Contagion
La chute des cours du brut pourrait, paradoxalement,
nuire aux pays arabes non pétroliers si elle provoquait
un ralentissement prolongé des économies des monarchies
pétrolières du Golfe et une chute des transferts
financiers en provenance de cette région.
A court terme, la crise financière mondiale a bien sûr
un effet déflationniste et rend la vie plus facile pour
les pays non producteurs de pétrole. Pour les pays
arabes dépourvus de ressources pétrolières, importateurs
nets d’énergie, l’effet immédiat est un pétrole moins
cher, ce qui améliorera leurs balances des paiements.
Pour des pays comme l’Egypte, récemment confrontés à une
explosion des prix à la consommation lorsque le cours du
baril approchait en juillet les 150 dollars, la chute du
prix du pétrole devrait entraîner la baisse des prix
d’autres produits, notamment alimentaires. Il est à
rappeler que tous les pays arabes sont des importateurs
nets de produits alimentaires.
Mais l’équation dépasse la simple question de la facture
pétrolière en raison de l’importance des transferts
financiers effectués par les ressortissants arabes
travaillant dans les monarchies pétrolières du Golfe et
des investissements en provenance de celles-ci, qui
risquent de souffrir d’un ralentissement des économies
du Golfe. Les transferts d’argent vers l’Egypte ont
atteint l’an dernier 5,9 milliards de dollars, soit 5 %
de son Produit Intérieur Brut (PIB). Mais leur poids est
encore plus énorme pour d’autres pays arabes : ils ont
ainsi représenté 20 % du PIB de la Jordanie (quelque 3
milliards de dollars) et 23 % de celui du Liban (5,8
milliards de dollars), selon des statistiques de la
Banque mondiale. La totalité de ces transferts ne
provenait certes pas du Golfe, mais ces trois pays ont
de larges communautés dans la région, qui risquent de
souffrir du ralentissement économique prévu dans les
monarchies du Golfe.
Les gouvernements et le secteur privé de celles-ci
devraient procéder à une réduction des
méga-projets qui reposaient
sur des prévisions optimistes selon lesquelles les cours
du brut ne tomberaient pas sous les 100 dollars le
baril. Il ne devrait cependant pas y avoir de risque de
licenciements massifs de travailleurs étrangers, et donc
d’une baisse drastique des transferts financiers vers
leurs pays. Les pays du Golfe ont toujours établi leurs
budgets sur la base d’un baril à environ 50 dollars,
leur activité économique ne devant pas souffrir si le
cours du pétrole reste autour de 60 dollars.
Ce
qui est
le cas
aujourd’hui.