Education.
Les élèves de 4e primaire et de 1re préparatoire des écoles
francophones souffrent, dès le début de l’année scolaire, du
retard mis à leur livrer les manuels scolaires. De quoi
ajouter aux difficultés dont ils souffrent.
Un maalech source de problèmes
4e primaire et 1re préparatoire, deux années charnières en
matière d’enseignement. Et voilà que dans toutes les écoles
la tension s’exacerbe. La remise des différents manuels dans
la plupart des matières a subi un long retard. Comme
d’habitude le ministère suit un certain ordre dans la
distribution de ces ouvrages. Tout d’abord les écoles
gouvernementales, puis celles expérimentales, ensuite les
établissements anglophones. Les écoles francophones sont,
elles, en bas de liste. Elles n’ont pas reçu les livres de
sciences pour ces deux classes que le 30 octobre. Ceux de
maths n’étaient pas encore arrivés jusqu’à la publication de
cet article. C’est-à-dire 40 jours après le début de l’année
scolaire, les élèves travaillent donc sans livres et selon
l’effort personnel de chaque professeur. Quelques
professeurs ont cherché les programmes en arabe et se sont
mis à les traduire afin de pouvoir travailler, surtout que
le premier semestre est très court et ils sont obligés
d’organiser un nombre précis d’examens et d’exercices notés.
« Même quand on a voulu faire un effort, on a affronté des
problèmes car il existe des mots et des termes que chacun
peut traduire à sa façon. Et chez nous à l’école, où il y a
4 classes pour chaque année, j’ai remarqué que chaque
professeur a traduit d’une façon différente. C’est vrai que
cela donne finalement le même sens, mais les parents ont
trouvé que c’est injuste, car il y en a qui ont utilisé des
expressions faciles et d’autres non », regrette Magdi
Boutros, inspecteur de sciences au Collège de la Salle
Al-Daher et chef du cycle préparatoire.
La situation se complique davantage puisque le ministère de
l’Education a imposé aussi de nouveaux programmes pour ces
deux années. Pourquoi alors les responsables n’ont-ils pas
travaillé un peu plus tôt pour préparer les nouveaux manuels
? On dirait qu’ils ont été surpris par l’avènement de
l’année scolaire.
« C’est la première fois que la distribution des livres
tarde à ce point », explique Magdi Qozmane, directeur du
Collège de la Salle Al-Daher. Il ajoute que d’habitude la
marge de retard ne dépasse pas une semaine ou 10 jours au
maximum. Mais cette fois-ci, c’est un record. Mais d’après
une inspectrice auprès du ministère de l’Education qui a
requis l’anonymat, la corruption serait à l’origine de cette
crise. On a découvert que les exemplaires des nouveaux
manuels correspondant aux nouveaux programmes ont été donnés
en premier aux propriétaires des imprimeries privées. Ainsi
les parents ont-ils été obligés d’acheter des manuels
privés. C’est le seul moyen de connaître le programme. «
Mais la situation est un peu différente dans les écoles
anglophones qui ont déjà reçu les livres il y a trois
semaines avant leurs homologues francophones », explique Mme
Magda, directrice de l’école Tiba de Madinet Nasr. Mais le
plus comique dans cette affaire est que le ministère envoie
des inspecteurs dans les écoles pour ces deux années, comme
s’il ne savait pas qu’on n’a pas les programmes et qu’on
travaille d’après les efforts personnels des professeurs.
C’est la preuve que chaque département dans ce ministère
travaille à sa guise et pas selon un programme précis, se
plaint Farid Ismaïl, député qui a présenté des plaintes qui
vont être discutées lors de l’inauguration de la session
parlementaire. Mais Ismaïl a relevé un autre problème qui
porte toujours sur la 4e primaire et la 1re préparatoire :
c’est la difficulté des nouveaux programmes. D’après Dalia,
professeure de maths de 4e primaire, il existe un chapitre
de géométrie qui a été retiré du programme de la 1re
préparatoire et ajouté à celui de 4e primaire. « Je ne sais
pas comment ces pauvres enfants de 9 ans peuvent comprendre
de telles études. J’ai vraiment pitié de ces élèves car on
doit avancer vite. Le programme est difficile et les élèves
sont petits ». La difficulté et l’ampleur du programme ne
sont pas seulement en sciences et maths, mais dans toutes
les matières de ces deux années.
Le responsable de l’imprimerie, le Dr Hassan Sweilam, lui,
s’est défendu : « Ce n’est pas de notre faute. Dès qu’on
reçoit les programmes et manuels, on les imprime tout de
suite et il ne faudrait pas plus que deux ou trois jours
pour que les élèves reçoivent les livres qui manquent ». Il
a même expliqué que les manuels en langue française ne
prenaient pas du temps, car il s’agit seulement de quelques
3 000 livres, c’est un chiffre très faible par rapport aux
livres anglais qui représentent 480 000 volumes. Alors on
s’est adressé au Dr Yousri Afifi, responsable des
programmes. Celui-ci a, au début, démenti qu’il y ait des
livres en retard, mais en lui affirmant que les livres de
maths ne sont pas encore arrivés, alors il a consulté son
assistante qui lui a dit que ce sont seulement ceux des
maths. Et, lui, de répondre alors : « Maalech, n’élargissez
pas le problème, car cela est dû au changement des
programmes qui doivent être révisés plusieurs fois ». Il a
essayé de minimiser le problème, disant : « On sait très
bien que les professeurs qui travaillent dans les écoles
francophones sont compétents et qu’ils ont déjà traduit les
programmes ».
Si le développement a pour base l’enseignement, chez nous en
Egypte on n’en tient pas compte. Cela prouve que les
dilatations des responsables lors de la conférence du PND,
la semaine dernière, en ce qui concerne le progrès de l’enseigement,
sont tout à fait en dehors de la réalité.
Chérine
Abdel-Azim