement. Je ne
vais pas parler des erreurs d’arbitrage, qui ont joué un
grand rôle dans notre défaite, mais si nous avions eu la
chance de marquer même le 1/5 de nos occasions, nous aurions
remporté la rencontre. Quant au match contre l’Olympique,
j’avoue que c’était un mauvais match ; là aussi nous
méritions de gagner mais toutes les équipes du monde
connaissent des hauts et des bas. Ahli, par exemple, a perdu
au début du championnat face à Masri (0-2). Je ne suis pas
en train de nous donner des excuses ; mais j’avoue que tous
les joueurs ont mal joué et manqué de concentration … Ils
méritaient de perdre mais cela ne veut pas dire aussi que
cette défaite est la fin du monde. Nous n’en sommes qu’à la
9e journée et avec plus de concentration et de chance, nous
pourrons revenir à la compétition, mais à condition que la
confiance des supporters à l’égard des joueurs et de
l’équipe revienne. Tout ce que je demande aux supporters,
c’est de rester à nos côtés, de continuer à nous encourager
comme ils l’ont toujours fait et de patienter ; nous ferons
de notre mieux pour ne jamais les remettre en colère.
— Vous n’êtes plus titulaire depuis la saison dernière, et
la presse affirme que vous songez à intégrer par exemple le
club Masri de Port-Saïd, entraîné par vos deux anciens
coéquipiers Hossam Hassan et Tareq Saïd ... Vous confirmez ?
— Tout ce que je peux dire pour le moment, c’est que je suis
joueur à Zamalek et je suis à la disposition de mon club,
peu importe que je sois titulaire ou remplaçant. Je respecte
la décision du staff technique. Me titulariser ou me mettre
sur le banc de touche est une décision qui revient au staff
et je ne dois pas m’en mêler. En revanche, je dois faire mon
travail de m’entraîner sérieusement et être toujours prêt et
en bonne forme. A la fin, que l’équipe gagne avec ou sans
moi, c’est une victoire pour tous les joueurs et non pas
seulement pour les titulaires. Le football est un sport
collectif qui se joue avec une équipe qui se compose
toujours de titulaires et de remplaçants.
Propos recueillis par Amr Moheb