Les effondrements palestiniens :
jusqu’où iront-ils ?
Wahid Abdel-Méguid
La
situation en Palestine est gravement bloquée et il semble que l’unique issue
est de s’engager dans un dialogue national sérieux sous un parrainage arabe. La
réunion extraordinaire des ministres arabes des Affaires étrangères peut
constituer le lancement de ce dialogue. L’effondrement des efforts déployés par
Le Caire en vue de son lancement a coïncidé avec les prémices de l’effondrement
de la trêve entre le Hamas et Israël, à Gaza. En même temps, la petite lueur
d’espoir de parvenir à un accord entre l’autorité de Ramallah et le
gouvernement de Tel-Aviv avant la fin de l’année courante a disparu. Au milieu
de ces trois « effondrements », la situation en Palestine devient de plus en
plus détériorée juste avant la consécration du président américain élu Barack
Obama. Celui-ci, en prenant les clés de la Maison Blanche, recevra également le
lourd héritage que lui a légué l’Administration George Bush. Malgré l’impact
lourd de « ces effondrements » sur les citoyens palestiniens qui luttent sur
leurs territoires à Gaza et en Cisjordanie, ils espèrent encore qu’il sera
question d’une simple « épreuve difficile » qu’ils pourront dépasser comme les
crises précédentes.
Or,
l’attente d’un changement dans la politique américaine peut durer, non
seulement à cause de l’agenda chargé de la nouvelle Administration, mais aussi
parce que chaque « effondrement » suffit, à lui seul, à faire reculer la
position de la cause palestinienne sur la liste des intérêts du groupe de
travail chargé de la politique étrangère au sein de l’Administration Obama.
Les
efforts pacifiques visant à régler le conflit palestino-israélien ont échoué
quand il n’y avait qu’une seule autorité dominant la Cisjordanie et le secteur
de Gaza. Alors comment espérer la réussite de ces efforts dans le contexte de
la division palestinienne qui a séparé le rang palestinien en 2 camps en
conflit ? Aujourd’hui, les discours du Fatah et du Hamas sont remplis
d’expressions qu’ils s’adressent mutuellement et qui n’avaient jamais été
employées que pour attaquer Israël.
Les 2
parties sont aujourd’hui prêtes à exprimer plus de flexibilité envers Israël,
et non pas l’une envers l’autre. Le président Mahmoud Abbass se réunit de temps
en temps avec Olmert pour discuter pendant des heures, mais en vain. En même
temps, il refuse par exemple de se réunir avec Khaled Mechaal, président du
bureau politique du mouvement Hamas. Et quand l’Egypte a effectué des contacts
pour préparer un dialogue interpalestinien, la direction du Fatah refusait de
rencontrer le Hamas. En contrepartie, ce dernier qui détient le pouvoir du fait
accompli à Gaza ne trouve aucun inconvénient à se mettre d’accord sur une trêve
ou une accalmie avec Israël. Et ce, sans trouver une raison assez suffisante
pour calmer le conflit avec le Fatah à Gaza. Sans oublier que les dirigeants et
les membres des 2 parties sont exposés à des pratiques provocantes échangées. Cette
scène ne peut en aucun cas encourager qui que ce soit à tenter de relancer le
processus de paix palestino-israélien, soit à travers Annapolis ou autre axe.
Il est
donc fort probable que l’Administration Obama mette la cause palestinienne de
côté, comme l’avait fait l’Administration Bush en début de l’année 2001. Puis,
elle s’est trouvée obligée au cours de son second mandat de tenir la conférence
d’Annapolis dans une tentative de compenser l’échec américain en Iraq. Or, les
négociations palestino-israéliennes qui ont duré un an sous le parrainage de
Condoleezza Rice n’ont abouti à rien. Donc, il n’y a rien d’encourageant qui
puisse inciter l’Administration d’Obama à travailler sur ce dossier.
Par
conséquent, il semble que si l’Administration Obama trouve le temps et l’effort
nécessaires à travailler sur le dossier du conflit arabo-israélien, elle optera
pour la ligne Damas-Tel-Aviv que la Turquie a rouverte en parrainant des
contacts indirects pendant les derniers mois.
Ceci
ne signifie pas que l’accord de paix syro-israélien est plus facile à réaliser,
mais il est en étroite liaison avec la problématique iranienne qui figure en
tête de liste des priorités de la nouvelle Administration américaine.
Aujourd’hui,
2 théories sont discutées dans les cercles académiques politiques aux
Etats-Unis, à propos de la relation entre les négociations syro-israéliennes et
l’Iran. Selon les partisans de la première théorie, et qui est la plus
répandue, il est possible de convaincre Damas de s’éloigner de Téhéran en
contrepartie de la reconnaissance du rôle de la Syrie et de ses intérêts
régionaux, et de la récupération du Golan occupé. Et ce, dans le cadre d’un
accord historique non seulement avec Israël, mais aussi avec les Etats-Unis.
Quant
à la seconde théorie moins répandue mais aussi importante, elle se base sur le
principe de transformer les contacts indirects entre la Syrie et Israël en
négociations directes en leur attribuant un caractère plus sérieux. Ce qui
constituerait une pression sur Téhéran visant à l’obliger à exprimer plus de
flexibilité dans le contexte de l’existence de la nouvelle Administration
américaine, de peur de se retrouver seul face à l’Occident, dans le cas de la
réussite des négociations avec la Syrie.
Donc,
si la division palestinienne dure encore, il n’y aura aucune chance de
ressusciter le processus de paix.
C’est
ainsi que 2 scénarios sont probables en Palestine pendant les premiers mois du
mandat d’Obama, l’un pire que l’autre. Le premier scénario probable est que la
situation restera comme telle avec une détérioration limitée, c’est-à-dire une
détérioration quantitative et non qualificative.
Quant
au scénario pire après l’échec de l’accalmie, il suppose le déclenchement d’une
guerre inégale où les forces israéliennes envahiraient le secteur de Gaza pour
le détruire complètement, alors que le Hamas et les autres factions dans ce
secteur monopoliseraient tous les moyens et forces possibles et disponibles
pour causer le maximum de pertes dans le camp des forces envahissantes. Dans ce
scénario, le pire sera peut-être de voir la division palestinienne se
concrétiser pratiquement pour la première fois. En effet, jamais une partie des
Palestiniens ne s’est engagée dans un conflit pareil sans le soutien des autres
factions.
Donc,
dans le cas où le second scénario se réaliserait, la cause palestinienne sera
enterrée à jamais. Or, ceci ne signifie pas que les répercussions du premier
scénario seront moins lourdes, car la fissure qui peut se produire à cause de
la poursuite de la division palestinienne sera irréparable.