La grippe aviaire
Salama
A. Salama
Il
y a quelques années l’épidémie de la grippe aviaire a frappé
l’Egypte et un nombre de pays voisins, ainsi que les pays
européens, en raison des millions d’oiseaux m
igrateurs
en provenance du Sud au Nord et vice-versa. La première
fois, l’Egypte a réagi envers la catastrophe avec
nonchalance. Mais rapidement, la panique a atteint les
masses avec la mort épidemique de millions de volailles. En
conséquence, les autorités ont été obligées d’entreprendre
des mesures rapides et non étudiées dont l’objectif est de
sauver l’industrie d’élevage de la volaille d’une part et
d’empêcher une famine alimentaire d’autre part. D’autant
plus que les volailles représentent une source essentielle
de protéine animale compensant la viande et subvenant aux
besoins de 25 % des couches vivant en dessous du seuil de
pauvreté.
Les fermes atteintes de l’épidémie ont été partiellement
fermées. Des campagnes ont été lancées contre les
commerçants de volailles et leurs éleveurs dans les maisons
pour anéantir celles qui sont atteintes ou bien pour les
vacciner d’injections dont certaines étaient avariées. Ces
mesures ont d’apparence seulement freiné
le phénomène qui avait gagné quasiment tous les
gouvernorats. A tel point que la mission de poursuite des
personnes pratiquant cette industrie était tellement
difficile, qu’elle nous rappelait en quelque sorte la traque
des agents d’Al-Qaëda. Car certains ont mis à l’abri leurs
volailles, en les cachant sous les lits ou ailleurs. En fin
de compte, le virus a été transmis à l’être humain et l’Egypte
a été le troisième pays à connaître ce cas. Il s’agit de
transformation génétique qui ne peut avoir lieu facilement
dans la nature, sauf dans un environnement de pauvreté
extrême où l’homme côtoie les volailles.
Les responsables étaient supposés saisir le recul de la
première vague de grippe aviaire pour prendre des mesures
plus sévères et fermes. Ce afin de faire face à la
propagation de la maladie et pour empêcher sa transmission à
l’homme. Mais comme il arrive toujours, une fois qu’une
amélioration relative a lieu, l’état d’urgence cède la place
à un laisser-aller. Conséquence : l’Egypte est le troisième
pays à connaître la transmission du virus à l’homme, après
le Vietnam et l’Indonésie.
Tel était l’axe d’intérêt de la 6e conférence internationale
tenue à Charm Al-Cheikh. L’objectif affiché était de
mobiliser les efforts internationaux pour contrer une
éventuelle épidémie mondiale de grippe aviaire exposant
l’être humain et les oiseaux en même temps à
l’extermination.
Le problème qu’affronte non
seulement l’Egypte mais aussi d’autres pays qui n’ont pas
pris des mesures préventives est d’avoir élaboré des plans
et des scénarios qui sont restés lettres mortes et n’ont pas
été exécutés sur le terrain. Nous ne cessons pas de parler,
même 6 ans après des préparatifs consistant à produire un
vaccin local au lieu de l’importer. Une mesure qui était
indispensable dès que l’épidémie a émergé, quelques années
auparavant. D’autant plus que nous découvrons aujourd’hui
que la production internationale de vaccins ne sera guère
suffisante, si l’épidémie menaçant la race humaine touche le
monde entier.
Si la conférence de Charm Al-Cheikh devait avoir des
résultats positifs, il s’agira pour l’Egypte de produire
localement des vaccins en assurant le financement nécessaire
au lieu de dépendre des aides étrangères, comme le fait le
ministre de la Santé. Les scénarios à venir seront certes
pires, surtout à l’ombre de la crise financière mondiale.