Les Européens brisent le blocus

Salama A. Salama

 

La Cour administrative a rendu un verdict obligeant les autorités égyptiennes à permettre aux caravanes de secours organisées par des ONG ou des députés de se rendre aux territoires occupés. Ce verdict implique, en plus de la vision juridique existant dans la Constitution et qui stipule la liberté de déplacement, une condamnation des procédures d’interdiction qui vont à l’encontre de la politique annoncée de l’Egypte, refusant que le peuple palestinien soit affamé.

Ce verdict a été prononcé dans un climat tendu apparu clairement dans les relations entre l’Egypte et le Hamas. Et ce, à cause de l’échec des efforts de conciliation adoptés par l’Egypte. En même temps, le navire qui transportait des députés européens et des activistes soutenant la cause palestinienne quittait Gaza. Ces activistes, dont des députés britanniques, un membre au Conseil des Lords et une ex-ministre au gouvernement de Tony Blair, ont réussi à briser le blocus israélien imposé à Gaza. Ils ont présenté aux habitants de la ville assiégée de grandes quantités de nourriture et de médicaments. Et ont également emmené avec eux un nombre d’étudiants et de malades qui étaient enfermés à l’intérieur de la bande à cause de la fermeture du point de passage de Rafah.

Ce n’est pas la première fois que des activistes européens expriment de façon concrète leur compassion envers la situation inhumaine et illégale imposée à la bande de Gaza. La léthargie et le silence arabes ont de plus en plus renforcé la situation, même après qu’Israël eut interrompu l’approvisionnement en combustibles et électricité. Toutes les pratiques israéliennes sont des violations à la loi internationale et sont considérées comme des crimes de génocide. C’est la troisième fois en trois mois que des députés européens réussissent à briser le blocus, alors que les députés arabes n’ont pas bougé le doigt.

Les médias arabes, à part quelques rares exceptions, ont négligé les tentatives européennes de casser le blocus et ont atténué l’ampleur des pratiques israéliennes. L’objectif était peut-être de couvrir les rencontres et les pourparlers qui étaient effectués avec des responsables israéliens. Et ce en vue de reprendre ce qui était appelé les promesses d’Annapolis et les illusions d’Olmert qui lui sont tombées sur la tête après sa démission.

Dans des circonstances pareilles, il n’était pas bizarre de voir échouer le dialogue palestinien dans lequel le Hamas s’est retrouvé engagé sous la pression de nombreuses parties, dont les objectifs sont, de façon directe ou indirecte, communs. Ces parties sont Israël, l’Autorité palestinienne, les Etats-Unis et l’Egypte. Même si nous supposons que ce dialogue aurait pu créer un climat positif permettant de dépasser les différends palestiniens, son objectif essentiel est d’obliger le Hamas à renoncer à son pouvoir à Gaza. Et par conséquent, à entrer dans l’axe des négociations auquel s’est engagé Abou-Mazen pour garantir le renouvellement de son mandat et anéantir totalement la résistance pour qu’elle n’ait plus en main ni missile ni fusil.

Le problème ne réside donc pas dans le fait que le Hamas suit un agenda régional (l’Iran), mais dans le fait que les autres parties suivent un agenda américain régional qui jusqu’à aujourd’hui a prouvé son inutilité.