Palestine. Les factions
palestiniennes doivent prouver leur détermination à mettre un terme à leurs
querelles intestines et à envisager plus sereinement l’avenir de leurs
territoires. Mission difficile.
Apporter un nouveau souffle
Ballet
diplomatique. C’est ainsi que peuvent être qualifiées les prochaines rencontres
qui auront lieu au Caire, ce mois de novembre, et qui sont censées redonner la
vie aux négociations israélo-palestiniennes d’une part et au dialogue
inter-palestinien d’autre part. Dans l’objectif de promouvoir le processus de
paix, quasiment oublié en raison des élections aux Etats-Unis et en Israël, des
représentants du Quartette pour le Proche-Orient vont se retrouver en Egypte
pour se pencher sur les progrès enregistrés dans le cadre des discussions de
paix israélo-palestiniennes, a rapporté un haut responsable palestinien. Il a
précisé sous couvert d’anonymat que les représentants étaient attendus en
Egypte le 8 novembre. Le Quartette est composé des Etats-Unis, de l’Union
européenne, de la Russie et des Nations-Unies.
La
réunion se tiendra au « plus haut niveau » en présence notamment de la
secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice, a-t-il expliqué. Les
participants seront informés de l’état des discussions de paix par des
négociateurs israéliens et palestiniens.
Condoleezza
Rice a demandé à l’Egypte d’accueillir la réunion avant la fin du mandat
présidentiel de George W. Bush en janvier. Le chef de la Maison Blanche avait
accueilli une conférence sur la paix à Annapolis, dans le Maryland, il y a un
an, exprimant le souhait qu’un accord de paix israélo-palestinien soit conclu
avant fin 2008. Cette perspective semble cependant très improbable.
Bien
avant la veille de la rencontre du Quartette, la secrétaire d’Etat américaine
Condoleezza Rice et le président palestinien Mahmoud Abbass vont se rencontrer
le 7 novembre en Cisjordanie. Mme Rice et M. Abbass feront le point sur les
derniers mois de négociations israélo-palestiniennes. Ces pourparlers ont
produit peu de résultats tangibles. Mais la rencontre la plus importante est
celle du 9 novembre, à laquelle sont invitées les factions palestiniennes pour
discuter le partage du pouvoir au Caire. Y participeront le Fatah de M. Abbass,
le Hamas et des groupes moins importants.
Les
territoires palestiniens sont coupés en deux depuis que le Hamas a pris le
contrôle de la bande de Gaza en juin 2007, ne laissant que la Cisjordanie à
l’Autorité palestinienne.
Plusieurs
tentatives de négociations de partage du pouvoir entre le Fatah et le Hamas ont
échoué depuis que le Mouvement de résistance islamique a remporté les élections
législatives en 2006. Depuis août, l’Egypte mène une série de négociations
bilatérales avec les représentants de 13 factions palestiniennes, notamment le
Fatah et le Hamas dans le cadre de l’organisation de ce dialogue.
Ce
n’est qu’il y a quelques semaines seulement que les factions palestiniennes ont
accepté le plan proposé par l’Egypte pour une réconciliation. Le plan d’accord
en quatre points qui a été examiné par les factions — rivales jusqu’ici — est
salué sous réserve de réajustements et de certaines clarifications. Le Caire
appelle le Hamas et le Fatah à former un gouvernement d’unité nationale,
réformer les services de sécurité et mettre fin aux hostilités qui ont fait suite
au blocus de la bande de Gaza. Le plan égyptien prévoit également la tenue
d’élections présidentielles et législatives censées promouvoir la
réconciliation. Toutefois, les deux frères ennemis demeurent divisés sur un
point important : le Fatah préconise un accord négocié avec Israël pour mettre
fin à l’occupation en Cisjordanie alors que le Hamas opte pour la lutte armée.
Conditions préalables
Toutefois,
les responsables des deux parties se disent déterminés à faire réussir le
dialogue. Le ministre hamassi Mahmoud Al-Zahar a affirmé que le Hamas « fera
tout pour assurer le succès du dialogue », tout en excluant des concessions de
son mouvement sans contrepartie. C’est dans ce cadre que le mouvement islamiste
palestinien du Hamas a posé ses conditions préalables à toute reprise du
dialogue avec l’Autorité palestinienne et le Fatah de Mahmoud Abbass, sous
l’égide de l’Egypte. Le Hamas a transmis au Caire ses conditions, dont le
limogeage de quatre responsables de la sécurité en Cisjordanie. Il s’agit du général
Toufik Tiraoui, chef des services de renseignement généraux ; du général Ziad
Habberrih, directeur de la sécurité préventive ; du général Diad Al-Ali,
commandant de la sûreté nationale ; et du général Majed Faraj, directeur des
renseignements militaires. Pour le Hamas, ces quatre généraux sont responsables
de la répression et des arrestations qui visent les militants islamistes en
Cisjordanie. De plus, le Hamas réclame, avant d’entamer le dialogue, la mise à
l’écart du groupe de Mohamad Dahlane.
En revanche,
le Fatah estime que le dialogue doit déboucher sur la formation d’un
gouvernement de consensus chargé de préparer de nouvelles élections
présidentielle et législatives dans les territoires palestiniens. Le Hamas, qui
domine le Parlement palestinien élu en janvier 2006 pour 4 ans, veut pour sa
part une nouvelle élection présidentielle seulement.
Selon
les analystes, les Palestiniens sont conscients du fait qu’ils ne peuvent plus
laisser traîner leurs divergences, le temps est un facteur qui les presse. Il
est dans l’intérêt des deux côtés de mener à bien le dialogue. Le Fatah pour
sortir de l’impasse juridique et constitutionnelle qui surgira le 8 janvier
avec la fin du mandat du président Abbass et pour empêcher le Hamas d’étendre
davantage son pouvoir. Le Hamas pour casser le blocus qui lui est imposé,
intégrer l’OLP et améliorer les conditions de vie des Palestiniens. Réussiront-ils
? Seuls les jours à venir apporteront une réponse.
Rania Adel