RD Congo.
Joseph Kabila a effectué cette semaine une tournée en quête
d’un appui régional avant la tenue d’un sommet des
dirigeants de la CEEAC sur la crise à l’est du pays.
En quête de soutien
En
multipliant les initiatives diplomatiques, le président
congolais Joseph Kabila intensifie ses efforts pour trouver
une issue à la guerre dans l’est de la République
Démocratique du Congo (RDC). Sollicitant la médiation de
l’Afrique centrale dans le conflit en RDC, Joseph Kabila
s’est rendu en début de semaine au Congo Brazzaville et en
Angola, où il s’est entretenu avec ses homologues Denis
Sassou Nguesso et Edouardo Dos Santos. Son but était de
préparer un sommet extraordinaire des dirigeants de la
Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC),
consacré au conflit à l’est de la RDC, qui doit se tenir la
semaine prochaine à Kinshasa. Il espère obtenir un appui de
la CEEAC, pour résoudre le conflit dans son pays. Créée en
1983, cette organisation sous-régionale, qui comprend dix
Etats de l’Afrique centrale à l’exception du Rwanda, se
donne entre autres missions de développer des capacités de
maintien de la paix et de prévention des conflits en Afrique
centrale. A Brazzaville, M. Kabila a expliqué qu’« une
éventuelle demande d’appui militaire sera dans le cadre de
nos organisations : CEAAC, SADC et même la Conférence
(internationale sur la région) des Grands Lacs ». Il s’est
également dit déterminé à poursuivre le dialogue « jusqu’à
la résolution » du conflit.
Cependant, alors que les initiatives diplomatiques se
poursuivent et s’intensifient, la situation sur le terrain
reste très tendue, et le pessimisme est de mise, comme
l’estime le Dr Ibrahim Nasreddine, analyste politique au
Centre des études africaines au Caire. « Même si des accords
de paix sont signés, il reste toujours difficile de les
appliquer. La rébellion dans ce pays est forte et les
autorités congolaises doivent négocier directement avec les
rebelles. C’est la seule solution pour mettre fin au conflit
», estime le politologue. Et de préciser : « Le pouvoir doit
être prêt à faire des concessions et doit répondre à
certaines revendications des rebelles, comme, par exemple,
la participation au gouvernement ». Un avis partagé par
plusieurs analystes. Le Dr Ahmad Abdallah, analyste au même
centre, ajoute en outre que l’un des sujets à polémique est
l’intervention africaine ou internationale, rejetée par la
rébellion.
Or, cette question reste des plus épineuses au moment où la
communauté internationale veut intervenir pour éviter le
pire. A cela s’ajoute le rôle des voisins dans ce conflit.
En effet, allié fidèle de la RDC, l’Angola était intervenue
militairement pour soutenir le gouvernement de Kinshasa
pendant la guerre régionale de 1998-2003 dans l’ex-Zaïre,
contre une coalition rebelle soutenue notamment par Kigali.
Des spéculations ont fait état ces dernières semaines de la
présence de soldats angolais aux côtés de l’armée régulière
congolaise dans les zones de combat. Cependant, Luanda,
Kinshasa ainsi que l’Onu ont déjà démenti formellement ces
allégations, qui font planer la menace d’une régionalisation
de la crise avec une possible intervention de l’armée
rwandaise en appui aux rebelles. En effet, une intervention
de l’Angola aux côtés du régime et du Rwanda aux côtés de la
rébellion est fort dangereuse dans l’état actuel des choses.
D’autre part, la Communauté de développement d’Afrique
australe (SADC), une autre organisation régionale dont font
partie la RDC et l’Angola, s’était dit prête, il y a
quelques semaines, à envoyer « si nécessaire » des troupes
de maintien de la paix, sans préciser si ces soldats
interviendraient sous mandat onusien. Alors que le Conseil
de sécurité de l’Onu a de son côté décidé jeudi dernier
d’envoyer 3 000 Casques bleus supplémentaires pour renforcer
la mission onusienne (Monuc). Cette augmentation temporaire
de personnel est prévue jusqu’au 31 décembre mais est
renouvelable en même temps que le mandat de la Monuc, qui
expire à cette date.
Une décision applaudie par le gouvernement mais critiquée
par la rébellion. La rébellion du Congrès National pour la
Défense du Peuple (CNDP) a mis en garde contre une «
surmilitarisation » de la région, souhaitant que l’Onu fasse
« plutôt en sorte que les belligérants négocient le plus
vite possible ». « Nous n’accepterons pas qu’il y ait des
gens pour nous sécuriser ici. Nous devons nous unir et
travailler pour notre propre sécurité », a ainsi affirmé le
chef rebelle Laurent Nkunda. Ce dernier a par ailleurs remis
la semaine dernière à Olusegun Obasanjo, l’envoyé spécial de
l’Onu, une liste de revendications, dont la demande de
négociations directes avec le gouvernement congolais. La
seule option à même de mettre véritablement fin au conflit.
Maha
Salem